Selon les données disponibles auprès de la Banque mondiale à la date du 10 septembre dernier, l’Afrique subsaharienne francophone a réalisé en 2023 les meilleures performances d’Afrique subsaharienne en matière de croissance pour la dixième année consécutive et la onzième fois en douze ans. Cet ensemble de 22 pays a ainsi enregistré une croissance globale de 4,8 %, tandis que le reste de l’Afrique subsaharienne a enregistré un taux de seulement 2,3 %. Dans le même temps, et à partir des dernières estimations du FMI, l’Afrique subsaharienne francophone a continué, comme depuis plusieurs décennies, d’afficher le niveau d’inflation le plus faible, avec un taux de seulement 7,2 %, compte tenu du contexte international, contre 31,2 % pour l’Afrique subsaharienne non francophone. Enfin, et toujours selon les données du FMI, l’Afrique subsaharienne francophone continue à maîtriser son niveau d’endettement, avec une dette publique s’établissant à 51,3 % du PIB en 2023, soit un écart en hausse à 15,8 points de pourcentage avec le reste de l’Afrique subsaharienne (67,1 %).
Une croissance globale de 4,8 % en 2023, portée par de nombreux pays dynamiques
La croissance économique en Afrique subsaharienne francophone a donc connu une légère baisse par rapport à 2022, lorsqu’elle s’était établie à 5,2 %. De son côté, l’Afrique subsaharienne non francophone a observé une importante baisse du rythme de croissance, qui était de 3,2 % en 2022.
En zone CFA, qui regroupe 13 des 22 pays francophones (dont la Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole et partiellement francophone), ainsi que la Guinée Bissau (lusophone et ancienne colonie portugaise), et qui rassemble 55 % de la population de l’Afrique francophone subsaharienne (et 44 % de celle de l’Afrique francophone), la croissance est passée de 4,6 % en 2022 à 4,1 % en 2023. Au sein de cette zone, et bien qu’affecté par les cours encore relativement élevés des hydrocarbures et de certaines denrées alimentaires importées, l’espace UEMOA a continué à se distinguer avec une évolution globale de 5,2 %, confirmant ainsi son statut de plus vaste zone de forte croissance du continent (avec désormais le reste de l’Afrique de l’Ouest francophone), alors même qu’il n’en est pas la partie la plus pauvre (l’Afrique de l’Est étant la partie la moins développée du continent). Pour sa part, l’espace CEMAC, qui compte notamment trois importants producteurs d’hydrocarbures, a de nouveau fait baisser la moyenne globale de la zone CFA, avec un taux de croissance de 2,2 % (contre 3,1 % en 2022).
Quant à la croissance observée en Afrique subsaharienne hors zone CFA, celle-ci s’est élevée 2,5 %. Un taux tiré vers le haut par les pays francophones en faisant partie, et dont la croissance globale a été de 6,7 %. L’Afrique de l’Est francophone, qui se situe justement en dehors de la zone CFA, a enregistré une progression globale de son PIB de 5,2 %.
Par ailleurs, sept des dix plus fortes croissances réalisées en 2023 l’ont été par des pays francophones, de la RDC (8,6 % et première) au Bénin (6,4 %, huitième). Le premier pays non francophone, l’Éthiopie, arrive en sixième position (6,5 %). Il convient là de noter que ce classement n’intègre pas le cas très particulier du Rwanda, qui ne peut plus être pris en compte étant donné que les performances officielles (8,2 % de croissance) sont largement faussées par le pillage massif des richesses de la RDC voisine, qui représentent désormais plus de 40 % des exportations rwandaises (et accompagné de massacres de populations civiles). Un cas unique au monde, permis par une féroce protection diplomatique des États-Unis… et par le silence de la quasi-totalité des pays africains.
Les quatre premières économies de l’Afrique subsaharienne francophone ont continué à enregistrer une croissance économique assez vigoureuse. La Côte d’Ivoire, la RDC, le Cameroun et le Sénégal, ont ainsi affiché, respectivement, un taux de 6,5 %, 8,6 %, 4,0 % et 3,7 %. De leur côté, les quatre premières économies d’Afrique subsaharienne non francophone, à savoir l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Éthiopie et le Kenya, ont réalisé des performances contrastées (respectivement 0,6 %, 2,9 %, 6,5 % et 5,4 %).
