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société des mines de fer du sénégal oriental : zéro gramme de fer extrait après 46 ans d'existence


Rédigé le 13 Mai 2024 à 14:19 | 0 commentaire(s) modifié le 17 Mai 2024 - 17:17

Massamba Ndakhté Gaye
Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations... En savoir plus sur cet auteur

(Equonet Energies-Dakar) - Depuis sa création en 1975, la MIFERSO n'a extrait aucun gramme de fer des importantes réserves estimées à 750 millions de tonnes dont 650 millions de tonnes prouvées.


C'est difficile à croire, mais la situation de la Société des mines de fer du Sénégal oriental (Miferso) est critique, alarmante. Selon la chambre des Entreprises publiques (Cep) de la cour de Comptes, la société d'Etat est restée 46 ans sans extraire aucun gramme de fer des importantes réserves estimées à 750 millions de tonnes dont 650 millions de tonnes prouvées. 

"Certes, des investisseurs étrangers se sont intéressés à l’exploitation mais aucun projet n’a abouti jusqu’à présent en raison de la résiliation du contrat par l’Etat ou de l’abandon du projet par l’investisseur", souligne l'institution dans son rapport définitif de contrôle des exercices 2014-2018 adopté en avril en 2021.  

Mais comment la Miferso en est arrivée à cette situation catastrophique ? La réponse de la cour des Comptes est incertaine. "Il semble que le plus gros souci des partenaires demeure non pas l’extraction du fer mais plutôt son transport, sa transformation et son exportation", a-t-elle expliqué.

Elle note cependant que seule la piste de l’exploitation par des privés est mise en branle même si l’Etat doit réaliser certains investissements lourds. 

Faisant dans le parallélisme, elle signale aussi que la Mauritanie voisine, qui a créé sa société d’exploitation durant les années 1960, la Miferma devenue la Snim, la société nationale industrielle et minière, est depuis des décennies productrice de fer.

"La Snim exploite une ligne de chemins de fer longue de 704 km reliant les mines de fer de Zouerate au port minéralier de Nouadhibou. Cette société est le deuxième employeur du pays et contribue à hauteur de 30 pour cent au budget national", a-t-elle fait savoir. 

Et la cour des Comptes de s'interroger sur les stratégies privilégiées jusqu’à présent à savoir trouver un partenaire privé capable d’exploiter le fer.

Elle s’interroge également sur le devenir de la Miferso dans ce contexte où l’Etat du Sénégal, au travers de la loi 2020-31 du 06 novembre 2020, vient de créer une société nationale dénommée société des Mines du Sénégal (Somisen S.A) dont les missions sont notamment :
- la gestion de la participation de l’Etat dans les opérations minières ;
- la commercialisation des produits miniers revenant à l’Etat ;
- la détention, seule ou en association, des titres miniers ..etc. 
 

Créer en 1975, la Miferso a eu pour mission, principalement, d’intéresser les investisseurs à exploiter le fer de la Falémé et plus récemment celui de Ololdou.

197 078 005 FCFA dépensés inutilement en frais de déplacements à l’étranger 

S'appuyant sur le grand livre Miferso d'où elle tire se source d'information, la cour des Comptes souligne dans rapport définitif que 197 078 005 FCFA ont été dépensés inutilement par Miferso en frais de déplacements à l’étranger entre 2015 et 2018 pour promouvoir le développement du fer.

"Entre 2014 et 2018, la Miferso a mené beaucoup d’activités de promotion sur les minerais de fer et sur la relance du projet de la Falémé. Cependant, malgré diverses actions pour promouvoir le développement du fer, la Cour a noté que la phase de promotion est très longue et inefficace à cause du retard dans la recherche de partenaires fiables pour exploiter et valoriser le gisement de fer de la Falémé", souligne le rapport.

"L’activité de promotion a amené Miferso à supporter des charges relativement élevées et infructueuses en termes de déplacements à l’étranger pendant la période sous revue.

Dans sa réponse à la cour des Comptes, le directeur général de Miferso précise que la promotion de l’exploitation du fer reste contrariée par la lourdeur des investissements (estimés environ à deux milliards US) pour développer les infrastructures ferroviaires et portuaires ainsi que les fluctuations à la baisse du prix du minerai de fer sur le marché mondial entre 2014 et 2020. 

Dans ses recommandations, la Cour demande au directeur général de la Miferso d’optimiser l’utilisation des ressources dans la recherche de partenariat.

La déception du projet intégré d’exploitation du fer de la Falémé

C'est un constat de la cour des Comptes. "Le protocole d’accord de deux ans que l'Etat sénégalais avait été signé en 2016 avec le Consortium Sudafricain Ntonga group holdings, Transnet bakgatla renaissance group pour concrétiser le projet intégré de la Falémé n’a pas abouti", a-t-elle fait remarquer dans son rapport définitif de contrôle des exercices 2014-2018 adopté en avril en 2021.  

Finalement, le Sénégal a signé un nouveau protocole d’accord avec le groupe turc Tosyali en 2018 en vue de la réalisation d’un complexe minier et sidérurgique.

Mais, selon la cour des Comptes, le projet n’est pas encore mis en marche aujourd'hui, alors que dans le plan Sénégal émergent (Pse), il est considéré comme l’un des piliers de la croissance pour l’économie sénégalaise. 

En effet, dans le cadre la mise en place du Pse en 2014, l’Etat avait envisagé de s’appuyer sur le développement du secteur minier, en partie, pour atteindre l’émergence à l’horizon 2035.

Pour ce faire, le Sénégal compte entre autres relancer l’exploitation du fer de la Falémé avec la mise en place d’un port minéralier à Bargny et d’un chemin de fer. Sous ce rapport, il est fixé comme objectif de démarrer la production du fer à partir de 2020 avec une prévision de 15 à 20 millions de tonnes de minerai de fer produites par année.

Conformément au planning retenu du Pse, un protocole d’accord de deux ans avait été signé en 2016 entre l’Etat et le Consortium Sudafricain Ntonga Group Holdings, Transnet Bakgatla Renaissance Group pour concrétiser le projet intégré de la Falémé. 

Malheureusement, ces objectifs nationaux ne sont pas atteints. D'où cette recommandation de la Cour qui demande au ministre chargé des Finances et au ministre chargé des Mines de trouver les voies et moyens d’une mise en œuvre optimale du projet intégré de la Falémé.



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