Les pays en développement se caractérisent par une démographie sous forme pyramidale avec une forte représentation à la base d’une frange très jeune de la population. Dans les pays dits pauvres, notamment en Afrique, toutes les statistiques concordent à dire que 70% de la population est constituée de jeunes de moins de 35 ans. En effet, la structuration de nos économies de pays en développement ou l’industrialisation demeure encore toujours un gros chantierpose avec acuité la problématique de l’emploi face à une offre très limitée et sélective. De même, dans la zone de l’UEMOA, le phénomène similaire est observé malgré la mobilité du travail au sein de cet ensemble géographique.
Au Sénégal, selon ANSD (2019) officiellement le taux de chômage global s’établit à 16,9% de la population active.Dans le même sillage, chaque année, il arrive en moyenne sur le marché du travail deux cent mille (200 000) nouveaux demandeurs de profils différents y compris bien entendu des diplômés d’universités. Ce niveau de sous-emploi important peut au moins être expliqué par deux facteurs essentiels à savoir la nature de notre économie extravertie qui peine structurellement à absorber une bonne partie de cette demande mais aussi et surtout l’inadéquationde la demande de travail dont l’élément caractéristique constitue le manque de qualificationpar rapport à l’offre disponible.
Face à cette question lancinante de l’emploi tous les gouvernements qui se sont succédés dans ce pays de l’indépendance à nos jours ont tenté conjoncturellement de résoudre le chômage et le sous-emploi par la promotion de l’auto emploi à travers l’entreprenariat. Pour les besoins d’une analyse centrée dans le temps et dans l’espace, ce papier ne prend en compte que la période de 1985 à 2020 dans un pays de l’UEMOA, Sénégal. Cette période qui concerne trois des quatre Présidents de ce pays, nous permet de revisiter les similitudes, les disparités et les résultats des politiques entrepreneuriales jusqu’ici initiées avant de dégager quelques pistes de solutions.
L’une des premières expériences entrepreneuriales a été le programme dénommé « opération maitrisard »destiné à regrouper les diplômés d’université et les financer pour mener une activité économique. Ce programme qui ne donna pas les résultats escomptés peut être expliqué par une impréparation totale des bénéficiaires à la fonction de l’entreprenariat. L’élément le plus visible dans cet échec était une crise de leadership et de management au sein des organisations bénéficiaires de financement mais aussi un déficit d’encadrement par les structures dédiées de l’Etat. Une seconde tentative a été la création de la Direction à l’Insertion, à la Réinsertion et à l’Emploi (DIRE) avec un budget de plusieurs milliards de francs à l’époque pour promouvoir l’auto-emploi surtout des jeunes.Le modèle économique de la DIRE, un peu différent des initiatives précédentes ou les ressources étaient logées dans les banques, était à l’écoute de la demande avec des projets soumis. Sur le plan de la gouvernance, la DIRE était placée sous la tutelle du ministère de l’économie et des finances. Cette expérience n’a pas trop longtemps durée malgré les milliards injectés pour le financement de projets de jeunes et des chômeurs. Avec des résultats très mitigés voire insatisfaisants, la DIRE a été dissoute. Cette seconde expérience malheureuse en si peu de temps de promotion de l’auto emploi des jeunes peut aussi s’expliquer par une précipitation dans la thérapie. En effet, la mise en place de cette structure devait être précédée par un diagnostic global de l’écosystème entrepreneurial sur le plan institutionnel (évaluation des dispositifs existants), économique en termes d’opportunités mais surtout les aptitudes des potentiels bénéficiaires. Une analyse comparative des deux dispositifs (Opération maitrisard et DIRE) permet de mettre en évidence une insuffisance commune à savoir la focalisation exclusive sur le volet financement en perdant de vue que dans la chaine entrepreneuriale cet aspect purement financier n’est qu’un maillon et certainement pas des plus importants. Ensuite, le Fonds National de Promotion des Jeunes (FNPJ) de l’Agence Nationale pour l’Emploi des Jeunes (ANEJ) sont aussi des cas d’école de reproduction à l’identique d’expériences malencontreuses en matière de promotion de l’entreprenariat des jeunes. La Délégation à l’Entreprenariat Rapide (DER) apparait comme un programme spécifiquement orienté pour les jeunes de l’actuel régime. Avec un budget avoisinant les 60 milliards de sa création en 2018 à maintenant soit une moyenne de 20 milliards par an le constat est le même que pour les dispositifs précédents. Même si on peut comprendre les difficultés des premières expériences initiées, la DER quant à elle, avait plus de matières et d’éléments factuels de base de départ pour amorcer et mettre en place une véritable politique de promotion de l’entreprenariat des jeunes. Ceci d’autant plus que sur le plan de la gouvernance cette structure érigée en délégation a plus d’autonomie que les précédents dispositifs qui sont sous la tutelle de ministère technique.