Sur la décennie 2014-2023, la croissance annuelle de l’Afrique subsaharienne francophone s’est donc établie à 3,9 % (et même à 4,3 % hors cas particulier de la Guinée équatoriale), contre 2,0 % pour l’Afrique subsaharienne non francophone. Ce taux a été de 3,7 % pour la zone CFA (4,2 % hors Guinée équatoriale), et de 2,2 % pour l’Afrique subsaharienne hors zone CFA (dont la partie francophone a connu une croissance annuelle de 4,5%). Huit des dix plus fortes croissances réalisées sur cette décennie l’ont été par des pays francophones, de la Côte d’Ivoire (6,3 % et deuxième) au Togo (4,9 %, dixième). Les pays non francophones étant l’Éthiopie (première, avec un taux de 7,8 %) et la Tanzanie (5,4 %, septième). La bonne performance de l’Éthiopie s’explique en bonne partie par le fait qu’elle était encore le deuxième pays le plus pauvre du monde en 2012, ce qui permettait d’atteindre facilement des taux de croissance très élevés.
Les quatre premières économies francophones, la Côte d’Ivoire, la RDC, le Cameroun et le Sénégal, ont respectivement enregistré une croissance annuelle de 6,3 %, 5,8 %, 3,8 % et 5,2 %. Pour leur part, l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Éthiopie et le Kenya, ont respectivement connu une progression annuelle de 0,7 %, 2,0 %, 7,8 % et 4,6 %. Pour rappel, l’Angola faisait partie de ces quatre premières économies, avant d’être dépassée par le Kenya et l’Éthiopie en 2016. En effet, ce grand pays pétrolier et important producteur de diamants a enregistré une croissance annuelle nulle sur cette la décennie écoulée (0,01 % !).
Le Nigeria et l’Afrique du Sud, gros producteurs de matières premières, continuent de souffrir de graves problèmes structurels, aggravés par un niveau élevé de corruption, de détournements de fonds et de criminalité. Leur manque de dynamisme semble durablement installé selon les prévisions de la Banque mondiale, qui continue de tabler sur de faibles croissances au cours des quelques prochaines années, au moins. Ces deux pays se sont même appauvris au cours de la dernière décennie, ayant affiché des taux de croissance régulièrement inférieurs à leur croissance démographique (2,0 % contre 2,5 % en moyenne annuelle pour le Nigéria, et 0,7 % contre 1,2 % pour l’Afrique du Sud). Cette mauvaise santé économique s’est donc naturellement répercutée sur la valeur de leur monnaie, qui a connu une très forte dépréciation face au dollar au cours des dix dernières années, avec une baisse de 83 % et 43 %, respectivement.
Bien que le Nigeria soit le premier producteur africain de pétrole depuis plusieurs décennies, le pays a souffert d’une importante baisse de sa production en la matière, alors même qu’il n’est toujours pas parvenu à diversifier son économie, dont les exportations reposent encore à environ 90 % sur les hydrocarbures. Aujourd’hui, et malgré de colossaux revenus pétroliers accumulés depuis son indépendance, le Nigeria affiche le troisième plus faible niveau d’espérance de vie au monde (estimée à 53,6 ans en 2022, selon les dernières données de la Banque mondiale), et également le troisième taux le plus élevé au monde en matière de mortalité infantile. Enfin, il est également à noter que le pays demeure également très en retard en matière d’électrification, avec un taux d’accès à l’électricité de seulement 60,5 % de la population fin 2022 (toujours selon la Banque mondiale).
Des difficultés en matière d’électrification que l’on rencontre également dans une certaine mesure en Afrique du Sud, dont l’économie est fragilisée, entre autres, par d’importants délestages dépassant parfois les 10 heures par jour dans les grandes villes du pays, qui affiche un taux d’accès à l’électricité de 86,5 % (contre par exemple, 100 % au Maghreb, et avec quasi-absence de délestages). Quant à l’Éthiopie, le pays semble s’être remis de la terrible guerre civile ayant provoqué la mort d’environ 600 000 personnes en seulement deux ans, entre novembre 2020 et novembre 2022.
