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L'Afrique subsaharienne francophone demeure la locomotive de la croissance africaine : retour sur un rapport qui rétablit la vérité des faits


Rédigé le 14 Janvier 2021 à 12:18 | 0 commentaire(s) modifié le 15 Janvier 2021 - 12:18


(Equonet-Dakar) – L’auteur revient sur les données du rapport qui contredisent clairement les affirmations erronées et régulièrement diffusées par certains.


L'Afrique subsaharienne francophone demeure la locomotive de la croissance africaine. C’est l’intitulé du rapport publié en février dernier par Ilyes Zouari, président du Centre d'étude et de réflexion sur le monde francophone (Cermf), spécialiste du monde francophone, conférencier.
 
Se basant sur les données les plus récentes, ce rapport contient de nombreuses statistiques, comme les taux de croissance globaux et régionaux de l'Afrique subsaharienne francophone,  des comparaisons entre les croissances économique et démographique des principales économies francophones et non francophones,  le classement des dix pays les plus endettés du continent.
et d'autres également...
 
L’auteur y revient pour montrer que les données fournies par ce rapport contredisent clairement les affirmations erronées et régulièrement diffusées par certains, qui semblent méconnaître la réalité des choses. Une désinformation aux conséquences toujours préjudiciables pour tous, et parfois tragiques.
 
«En 2019, pour la sixième année consécutive et la septième fois en huit ans, l'Afrique subsaharienne francophone a globalement réalisé les meilleures performances économiques du continent. La tendance devrait se maintenir en 2020, mais une certaine vigilance s'impose à moyen terme avec le passage de certains pays à l'Eco, dont l'élargissement ne doit se faire dans la précipitation.
 
«Pour la sixième année consécutive et pour la septième fois en huit ans, l'Afrique subsaharienne francophone a affiché les meilleures performances du continent, selon les données fournies par la Banque mondiale dans son rapport « Perspectives économiques mondiales », publié en janvier dernier. Cet ensemble de 22 pays a ainsi enregistré une croissance globale de 4,5 % (4,9 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), tandis que le reste de l'Afrique subsaharienne enregistrait un taux de 1,9 % *.
  
Une croissance globale en hausse
 
«La croissance de l'Afrique subsaharienne francophone a donc connu une hausse par rapport à l'année précédente (4,3 %, ou 4,9 % hors Guinée équatoriale). Dans le même temps, l'écart s'est accru avec le reste de l'Afrique subsaharienne (2,0 % en 2018), et dont la croissance avait été quatre fois inférieure en 2016 (0,7 % contre 2,8 %). Cette hausse résulte du redémarrage progressif de l'activité dans certains pays d'Afrique centrale encore très dépendants des hydrocarbures. En zone CFA, qui regroupe 13 des 22 pays francophones (dont la Guinée équatoriale, ancienne colonie espagnole et partiellement francophone), ainsi que la Guinée Bissau (lusophone et ancienne colonie portugaise), la croissance est passée de 4,0 % en 2018 à 4,4 % (ou de 4,9 % à 5,1 %, hors Guinée équatoriale). Une moyenne est à nouveau tirée par l'espace UEMOA, qui continue à être la plus vaste zone de forte croissance du continent (> 6 % par an). Ce léger écart entre la hausse du PIB de l'ensemble de la zone CFA et celle de l'ensemble de l'Afrique subsaharienne francophone, en faveur de cette dernière, s'explique par l'absence de pays dépendants des hydrocarbures en dehors de la zone CFA.
 
«Pour le reste de l'Afrique subsaharienne, la croissance globale demeure notamment affectée par les graves difficultés des trois principales économies de la zone (le Nigeria, l'Afrique du Sud et l'Angola), par la stagnation ou le recul de l'activité dans la majorité des pays d'Afrique australe, en plus de l'Afrique du Sud (en Namibie, en Zambie, au Zimbabwe, au Mozambique et au Swaziland, désormais dénommé Eswatini), ainsi que par les taux de croissance négatifs observés au Liberia (en Afrique de l'Ouest) et au Soudan (en Afrique de l'Est, une région également secouée par les deux conflits les plus meurtriers d'Afrique subsaharienne, proportionnellement à la population locale, en l'occurrence en Somalie et au Soudan du Sud). En 2019, cinq des six pays d'Afrique subsaharienne ayant enregistré une croissance négative se situent en dehors de la partie francophone (et trois sur quatre en 2018).
 
