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L’Union africaine : «ce machin»


Rédigé le 26 Mai 2020 à 16:56 | 0 commentaire(s) modifié le 27 Mai 2020 - 14:45


(Equonet-Dakar) – Dans cette contribution qui suit, l’auteur, Guimba Konaté, s’intéresse à l’Union africaine, «ce machin», pour reprendre ses propres termes, dont il met à nu ses tares.


L’Union Africaine (U.A.)  vient de célébrer dans la quasi confidentialité son 57ème anniversaire. Pour cause de Coronavirus, on n’a pas eu droit à ce sempiternel défilé insipide de chefs d’Etat endimanchés empesés et granguignolesques  avec leurs discours et autres engagements sans conviction ressassés à l’envi. Ne serait-ce que pour çà on serait tenté de dire « Merci COVID19 ». Car depuis plus de cinquante ans c’est le même rituel de grand messe des chefs d’Etat de ce « machin » dénommé Union Africaine qui se tient régulièrement à Addis Abeba pour donner l’occasion à nos chefs d’Etat de voyager, se payer du bon temps et surtout se payer notre tête. Car c’est de cela qu’il s’agit véritablement.
 
En effet, depuis que cette organisation continentale existe que peut-on retenir de vraiment probant de ce grand raout africain annuel ? RIEN ABSOLUMENT RIEN que nous n’avions déjà vu ou entendu à plusieurs reprises. Des discours creux, des vœux pieux, des projets virtuels, des déclamations oiseuses et surtout des promesses évanescentes qui n’engagent que ceux qui y croient. Plus de cinquante ans que dure cette comédie humaine d’une Afrique à Unir. GROTESQUE
 
Pour une organisation censée regrouper tous les pays africains autour d’un commun idéal de  développement harmonieux de notre continent dans une unité d’actions concertées sur les grandes questions qui agitent le monde, l’U.A .dans sa longue marche vers l’unité du continent, reste encore à l’état larvaire. Déprimant.
 
 
Entre l’Union Européenne née en 1957 et l’Union Africaine née en 1963, il n’y que Six ans d’âge mais aussi six siècles de retard sur tous les plans.
Là, où les européens guidés par l’Allemagne et la France deux pays, jadis ennemis jurés et qui après s’être livré deux grandes guerres mondiales, auront réussi à dépasser leurs contradictions et à cultiver et entretenir une amitié très solide pour un vivre ensemble harmonieux ; ces européens dis-je, ont mis en place des structures solides comme le Parlement européen et la Cour de justice européenne et réalisé des projets d’envergure comme la BEI (Banque Européenne d’Investissement) ou l’ESA (Agence Spatiale Européenne) , le programme Airbus ou la BERD (Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement ), une monnaie commune, l’EURO, un espace virtuel commun,  entre autres. Quand L’Afrique, elle continue toujours à se chercher.
 
Aucun projet structurant commun réalisé. Aucune réalisation continentale dans aucun domaine commun. Aucun accord  véritable pour un espace commun de libre circulation des hommes, des services et des biens.  Toujours balkanisés entre nous. Pour aller d’un pays africain à un autre, il faut encore  des visas d’entrée et de séjour. Dans certains pays africains, des frères africains sont déclarés persona non grata, d’autres sont expulsés avec une sauvagerie inouïe, accusés d’être la source des difficultés économiques et sociales du pays des autochtones. Etc.. la liste est longue, très longue des vilénies que les africains –censés être des frères- se font entre eux sans discontinuer. Et on veut nous jouer la comédie de l’Unité Africaine à laquelle personne ne croit vraiment…
 
Il faut savoir s’arrêter et revoir nos comportements entre africains pour espérer aller ensemble vers l’Unité tant déclamée et désirée.
 
Quand  en 1963, les pères fondateurs posaient les premiers jalons de ce qui était l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) devenue en 2002 l’Union Africaine (U.A , ils ne s’attendaient pas à rester aussi longtemps sans voir se réaliser ne serait- ce qu’une unité d’actions autour des grandes problématiques du monde. C’était oublier que l’OUA  avait été mise sur les fonds baptismaux avec deux vices rédhibitoires ataviques : la vanité des chefs africains et le manque pour ne pas dire l’absence d’une culture de solidarité réelle entre africains. Chacun d’entre nos Chefs d’Etat s’agrippe à ses prérogatives nationales comme pas possible et n’accepte aucune concession pour aller vers l’autre, vers les autres pour former une équipe qui gagne : l’AFRIQUE.
 
Tous réunis, ils ne sont même pas en mesure de cotiser et bien payer régulièrement leur cote -part pays pour boucler le budget de l’Organisation  qui est assuré en grande partie par des « partenaires » étrangers.
 
Or « qui paye commande » N’est-ce pas ? Les bailleurs de l’U.A. aussi ne payent pas pour les beaux yeux de l’organisation, ils ont leurs désidératas qui sont autant « d’ordres » donnés aux leaders africains pour les positions à adopter sur les grandes questions du moment qui seront à discuter à l’ONU et dans les autres grandes instances internationales. La Chine nous a construit « gratuitement » le siège flambant neuf de l’Organisation  dit-on. A qui peut -on faire accroire que c’est par philanthropie désintéressée ? Il faut être vraiment naïf. Triste tout çà…   
 
Pourtant les pays africains ne manquent pas d’hommes riches, très riches même et à même de financer entièrement un tel édifice qui aurait pu être construit par nos architectes talentueux au bénéfice de tout le continent, pourvu seulement qu’on les eût sollicités  pour cela. C’est cela aussi l’Afrique. Quand on a un projet d’envergure, au lieu de mettre à contribution ses propres ressources humaines, techniques, financières et autres, on  préfère faire appel à l’aide internationale sous forme de mendicité mal déguisée.
 
