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rapport fao : les mauvaises habitudes alimentaires engendrent chaque année des coûts cachés de 8 000 milliards d’usd dans les systèmes agroalimentaires mondiaux


Rédigé le 11 Novembre 2024 à 12:00 | 0 commentaire(s) modifié le 13 Novembre 2024 - 13:32


(Equonet Energies-Dakar) - Les conséquences sanitaires des maladies non transmissibles sont à l’origine d’environ 70 pour cent des coûts cachés au niveau mondial.


Une étude approfondie menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture portant sur 156 pays confirme que les coûts cachés générés chaque année au sein des systèmes agroalimentaires à l’échelle mondiale s’élèvent à quelque 12 000 milliards d’USD. Sur ce montant, environ 70 pour cent (8 100 milliards d’USD) résultent d’une mauvaise alimentation et sont liés à des maladies non transmissibles, comme les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le diabète, qui constituent une menace alarmante et engendrent des coûts largement supérieurs à ceux causés par la dégradation de l’environnement et les inégalités sociales.

 

Dans le prolongement de l’édition 2023, La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2024 propose une analyse encore plus poussée en s’appuyant sur la comptabilisation du coût complet  pour mettre en lumière l’ensemble des coûts et avantages qui découlent de la production, de la distribution et de la consommation alimentaires, y compris ceux qui ne sont pas reflétés dans les prix du marché, autrement dit les «coûts et avantages cachés». Le rapport présente une estimation actualisée de ces coûts, analyse leur répartition entre différents types de systèmes agroalimentaires et trace la voie à suivre pour transformer nos systèmes agroalimentaires en profondeur.

 

L’étude montre que les coûts cachés mondiaux sont en grande partie le résultat des coûts cachés sanitaires, suivis des coûts cachés environnementaux, générés par les systèmes agroalimentaires plus industrialisés des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et des pays à revenu élevé.


Après avoir examiné les incidences sanitaires des systèmes agroalimentaires, les auteurs du rapport ont dégagé 13 facteurs de risque liés à l’alimentation — dont la consommation insuffisante de céréales entières, de fruits et de légumes, la consommation excessive de sodium et la forte consommation de viande rouge et de viande transformée –, tout en observant d’importantes disparités dans les différents systèmes agroalimentaires.


Des coûts cachés qui varient d’un type de système agroalimentaire à l’autre

Depuis toujours, les systèmes agroalimentaires opèrent une transition qui les amène du stade traditionnel jusqu’au stade industriel, avec dans chaque cas des résultats et des coûts cachés différents. Aussi, le rapport examine la manière dont les coûts cachés se manifestent dans différents types de systèmes agroalimentaires à travers le monde.

 

Pour faciliter le travail d’analyse, les auteurs proposent une typologie qui classe les systèmes agroalimentaires en six groupes distincts: en situation de crise prolongée, traditionnel, en développement, en voie de diversification, en voie de structuration et industriel. Ce cadre d’analyse permet de comprendre de façon précise les défis et les possibilités qui sont propres à chaque système, et ainsi de mettre au point des politiques et des interventions parfaitement adaptées.

 

Par exemple, si l’alimentation pauvre en céréales complètes constitue le principal facteur de risque d’origine alimentaire dans la plupart des systèmes agroalimentaires, c’est la faible consommation de fruits et de légumes qui figure au premier rang des préoccupations dans les systèmes en situation de crise prolongée (en proie à des conflits qui s’éternisent, à un climat d’instabilité et à une insécurité alimentaire généralisée) et dans les systèmes traditionnels (caractérisés par une moindre productivité, une faible adoption des technologies et des chaînes de valeur plus courtes).

 

L’apport élevé en sodium est un autre problème important, qui prend de l’ampleur à mesure que les systèmes agroalimentaires évoluent de la catégorie «traditionnel» jusqu’à la catégorie «en voie de structuration», stade auquel ce problème atteint son paroxysme avant de s’atténuer dans les systèmes industriels. La forte consommation de viande transformée et de viande rouge, quant à elle, progresse régulièrement tout au long de la transition des systèmes agroalimentaires de la catégorie «traditionnel» à la catégorie «industriel», où elle figure parmi les trois principaux risques d’origine alimentaire.

 

Outre les risques liés à l’alimentation, les pratiques agricoles non durables contribuent pour beaucoup au fardeau des coûts cachés du fait de leurs incidences environnementales. Les coûts associés aux émissions de gaz à effet de serre, au ruissellement de l’azote, aux changements d’affectation des terres et à la pollution de l’eau sont particulièrement importants dans les pays dotés de systèmes agroalimentaires en voie de diversification (marqués par une croissance économique rapide sur fond d’évolution des modes de consommation et de production) puisque ces coûts s’élèveraient, selon les estimations, à 720 milliards d’USD. Les systèmes agroalimentaires en voie de structuration et industriels sont eux aussi confrontés à des coûts environnementaux non négligeables. C’est toutefois dans les pays en situation de crise prolongée que ces coûts pèsent le plus lourd puisqu’ils représentent 20 pour cent de leur produit intérieur brut (PIB).