Enfin, le Kenya a réussi à surmonter une partie des ses graves difficultés économiques post-covid, qui s’étaient notamment traduites par un effondrement des réserves de change, d’importantes coupes budgétaires et l’incapacité provisoire de payer un certain nombre de fonctionnaires. Toutefois, les tensions sociales demeurent vives, avec notamment de violentes manifestations cet été, ayant entrainé la mort de plusieurs dizaines de personnes.
Lire plus : www.cermf.org/lafrique- subsaharienne-francophone- moteur-de-la-croissance- africaine-pour-la-dixieme- annee-consecutive-en-2023
Une croissance globale de 4,8 % en 2023, portée par de nombreux pays dynamiques
La croissance économique en Afrique subsaharienne francophone a donc connu une légère baisse par rapport à 2022, lorsqu’elle s’était établie à 5,2 %. De son côté, l’Afrique subsaharienne non francophone a observé une importante baisse du rythme de croissance, qui était de 3,2 % en 2022.
En zone CFA, qui regroupe 13 des 22 pays francophones (dont la Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole et partiellement francophone), ainsi que la Guinée Bissau (lusophone et ancienne colonie portugaise), et qui rassemble 55 % de la population de l’Afrique francophone subsaharienne (et 44 % de celle de l’Afrique francophone), la croissance est passée de 4,6 % en 2022 à 4,1 % en 2023. Au sein de cette zone, et bien qu’affecté par les cours encore relativement élevés des hydrocarbures et de certaines denrées alimentaires importées, l’espace UEMOA a continué à se distinguer avec une évolution globale de 5,2 %, confirmant ainsi son statut de plus vaste zone de forte croissance du continent (avec désormais le reste de l’Afrique de l’Ouest francophone), alors même qu’il n’en est pas la partie la plus pauvre (l’Afrique de l’Est étant la partie la moins développée du continent). Pour sa part, l’espace CEMAC, qui compte notamment trois importants producteurs d’hydrocarbures, a de nouveau fait baisser la moyenne globale de la zone CFA, avec un taux de croissance de 2,2 % (contre 3,1 % en 2022).
Quant à la croissance observée en Afrique subsaharienne hors zone CFA, celle-ci s’est élevée 2,5 %. Un taux tiré vers le haut par les pays francophones en faisant partie, et dont la croissance globale a été de 6,7 %. L’Afrique de l’Est francophone, qui se situe justement en dehors de la zone CFA, a enregistré une progression globale de son PIB de 5,2 %.
Par ailleurs, sept des dix plus fortes croissances réalisées en 2023 l’ont été par des pays francophones, de la RDC (8,6 % et première) au Bénin (6,4 %, huitième). Le premier pays non francophone, l’Éthiopie, arrive en sixième position (6,5 %). Il convient là de noter que ce classement n’intègre pas le cas très particulier du Rwanda, qui ne peut plus être pris en compte étant donné que les performances officielles (8,2 % de croissance) sont largement faussées par le pillage massif des richesses de la RDC voisine, qui représentent désormais plus de 40 % des exportations rwandaises (et accompagné de massacres de populations civiles). Un cas unique au monde, permis par une féroce protection diplomatique des États-Unis… et par le silence de la quasi-totalité des pays africains.
Les quatre premières économies de l’Afrique subsaharienne francophone ont continué à enregistrer une croissance économique assez vigoureuse. La Côte d’Ivoire, la RDC, le Cameroun et le Sénégal, ont ainsi affiché, respectivement, un taux de 6,5 %, 8,6 %, 4,0 % et 3,7 %. De leur côté, les quatre premières économies d’Afrique subsaharienne non francophone, à savoir l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Éthiopie et le Kenya, ont réalisé des performances contrastées (respectivement 0,6 %, 2,9 %, 6,5 % et 5,4 %).