«Au Nigeria, en Afrique du Sud et en Angola, la situation reste très difficile, notamment en raison du déclin progressif de leur très importante production pétrolière (pour le Nigéria et l'Angola, respectivement premier et deuxième producteur d'hydrocarbures d'Afrique subsaharienne), ou aurifère (cas de l'Afrique du Sud, désormais second producteur du continent, après avoir été récemment dépassé par le Ghana). Ces pays ont ainsi respectivement affiché une croissance de 2,0 %, de 0,4 % et une évolution négative de -0,7 %, contre respectivement 1,9 %, 0,8 % et -1,2 % en 2018. Pour l'Afrique du Sud, cette croissance anémique se poursuit depuis plusieurs années, et semble durablement installée selon les prévisions de la Banque mondiale, qui prévoit également de faibles hausses pour les PIB du Nigeria et de l'Angola pour les quelques années à venir, au moins. Le Nigeria, l'Afrique du Sud et l'Angola sont donc des pays en voie d'appauvrissement, puisqu'ils affichent désormais constamment des taux de croissance largement inférieurs à leur croissance démographique (contrairement, donc, aux pays francophones qui leur sont proches). À titre d'exemple, au Nigeria, qui enregistre les taux de croissance le plus élevés parmi ces trois pays, la hausse du PIB n'a été que 1,1 %  en  moyenne  annuelle  sur  les  cinq dernières années (2015-2019), contre une croissance démographique annuelle de 2,6 % en moyenne sur la même période. Par ailleurs le Nigeria et l'Angola ont connu une importante dépréciation de leur monnaie, dont la valeur a baissé d'environ 55 % et 80 %, respectivement, par rapport au dollar depuis novembre 2014. Avec à la clé une forte inflation et le maintien d'une forte dollarisation de leur économie (utilisation du dollar pour une partie importante des transactions, par refus de la monnaie locale considérée comme risquée). 
 
«Sur la période 2012-2019, soit huit années, la croissance annuelle de l'Afrique subsaharienne francophone s'est donc établie à 4,4 % en moyenne (5,0 % hors Guinée équatoriale, et 6,4 % pour la zone UEMOA). Ce taux a été de 2,8 % pour le reste de l'Afrique subsaharienne. Sur cette même période, les quatre premières économies de l'Afrique subsaharienne francophone, à savoir la Côte d'Ivoire, la RDC, le Cameroun et le Sénégal, ont respectivement enregistré une croissance annuelle de 8,4 %, de 6,0 %, de 4,7 % et de 5,9 % en moyenne. De leur côté, les quatre premières économies du reste de l'Afrique subsaharienne, à savoir le Nigeria, l'Afrique du Sud, l'Angola et le Kenya, ont respectivement connu une progression annuelle de 2,8 %, de 1,3 %, de 1,7 % et de 5,6 % (croissance tirée par les trois premières années de la période, pour les trois premiers pays)».

* Faute de données disponibles, les estimations relatives aux taux de croissance de l'Érythrée, du Soudan du Sud, de Sao Tomé-et-Principe et de la République centrafricaine sont tirées du dernier rapport « Perspectives économiques régionales » du FMI (octobre 2019).

 

Par ailleurs, et ayant la particularité d'être à la fois francophones et anglophones (pour avoir connu dans le passé une double présence française et britannique, successivement), Maurice et les Seychelles sont comptabilisés deux fois, aussi bien pour le calcul de la croissance globale de l'Afrique subsaharienne francophone que pour le calcul de la croissance de l'Afrique subsaharienne non francophone. Ce qui n'a, toutefois, aucune incidence sur ces mêmes taux de croissance (arrondis à une décimale), compte tenu du faible poids économique de ces deux pays par rapport aux deux ensembles cités.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Zone contenant les pièces jointes
 
 
 
 
Ilyes Zouari



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