 

Les coûts sociaux, notamment la pauvreté et la sous-alimentation, s’observent surtout dans les systèmes agroalimentaires traditionnels et ceux touchés par des crises prolongées, où ils représentent respectivement 8 et 18 pour cent du PIB, des chiffres qui témoignent de la nécessité urgente de renforcer les moyens d’existence et de mener des initiatives intégrées en matière d’aide humanitaire, d’aide au développement et de consolidation de la paix.


L’édition 2024 de La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture souligne l’importance qu’il y a à prendre en compte le contexte local et les priorités des parties prenantes, une approche qui est illustrée par l’intermédiaire d’études de cas représentant divers pays dotés de différents types de systèmes agroalimentaires, notamment l’Australie, le Brésil, la Colombie, l’Éthiopie, l’Inde et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

 

Un appel à l’action collective

 

De manière générale, le rapport préconise une transformation des systèmes agroalimentaires qui soit axée sur la valeur, pour faire en sorte que ces systèmes deviennent plus durables, plus résilients, plus inclusifs et plus efficaces. Cela suppose de sortir du cadre des indicateurs économiques traditionnels tels que le PIB, en s’appuyant sur la comptabilisation du coût complet pour prendre la mesure des coûts cachés. Grâce à cette approche, les décideurs seront à même de faire des choix plus éclairés qui leur permettront d’accroître la valeur des systèmes agroalimentaires pour la société, et de mettre ainsi en évidence leur rôle essentiel pour la sécurité alimentaire, la nutrition, la conservation de la biodiversité et l’identité culturelle. Pour concrétiser cette transformation, il faudra également combler les fossés sectoriels, harmoniser les politiques dans les domaines de la santé, de l’agriculture et de l’environnement et veiller à ce que les avantages et les coûts du changement soient équitablement répartis entre toutes les parties prenantes.
 

«Les choix que nous faisons aujourd’hui, les priorités que nous fixons et les solutions que nous mettons en œuvre détermineront notre avenir commun. Le véritable changement naît des actions et des initiatives que nous menons chacun à notre propre niveau, avec l’aide de politiques porteuses et d’investissements ciblés. La transformation des systèmes agroalimentaires mondiaux est impérative si nous voulons atteindre les objectifs de développement durable et garantir un avenir prospère pour tous», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu.


Il ressort du rapport que cette transformation ne pourra se faire que par une action collective, avec la contribution des producteurs primaires, des entreprises agroalimentaires, des pouvoirs publics, des institutions financières, des organisations internationales et des consommateurs. La réduction des coûts cachés aura des répercussions inégales entre les différents acteurs et pays et dans le temps, mais l’instauration de politiques et de réglementations favorables pourra atténuer les perturbations, en particulier pour les petits producteurs et les petites entreprises agroalimentaires, en encourageant l’adoption précoce de pratiques durables et en assurant la protection des groupes sociaux vulnérables.
 

Les principales recommandations issues du rapport sont les suivantes:
 

  • Mettre en place des incitations financières et réglementaires pour favoriser l’adoption de pratiques durables dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement alimentaire et pour atténuer les déséquilibres de pouvoir entre les différents acteurs des systèmes agroalimentaires.
  • Promouvoir une alimentation plus saine au moyen de politiques visant à rendre les aliments nutritifs plus abordables et accessibles et à réduire les coûts cachés liés à la santé.
  • Inciter à réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’azote, les changements nuisibles de l’affectation des terres et l’appauvrissement de la biodiversité en misant sur l’étiquetage et la certification, les normes d’application volontaire et la promotion du devoir de vigilance dans l’ensemble du secteur.
  • Renforcer le pouvoir d’action des consommateurs en leur donnant plus facilement accès à des informations claires sur les incidences environnementales, sociales et sanitaires de leurs choix alimentaires, tout en veillant à ce que même les ménages vulnérables puissent bénéficier du changement.
  • Exploiter l’important pouvoir d’achat dont jouissent les institutions en matière d’approvisionnement alimentaire afin de transformer les chaînes d’approvisionnement alimentaire et d’améliorer les environnements alimentaires, en conjuguant ces efforts avec une stratégie globale d’éducation à l’alimentation et à la nutrition.
  • Assurer une transformation rurale inclusive qui permette de contourner certaines tendances historiques, et d’éviter ainsi l’aggravation des coûts cachés environnementaux, sociaux et sanitaires lors des transitions des systèmes agroalimentaires.
  • Renforcer la gouvernance et donner plus de poids à la société civile en vue de créer un environnement porteur qui permette d’accélérer les innovations propices à la transition vers des systèmes agroalimentaires durables et équitables.


La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture


La Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture est un rapport annuel qui dresse un panorama détaillé des sujets relevant du mandat de la FAO. Il met particulièrement l’accent sur des domaines émergents du développement, tels que les systèmes agroalimentaires et le recours aux technologies numériques dans l’agriculture.

C’est la première fois que deux éditions consécutives de cette publication phare de la FAO sont consacrées au même thème, ce qui témoigne de l’urgence qu’il y a à transformer les systèmes agroalimentaires afin d’assurer un avenir durable.

Source : FAO

Equonet Energies



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