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histoire : réussir chez soi, au sénégal


Rédigé le 16 Décembre 2022 à 12:34 | 0 commentaire(s) modifié le 19 Décembre 2022 - 17:53


(Equonet-Dakar) - De retour au pays après à plusieurs reprises de rejoindre l’Europe par bateau, en vain, la vie d’Abdoulaye prit un tour nouveau. Il se maria et créa sa propre entreprise d’engraissement de bétail et de maraîchage. Lire l'histoire racontée par la FAO qui l'a appuyé à réussir au Sénégal.


Il y a une dizaine d’années, Abdoulaye Wade trouvait sa vie trop précaire. La perspective de pouvoir étudier s’éloignait et son village natal de Bonconto, au Sénégal, offrait peu de débouchés. Il décida donc de tenter sa chance et d’émigrer en Europe. Ce fut le début d’un périple durant lequel les choses ne se passèrent pas comme il l’avait espéré.  

Faute d’avoir assez d’argent pour tenter de rejoindre l’Europe directement, il commença par travailler dans un restaurant de la ville de Tambacounda, dans l’est du Sénégal, durant trois ans, ce qui lui permit d’économiser suffisamment pour pouvoir entreprendre un voyage épique à travers le Mali, le Bénin, le Nigéria, le Tchad et enfin la Libye. De là, il essaya à plusieurs reprises de rejoindre l’Europe par bateau, en vain, et, à chaque fois, il fut jeté en prison dans des conditions terribles. En 2020, huit ans après son départ, il décida de rentrer au Sénégal.  

De retour au pays, la vie d’Abdoulaye prit un tour nouveau. Il se maria et créa sa propre entreprise d’engraissement de bétail et de maraîchage.  

Son retour avait coïncidé avec le démarrage d’un nouveau projet de la FAO à Bonconto visant à contribuer à la réinsertion socioéconomique des migrants revenus au pays. Ce projet aide les personnes de retour et les jeunes ruraux vivant dans des communautés touchées par l’émigration à monter leur propre entreprise agroalimentaire en leur proposant des formations aux techniques agricoles et à la gestion d’entreprise et en leur facilitant l’accès aux marchés et aux financements. 

Dans le cadre de cette initiative, la FAO a aidé des migrants retournés au pays et des aspirants à l’émigration à constituer une grande association unitaire, elle a plaidé pour que leurs préoccupations soient prises en compte dans les plans de développement locaux et a offert à 120 jeunes préalablement sélectionnés une formation et l’accès à un incubateur d’entreprises agroalimentaires. Avec l’aide d’un facilitateur formé par la FAO, Abdoulaye s’emploie actuellement à accomplir les formalités administratives nécessaires au renforcement de son entreprise.  

«Il est évident que mon projet est bien parti. Je suis prêt à travailler avec sérieux pour être, dans un avenir proche, en mesure d’embaucher des jeunes et de les convaincre de rester au Sénégal et d’y prospérer», déclare Abdoulaye. 

D’autres participants aux formations ont affirmé qu’eux aussi avaient tiré des bénéfices de cette expérience. Mayram Kah vient tout juste de rentrer au Sénégal après avoir suivi son mari en Côte d’Ivoire. Ayant trouvé l’adaptation à la vie locale trop difficile, elle a décidé de rentrer chez elle. Mais, une fois de retour, elle s’est rendu compte que «ceux qui étaient restés avaient évolué». C’est là que les formations se sont révélées utiles; ainsi, Mayram a pu accéder à des financements et à démarrer une entreprise d’élevage afin de pouvoir, elle aussi, avancer.  

«Je n’ai rien vu à Abidjan qui ne puisse être fait ici», songe Mayram rétrospectivement. «Je peux obtenir des revenus élevés pour ma famille et contribuer au développement de notre pays, c’est donc le choix qui me convient.»  

Moussa Ndour, 25 ans, est lui aussi revenu au Sénégal après avoir traversé le Niger et la Libye dans l’espoir de cesser de dépendre de son père et de gagner des revenus supplémentaires pour subvenir aux besoins de sa famille. Il dit: «Tout le monde a été déçu lorsque je suis revenu, car ils espéraient que je réussisse comme certains de mes collègues pour pouvoir aider mes proches.» Mais il ajoute que ses amis et sa famille n’ont pas cessé de le soutenir.  

Il remarque: «Mieux vaut rester, car quand on voyage on ne sait pas ce qui peut nous arriver, et on ne peut être sûr de rejoindre notre destination.» Il confie être encore perturbé par la vue de corps gisant dans le désert aperçus lors de son trajet de retour. Après avoir été formé par la FAO à la gestion d’entreprise agricole, à l’élevage de volaille et au maraîchage, il conclut: «Les jeunes peuvent bien gagner leur vie ici grâce à l’agriculture, mais il faut que certaines conditions soient réunies.»  

Par le passé, le Sénégal a été une terre d’immigration pour la région d’Afrique de l’Ouest, mais, en raison de la croissance démographique et du sous-emploi, il est devenu un pays de transit et d’émigration. Le projet, financé au moyen du principal instrument de regroupement de donateurs de la FAO, à savoir le Mécanisme de contribution volontaire flexible, a déjà donné des résultats, en particulier s’agissant de faire prendre conscience aux décideurs locaux des liens entre migration, agriculture et développement rural. En outre, dans le cadre de ce projet, des bureaux municipaux ont été ouverts dans certaines localités afin d’appuyer les entreprises fondées par des migrants. 

L’une des réalisations les plus innovantes et ayant le plus d’impact a été la création de bureaux communaux d’accueil, d’orientation et de suivi (BCAOS). Il s’agit de guichets à destination des candidats au départ, des membres de la diaspora et des personnes de retour au pays. Ces guichets soutiennent les activités des entreprises agroalimentaires, favorisent la réintégration socioéconomique des migrants sur le retour et sont un point de référence pour toutes les questions liées à la migration. Ce sont les facilitateurs de ces bureaux qui ont sélectionné Abdoulaye, Mayram et Moussa pour les faire participer à la formation et qui les ont ensuite accompagnés dans leurs projets individuels, en leur apportant un appui sur mesure. 

Avec la poursuite de ce projet, la FAO s’engage à offrir aux personnes vivant en milieu rural – en particulier les jeunes – des perspectives d’emploi décent afin de faire de la migration un choix et d’accroître son impact positif sur les communautés rurales. 

L'histoire originale et les photos associées sont disponibles sur :

FAO




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