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La hausse de la croissance dans la zone cemac s’est poursuivie en 2019


Rédigé le 15 Janvier 2021 à 12:03 | 0 commentaire(s) modifié le 16 Janvier 2021 - 17:26


(Equonet-Dakar) – Ilyes Zouari, président du Centre d'étude et de réflexion sur le monde francophone (Cermf), spécialiste du monde francophone, conférencier, maintient les données confirmant une hausse de la croissance en en Afrique centrale


«Grâce, notamment, à l'assouplissement progressif des mesures d'austérité budgétaire dans les pays pétroliers de la zone CEMAC, faisant lui-même suite à la remontée des cours du pétrole observée fin 2017, la croissance globale en Afrique centrale francophone a poursuivi sa hausse pour s'établir à 2,7 % en 2019, contre 2,3 % un an plus tôt (et 0,7 % en 2017). Au Cameroun, qui dispose de l'économie la plus diversifiée de la région, la croissance s'est maintenue à environ 4 % (4,0 %, et 4,1 % en 2018). Avec une hausse annuelle du PIB qui devrait continuer à être au moins deux fois supérieure à celle du Nigeria voisin, le Cameroun devrait lui aussi, prochainement, dépasser ce pays en termes de richesse par habitant, comme la Côte d'Ivoire et le Sénégal (le PIB par habitant du pays étant de 1 534 dollars début 2019). Pour sa part, la République démocratique du Congo (RDC), située en dehors de la zone CEMAC (et donc du franc CFA), est parvenue à atteindre une croissance de 4,3 % (contre 5,8 % un an plus tôt), ce qui reste toutefois assez décevant pour un pays qui demeure un des plus pauvres du continent (562 dollars par habitant, début 2019).

 

«En zone CEMAC, la variation du PIB est passée de 1,2 % en 2018 à 2,1 % en 2019, Guinée équatoriale incluse (ou de 2,6 % à 3,3 %, hors Guinée équatoriale). Ce pays constitue, en effet, un cas très particulier qu'il convient systématiquement de rappeler, car de nature à fausser l'interprétation des statistiques régionales. Peuplé d'environ un million d'habitants, seulement, ce pays partiellement francophone et ancienne colonie espagnole était subitement devenu l'un des principaux producteurs africains de pétrole à la fin des années 1990, avant de voir rapidement sa production commencer à décliner, au début des années 2010. N'étant pas encore parvenu à diversifier suffisamment son économie, il vient donc d'enregistrer sa cinquième année consécutive de croissance négative en huit ans (-4,3 % en 2019, et une moyenne annuelle fortement négative de -6,6 % sur les cinq dernières années).

 

«Au Gabon, la croissance est passée de 0,8 % en 2018 à 2,9 % en 2019, et devrait de nouveau dépasser la barre des 3,0 % pour les trois prochaines années. Ce qui constitue une performance assez remarquable (mais toutefois insuffisante) pour un pays avant l'un des PIB par habitant les plus élevés du contient (7 952 dollars, devant l'Afrique du Sud, dont la croissance stagne pourtant autour de 1 % chaque année). Ceci s'explique notamment par les efforts réalisés en matière de diversification (Plan stratégique Gabon émergent - PSGE), qui lui permettent d'afficher une croissance hors hydrocarbures supérieure à celle des deux grands et proches pays pétroliers que sont le Nigeria et l'Angola. Sur la période triennale 2016-2018, et selon le FMI (dans son rapport « Perspectives économiques régionales », publié en octobre 2018), la croissance hors hydrocarbures aurait ainsi atteint une moyenne annuelle de 2,4 % au Gabon, contre seulement 0,6 % au Nigeria et 1,3 % en Angola. Sur la même période, la variation totale du PIB s'était établie à 1,1 % pour le Gabon, en moyenne annuelle, contre 0,4 % au Nigéria et -1,3 % en Angola.

 

«Si le Gabon et le Cameroun s'emploient à reformer et à diversifier leur économie (et dans une moindre mesure le Tchad, dont la croissance est passée de 2,6 % à 3,0 %, et devrait remonter au-dessus des 5 % en 2020), force est de constater que pareils efforts n'ont pas encore été réellement entrepris au Congo voisin, qui a enregistré une évolution de son PIB de seulement 2,2 % (contre 1,6 % en 2018), et dont la croissance devrait demeurer assez faible d'ici 2022, au moins. Autre indicateur allant dans ce sens, ce pays, et en dépit de ses nombreux atouts, continue à occuper l'une des dernières places du classement Doing Business, en arrivant 180e sur un total de 190 pays étudiés (et se classant donc, à peu près, au même niveau que l'Angola, 177e et autre pays pétrolier, ou encore que la RDC, 183e). Néanmoins, et si d'importants efforts restent donc à accomplir, il convient toutefois de saluer les grands efforts réalisés par le pays afin de réduire considérablement une dette publique qui s'établissait à 119 % du PIB début 2017, et qui faisait du Congo le 5e pays le plus endetté du continent (et le premier pays francophone). Grâce, entre autres, à ces efforts, et notamment suite à une ambitieuse politique d'assainissement des finances publiques, le Congo a ainsi vu sa dette baisser spectaculairement à 78 % du PIB début 2020 (soit un niveau inférieur à celui de plusieurs pays d'Europe de l'Ouest), ce qui le classe désormais à la dixième place des pays les plus endettés du continent. Une évolution positive, et qui devrait aider et « encourager » à instaurer un environnement plus favorable à une croissance économique plus forte. Enfin, et toujours en matière d'endettement, il est utile de rappeler que l'Afrique francophone est globalement la partie la moins endettée du continent. Ainsi, et à titre d'exemple, seuls deux pays francophones font partie des dix pays les plus endettés du continent (nombre assez stable depuis plusieurs années). Début 2020, il s'agit de la Mauritanie (9e) et du Congo (ou République du Congo, 10e).»

 

 

Ilyes Zouari



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