Sur la décennie 2014-2023, la croissance annuelle de l’Afrique subsaharienne francophone s’est donc établie à 3,9 % (et même à 4,3 % hors cas particulier de la Guinée équatoriale), contre 2,0 % pour l’Afrique subsaharienne non francophone. Ce taux a été de 3,7 % pour la zone CFA (4,2 % hors Guinée équatoriale), et de 2,2 % pour l’Afrique subsaharienne hors zone CFA (dont la partie francophone a connu une croissance annuelle de 4,5%). Huit des dix plus fortes croissances réalisées sur cette décennie l’ont été par des pays francophones, de la Côte d’Ivoire (6,3 % et deuxième) au Togo (4,9 %, dixième). Les pays non francophones étant l’Éthiopie (première, avec un taux de 7,8 %) et la Tanzanie (5,4 %, septième). La bonne performance de l’Éthiopie s’explique en bonne partie par le fait qu’elle était encore le deuxième pays le plus pauvre du monde en 2012, ce qui permettait d’atteindre facilement des taux de croissance très élevés.
Les quatre premières économies francophones, la Côte d’Ivoire, la RDC, le Cameroun et le Sénégal, ont respectivement enregistré une croissance annuelle de 6,3 %, 5,8 %, 3,8 % et 5,2 %. Pour leur part, l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Éthiopie et le Kenya, ont respectivement connu une progression annuelle de 0,7 %, 2,0 %, 7,8 % et 4,6 %. Pour rappel, l’Angola faisait partie de ces quatre premières économies, avant d’être dépassée par le Kenya et l’Éthiopie en 2016. En effet, ce grand pays pétrolier et important producteur de diamants a enregistré une croissance annuelle nulle sur cette la décennie écoulée (0,01 % !).
Le Nigeria et l’Afrique du Sud, gros producteurs de matières premières, continuent de souffrir de graves problèmes structurels, aggravés par un niveau élevé de corruption, de détournements de fonds et de criminalité. Leur manque de dynamisme semble durablement installé selon les prévisions de la Banque mondiale, qui continue de tabler sur de faibles croissances au cours des quelques prochaines années, au moins. Ces deux pays se sont même appauvris au cours de la dernière décennie, ayant affiché des taux de croissance régulièrement inférieurs à leur croissance démographique (2,0 % contre 2,5 % en moyenne annuelle pour le Nigéria, et 0,7 % contre 1,2 % pour l’Afrique du Sud). Cette mauvaise santé économique s’est donc naturellement répercutée sur la valeur de leur monnaie, qui a connu une très forte dépréciation face au dollar au cours des dix dernières années, avec une baisse de 83 % et 43 %, respectivement.
Bien que le Nigeria soit le premier producteur africain de pétrole depuis plusieurs décennies, le pays a souffert d’une importante baisse de sa production en la matière, alors même qu’il n’est toujours pas parvenu à diversifier son économie, dont les exportations reposent encore à environ 90 % sur les hydrocarbures. Aujourd’hui, et malgré de colossaux revenus pétroliers accumulés depuis son indépendance, le Nigeria affiche le troisième plus faible niveau d’espérance de vie au monde (estimée à 53,6 ans en 2022, selon les dernières données de la Banque mondiale), et également le troisième taux le plus élevé au monde en matière de mortalité infantile. Enfin, il est également à noter que le pays demeure également très en retard en matière d’électrification, avec un taux d’accès à l’électricité de seulement 60,5 % de la population fin 2022 (toujours selon la Banque mondiale).
Des difficultés en matière d’électrification que l’on rencontre également dans une certaine mesure en Afrique du Sud, dont l’économie est fragilisée, entre autres, par d’importants délestages dépassant parfois les 10 heures par jour dans les grandes villes du pays, qui affiche un taux d’accès à l’électricité de 86,5 % (contre par exemple, 100 % au Maghreb, et avec quasi-absence de délestages). Quant à l’Éthiopie, le pays semble s’être remis de la terrible guerre civile ayant provoqué la mort d’environ 600 000 personnes en seulement deux ans, entre novembre 2020 et novembre 2022.
Enfin, le Kenya a réussi à surmonter une partie des ses graves difficultés économiques post-covid, qui s’étaient notamment traduites par un effondrement des réserves de change, d’importantes coupes budgétaires et l’incapacité provisoire de payer un certain nombre de fonctionnaires. Toutefois, les tensions sociales demeurent vives, avec notamment de violentes manifestations cet été, ayant entrainé la mort de plusieurs dizaines de personnes.
Lire plus : www.cermf.org/lafrique-