Une analyse comparée de l’ensemble des dispositifs dans ce document montre des similitudes d’insuffisances congénitales impactant négativement sur les résultats attendus tant sur le plan de la vision, de la gouvernance ainsi que celui de la mise en œuvre opérationnelle. Ainsi, les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce dont il s’agit aujourd’hui est de faire preuve d’audace en sortant carrément des chantiers battus. La fonction entreprenariat doit être reconsidérée comme étant une chaine de valeur avec deux piliers essentiels : le volet encadrement et celui de financement qui sont indissociables et complémentaires l’un et l’autre. Pour caricaturer, l’entreprenariat surtout des jeunes peut être représenté comme une personne. Nous sommes tous censés comprendre que l’équilibre d’un individu qui veut se mettre debout est porté par ses deux jambes qui ne peuvent en aucun cas être isolées. Ainsi, pour notre sujet d’aujourd’hui l’encadrement et le financement sont les deux moteurs du même avion qu’est l’entreprenariat des jeunes si on veut arriver avec une vitesse grand V à des résultats probants tant sur le plan qualitatif à travers des emplois décents et quantitatif pour permettre à un nombre conséquent de jeunes de monter leur propre affaire.
En vue d’une meilleure coordinationdes actions, il est impératif d’opérer une rupture par la mise en place de structures fortes.
Cette centralisation des interventions va permettre de rationaliser les ressources financières qui ne sont pas élastique et d’être plus efficace et surtout plus efficient dans la phase d’opérationnalisation. Sur le plan du management, un signal fort serait lancé aux jeunes bénéficiaires potentiels en procédant à une ouverture du poste à la concurrence mais encadrée avec possibilité de présenter au Président de la République les trois premiers candidats pour en désigner celui qu’il voudra bien confier la mission. Sur le plan stratégique, une politique d’emploi cohérente et productive nécessite indéniablement des consensus forts de l’ensemble des acteurs de tout bord. L’entreprenariat ne se décrète point, il se construit à travers des canaux appropriés. A cet effet, le système éducatif peut être un véritable rempart en essayant d’intégrer à partir d’un moment du cursus l’apprentissage à l’entreprenariat. Cela permettra de déconstruire très tôt dans l’esprit des apprenants actuels et futurs demandeurs d’emploi l’idée selon laquelle l’administration n’est pas la seule et unique voie créatrice d’emploi surtout qu’elle est plus attendue sur ses missions régaliennes. Aujourd’hui, l’entreprenariat appliqué doit être un module à enseigner dans nos collèges et universités.
Sur le plan opérationnel, beaucoup de ressources financières ont été mobilisées pour combattre le sous-emploi des jeunes. En interrogeant certains paramètres fondateurs de l’entreprenariat on se rend compte qu’il y a une impréparation ou un déficit d’accompagnement de la cible en amont sur des maillons importants de la chaine de valeur avant le financement.
