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Agriculture : des prévisions climatiques adaptées à la diversité des contextes


Rédigé le 17 Mars 2016 à 14:03 commentaire(s) modifié le 19 Mars 2016 - 14:03


Ecofinance.sn (Dakar) - Pourquoi les agriculteurs des pays tropicaux n’utilisent que très peu les prévisions climatiques qui leur sont fournies.


Agriculture : des prévisions climatiques adaptées à la diversité des contextes
Pourquoi les agriculteurs des pays tropicaux n’utilisent que très peu les prévisions climatiques qui leur sont fournies, notamment en termes de précipitations saisonnières ? Pour répondre à cette question un groupe de chercheurs dont le Cirad fait partie a mené l’enquête.

De quelles informations climatiques les agriculteurs ont-ils besoin ? Et comment leur fournir des prévisions qui leur soient réellement utiles ? Une question complexe, qui implique plusieurs disciplines avec des données de nature diverse pour, à la fois, établir des prévisions à l’échelle de temps et d’espace où travaillent les agriculteurs et les ajuster aux contextes agricoles et techniques dans lesquels elles seront utilisées.

Une étude comparative réalisée au Cameroun, au Kenya et en Argentine par les scientifiques d’un groupe interdisciplinaire de recherche, dont le Cirad fait partie, vient en effet de démontrer que les données climatiques utiles aux agriculteurs varient considérablement selon les régions et les pratiques agricoles.

Connaître à l’avance les conditions climatiques de la prochaine saison de culture est un atout pour les agriculteurs, qui peuvent ainsi adopter la stratégie la mieux adaptée et, en définitive, minimiser les risques pour leurs productions.
 
Cependant, on constate qu’ils utilisent très peu les prévisions des précipitations saisonnières qui sont régulièrement publiées depuis une vingtaine d’années. Pourquoi ? Et comment remédier à cette situation ? Ce sont les questions que se sont posées des chercheurs du groupe interdisciplinaire de recherche sur la prévisibilité de l’information climatique pour l’agriculture tropicale, dont le Cirad fait partie.

Ils viennent de publier une étude comparative sur la pertinence et la précision de l’information climatique en fonction de contextes fortement contrastés, au Nord-Cameroun, au Kenya et au centre de l’Argentine.

Adapter l’information climatique destinée aux agriculteurs

Le premier constat est qu’il existe un hiatus entre l’échelle spatiotemporelle des prévisions ― régionales et focalisées sur le cumul saisonnier ― et les besoins des agriculteurs, qui s’expriment à une échelle plus fine.

Le second est que l’information climatique la plus pertinente, mais aussi la plus prévisible, diffère selon les contextes ethnographiques, agricoles et géographiques. Il faut donc non seulement adapter les prévisions à l’échelle où travaillent les agriculteurs, mais aussi les ajuster aux contextes dans lesquels elles sont utilisées.

Enquêtes de terrain et analyse des données climatiques

Les chercheurs ont adopté deux approches complémentaires pour obtenir une meilleure adéquation entre le besoin des agriculteurs et les prévisions climatiques.
Ils ont, d’une part, mené des enquêtes de terrain pour sonder les besoins des agriculteurs en fonction des plantes qu’ils cultivent.

Ils ont, d’autre part, analysé les données climatiques pour vérifier si ces besoins pouvaient être satisfaits. Pour cette dernière analyse, ils ont couplé la modélisation du rendement des plantes en fonction des climats et la prévisibilité du climat, en tenant compte non seulement des cumuls saisonniers, mais aussi des caractéristiques intrasaisonnières, comme la phase et la durée moyenne des périodes sèches.

Une approche comparative

L’originalité du projet tient à son approche comparative. Les chercheurs ont en effet travaillé dans des contextes très différents. Au Nord-Cameroun, les agriculteurs associent culture vivrière et culture de rente, de coton essentiellement.

Au Kenya, les cultures sont principalement vivrières, mais combinent plusieurs espèces, la tendance étant, depuis une vingtaine d’années, à remplacer la culture du sorgho et du mil par celle du maïs. En Argentine, la monoculture du soja transgénique a remplacé depuis peu les systèmes mixtes d’élevage et de production de blé et d’autres espèces.

Prévoir le début de la saison des pluies

Le premier résultat issu des enquêtes ethnographiques et de la modélisation des rendements révèle le rôle essentiel joué par le début de la saison des pluies. Mais, cette date est difficile à prévoir au Cameroun, et doit être complétée par la durée de la saison des pluies, au Kenya.

En Argentine, en revanche, les chercheurs ont mis en évidence l’importance des pluies qui surviennent au cœur et à la fin de la saison.

Des dynamiques qui fragilisent les agricultures

La dynamique des systèmes agricoles influence directement les besoins d’informations climatiques des agriculteurs et détermine leur vulnérabilité face au climat.

Ainsi en Argentine, la spécialisation entraîne une plus grande vulnérabilité de l’agriculture, le soja étant plus sensible aux variations climatiques que le blé cultivé auparavant.

Il en va de même au Kenya, où l’augmentation des surfaces consacrées au maïs, moins résistant à la sécheresse que le sorgho et le mil, risque de fragiliser l’agriculture.

Si des conditions climatiques optimales maximisent les rendements de ces nouvelles cultures, des conditions adverses peuvent avoir des conséquences plus dramatiques pour elles que pour les cultures traditionnelles, peut-être moins productives, mais plus résilientes.

Ajuster les prévisions aux besoins

En fonction des plantes cultivées ― vivrières ou de rentes, résistantes à la sécheresse ou non, ou encore plus ou moins sensibles aux variations climatiques ―, les données climatiques utiles aux agriculteurs varient considérablement selon la région et les pratiques agricoles.

Il n’est donc pas possible de fournir la même information à tous les agriculteurs, chaque situation nécessitant une prévision adaptée à leurs besoins spécifiques. Un ajustement qui ne peut se faire que si toutes des disciplines impliquées ― climatologie, agronomie, ethnologie, économie, géographie ― sont mises à contribution.

C’est d’ailleurs le mérite de ce projet que d’avoir transgressé l’identité des disciplines pour restituer une image plus globale, mais aussi plus cohérente, en considérant simultanément l’agriculteur, ses pratiques, ses cultures et son climat.
 
 
Cirad


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