Même pour le budget de fonctionnement de « ce machin » qui au passage ne sert qu’à payer grassement des fonctionnaires sybarites, les pays africains peinent à être à jour de leurs cotisations –pays et cela jusqu’au niveau de toutes les autres grandes organisations internationales. Ils sont connus pour trainer tous des arriérés de cotisation au niveau de toutes ces structures. Les ploutocrates africains n’ont même pas la fibre nationale pour financer des projets structurants dans leur propre pays à fortiori, mettre des fonds à disposition de l’U.A. pour son bon fonctionnement et donc…son indépendance vis-à-vis des financiers étrangers. Pourtant, Ted TURNER patron de la Warner Inc avait en son temps, offert gracieusement un milliard de dollars pour aider l’ONU à améliorer son fonctionnement. Quel milliardaire africain aurait une telle attitude altruiste, patriotique, africaine et..philanthropique ?
 
PERSONNE.  C’est qu’en fait, tout comme leurs Chefs d’Etat, ils ne croient pas réellement en l’U.A. « ce machin » pour dévaliser De Gaulle.
 
Le seul leader africain qui s’était vraiment investi pour aller vers cette Union Africaine tant désirée aura été Feu le Colonel Mouamar Khadaffi de Libye. On pourra toujours gloser sur ses travers supposés ou réels mais personne ne pourra nier son engagement viscéral pour doter l’Afrique d’outils de souveraineté comme le projet de satellite africain RASCOM , la banque centrale africaine et d’autres initiatives du genre pour libérer le continent de l’emprise des prédateurs étrangers.
Sa mort voulue et programmée par les lobbies français avec oh sacrilège !! la complicité renégate de certains de ses pairs africains comme le Président Wade pour ne pas le nommer, est un coup d’arrêt aux velléités africaines d’aller vers une Union structurée de ses enfants qui fait réellement peur à beaucoup pour ne pas dire à tout le monde.
 
Maintenant, il ne reste que la comédie des sommets annuels de l’U.A. avec des Chefs d’Etat ringards dont la préoccupation dominante reste pour chacun d’entre eux, de se soutenir mutuellement pour conserver le plus longtemps possible le pouvoir dans leur pays respectif. Heureusement que le COVID19 nous en a dispensé pour cette année. OUF..
 
L’autre tare congénitale de l’U.A. est à chercher dans le manque de solidarité réelle entre les pays africains. C’est connu, les pays africains imbus de leur « souveraineté nationale » étroite  ne se privent pas de fouler aux pieds des engagements pris ensemble lors de réunions préparatoires d’harmonisation des positions communes africaines sur des questions à eux, soumises et entérinées par leurs plénipotentiaires respectifs. En Europe quand l’U.E prend une décision, elle s’applique sans état d’âme et est respectée par tous les pays membres signataires. En Afrique, il se trouvera toujours des pays « tir aux flancs » adeptes des coups de Jarnac pour renier sans scrupule leurs engagements pris et torpiller régulièrement les positions communes arrêtées par l’organisation continentale sur telle ou telle question de l’heure.
 
La dernière illustration de cette âme de traitre est donnée par l’avatar de l’abandon du CFA récemment acté par le gouvernement français. Il aura fallu qu’une Africaine née dans le CFA, grandie dans le CFA et formée grâce au CFA , soit commise pour prononcer la mise à mort de la monnaie africaine sur les ordres de ses nouveaux maîtres. « Peau Noire Masque blanc quand tu nous tiens » dirait Fanon. La pudeur pour ne pas dire la simple retenue aurait dicté une attitude moins servile. Dans les grands matchs de football, les joueurs qui marquent des buts contre leur ancienne équipe , se gardent de le manifester bruyamment par reconnaissance et respect.  
Il nous faut apprendre à respecter nos paroles données, nos actes pris et rester toujours solidaires dans nos positions communes pour gagner le respect des autres.
 
Pour terminer, il n’est pas interdit de rêver à ce qu’ arrive un jour, où ce grand corps malade qu’est devenue l’U.A. soit secoué jusque dans ses tréfonds pour en faire une organisation pragmatique orientée vers une Véritable Unité Africaine dans tous les domaines majeurs, seule apte à nous sortir de l’ornière du sous-développement, de la division inutile et de la pauvreté endémique.
Sinon le désespoir risque d’être toujours notre lot quotidien pour la réalisation de l’Union Africaine qui continuera de rester « a fleeting illusion » comme dirait feu Bob Marley.
Joyeux Anniversaire à notre U.A tout de même.
 
Pour l’heure, n’oublions pas le COVID19. Gardons la distance ; lavons nous les mains régulièrement, mettons nos masques et surtout restons à la maison pour tout ce qui n’est essentiel et que  DIEU Nous gardes et gardes l’Afrique du Coronavirus . AMINE...

Dakar le 26/05/2020
 
Guimba  KONATE
DAKAR
guimba.konate@gmail.com
Guimba Konaté




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