En réalité la politique d’emploi des jeunes par l’entreprenariat mérite d’être revisitée en profondeur pour répondre objectivement aux attentes de cette cible laissée à elle-même. Pour revenir sur l’importance stratégique de la question qui nécessite une haute technicité et des ruptures profondes, il convient de rappeler que l’économie des pays développés, pour la plupart, est structurée autour de très petites et micro entreprises qui représentent 96% de leur tissu économique.
das.das71@yahoo.com
Au Sénégal, selon ANSD (2019) officiellement le taux de chômage global s’établit à 16,9% de la population active.Dans le même sillage, chaque année, il arrive en moyenne sur le marché du travail deux cent mille (200 000) nouveaux demandeurs de profils différents y compris bien entendu des diplômés d’universités. Ce niveau de sous-emploi important peut au moins être expliqué par deux facteurs essentiels à savoir la nature de notre économie extravertie qui peine structurellement à absorber une bonne partie de cette demande mais aussi et surtout l’inadéquationde la demande de travail dont l’élément caractéristique constitue le manque de qualificationpar rapport à l’offre disponible.
Face à cette question lancinante de l’emploi tous les gouvernements qui se sont succédés dans ce pays de l’indépendance à nos jours ont tenté conjoncturellement de résoudre le chômage et le sous-emploi par la promotion de l’auto emploi à travers l’entreprenariat. Pour les besoins d’une analyse centrée dans le temps et dans l’espace, ce papier ne prend en compte que la période de 1985 à 2020 dans un pays de l’UEMOA, Sénégal. Cette période qui concerne trois des quatre Présidents de ce pays, nous permet de revisiter les similitudes, les disparités et les résultats des politiques entrepreneuriales jusqu’ici initiées avant de dégager quelques pistes de solutions.
L’une des premières expériences entrepreneuriales a été le programme dénommé « opération maitrisard »destiné à regrouper les diplômés d’université et les financer pour mener une activité économique. Ce programme qui ne donna pas les résultats escomptés peut être expliqué par une impréparation totale des bénéficiaires à la fonction de l’entreprenariat. L’élément le plus visible dans cet échec était une crise de leadership et de management au sein des organisations bénéficiaires de financement mais aussi un déficit d’encadrement par les structures dédiées de l’Etat. Une seconde tentative a été la création de la Direction à l’Insertion, à la Réinsertion et à l’Emploi (DIRE) avec un budget de plusieurs milliards de francs à l’époque pour promouvoir l’auto-emploi surtout des jeunes.Le modèle économique de la DIRE, un peu différent des initiatives précédentes ou les ressources étaient logées dans les banques, était à l’écoute de la demande avec des projets soumis. Sur le plan de la gouvernance, la DIRE était placée sous la tutelle du ministère de l’économie et des finances. Cette expérience n’a pas trop longtemps durée malgré les milliards injectés pour le financement de projets de jeunes et des chômeurs. Avec des résultats très mitigés voire insatisfaisants, la DIRE a été dissoute. Cette seconde expérience malheureuse en si peu de temps de promotion de l’auto emploi des jeunes peut aussi s’expliquer par une précipitation dans la thérapie. En effet, la mise en place de cette structure devait être précédée par un diagnostic global de l’écosystème entrepreneurial sur le plan institutionnel (évaluation des dispositifs existants), économique en termes d’opportunités mais surtout les aptitudes des potentiels bénéficiaires. Une analyse comparative des deux dispositifs (Opération maitrisard et DIRE) permet de mettre en évidence une insuffisance commune à savoir la focalisation exclusive sur le volet financement en perdant de vue que dans la chaine entrepreneuriale cet aspect purement financier n’est qu’un maillon et certainement pas des plus importants. Ensuite, le Fonds National de Promotion des Jeunes (FNPJ) de l’Agence Nationale pour l’Emploi des Jeunes (ANEJ) sont aussi des cas d’école de reproduction à l’identique d’expériences malencontreuses en matière de promotion de l’entreprenariat des jeunes. La Délégation à l’Entreprenariat Rapide (DER) apparait comme un programme spécifiquement orienté pour les jeunes de l’actuel régime. Avec un budget avoisinant les 60 milliards de sa création en 2018 à maintenant soit une moyenne de 20 milliards par an le constat est le même que pour les dispositifs précédents. Même si on peut comprendre les difficultés des premières expériences initiées, la DER quant à elle, avait plus de matières et d’éléments factuels de base de départ pour amorcer et mettre en place une véritable politique de promotion de l’entreprenariat des jeunes. Ceci d’autant plus que sur le plan de la gouvernance cette structure érigée en délégation a plus d’autonomie que les précédents dispositifs qui sont sous la tutelle de ministère technique.
Une analyse comparée de l’ensemble des dispositifs dans ce document montre des similitudes d’insuffisances congénitales impactant négativement sur les résultats attendus tant sur le plan de la vision, de la gouvernance ainsi que celui de la mise en œuvre opérationnelle. Ainsi, les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce dont il s’agit aujourd’hui est de faire preuve d’audace en sortant carrément des chantiers battus. La fonction entreprenariat doit être reconsidérée comme étant une chaine de valeur avec deux piliers essentiels : le volet encadrement et celui de financement qui sont indissociables et complémentaires l’un et l’autre. Pour caricaturer, l’entreprenariat surtout des jeunes peut être représenté comme une personne. Nous sommes tous censés comprendre que l’équilibre d’un individu qui veut se mettre debout est porté par ses deux jambes qui ne peuvent en aucun cas être isolées. Ainsi, pour notre sujet d’aujourd’hui l’encadrement et le financement sont les deux moteurs du même avion qu’est l’entreprenariat des jeunes si on veut arriver avec une vitesse grand V à des résultats probants tant sur le plan qualitatif à travers des emplois décents et quantitatif pour permettre à un nombre conséquent de jeunes de monter leur propre affaire.
En vue d’une meilleure coordinationdes actions, il est impératif d’opérer une rupture par la mise en place de structures fortes.
Cette centralisation des interventions va permettre de rationaliser les ressources financières qui ne sont pas élastique et d’être plus efficace et surtout plus efficient dans la phase d’opérationnalisation. Sur le plan du management, un signal fort serait lancé aux jeunes bénéficiaires potentiels en procédant à une ouverture du poste à la concurrence mais encadrée avec possibilité de présenter au Président de la République les trois premiers candidats pour en désigner celui qu’il voudra bien confier la mission. Sur le plan stratégique, une politique d’emploi cohérente et productive nécessite indéniablement des consensus forts de l’ensemble des acteurs de tout bord. L’entreprenariat ne se décrète point, il se construit à travers des canaux appropriés. A cet effet, le système éducatif peut être un véritable rempart en essayant d’intégrer à partir d’un moment du cursus l’apprentissage à l’entreprenariat. Cela permettra de déconstruire très tôt dans l’esprit des apprenants actuels et futurs demandeurs d’emploi l’idée selon laquelle l’administration n’est pas la seule et unique voie créatrice d’emploi surtout qu’elle est plus attendue sur ses missions régaliennes. Aujourd’hui, l’entreprenariat appliqué doit être un module à enseigner dans nos collèges et universités.
Sur le plan opérationnel, beaucoup de ressources financières ont été mobilisées pour combattre le sous-emploi des jeunes. En interrogeant certains paramètres fondateurs de l’entreprenariat on se rend compte qu’il y a une impréparation ou un déficit d’accompagnement de la cible en amont sur des maillons importants de la chaine de valeur avant le financement.
En réalité la politique d’emploi des jeunes par l’entreprenariat mérite d’être revisitée en profondeur pour répondre objectivement aux attentes de cette cible laissée à elle-même. Pour revenir sur l’importance stratégique de la question qui nécessite une haute technicité et des ruptures profondes, il convient de rappeler que l’économie des pays développés, pour la plupart, est structurée autour de très petites et micro entreprises qui représentent 96% de leur tissu économique.
das.das71@yahoo.com