Célébrée le 01 novembre, la Journée de la Jeunesse Africaine aujourd'hui est l'occasion de reconnaître les jeunes en tant qu'acteurs clés des changements sociaux, de la croissance économique et du développement durable. La jeunesse, telle que définie par l'Union africaine, regroupe la frange de population âgée de 15 à 35 ans. Elle représente plus d'un tiers de la population africaine et incarne l'avenir des pays, du continent et du monde. Selon les statistiques des Nations Unies, d'ici 2050, un quart de la population mondiale pourrait vivre en Afrique, et cela pourrait être le cas pour plus d'un tiers des jeunes (selon la définition internationale de la jeunesse qui englobe les 15-24 ans). Les défis posés par la jeunesse en Afrique sont immenses, mais les opportunités le sont tout autant. C'est également le cas au Sénégal.
Considérons d'abord les défis. Trop de jeunes entrent dans l'âge adulte aujourd'hui sans avoir bénéficié d'investissements suffisants dans leur capital humain. L'Indice du Capital Humain de la Banque mondiale repose sur six variables : (i) la probabilité qu'un enfant survive au-delà de l'âge de cinq ans (96 % au Sénégal selon les données de 2020) ; (ii) le nombre d’années de scolarisation qu'un enfant peut espérer avoir en moyenne à l'âge de 18 ans (7,3 ans) ; (iii) le niveau d'apprentissage qu'un enfant peut espérer acquérir en moyenne (412 sur une échelle où 625 représente le niveau le plus haut et 300 le plus bas) ; (iv) les années de scolarisation ajustées en fonction de l'apprentissage qu’un enfant put espérer avoir, une mesure combinant les deux mesures précédentes (4,8 ans) ; (v) le taux de survie des adultes (83 % survivent jusqu'à l'âge de 60 ans) ; et enfin (vi) la probabilité qu'un enfant ne soit pas atteint de retard de croissance en bas âge (81 %). Sur la base de ces six variables, la productivité attendue à l'âge adulte d'un enfant est estimée par rapport à la pleine productivité qui peut être espérée avec une éducation et une santé intégrale. L'estimation indique qu'un enfant né au Sénégal aujourd'hui pourrait n'atteindre que 42 % de son potentiel, ce qui est très faible.
Pour améliorer les opportunités qui se présentent aux jeunes, des investissements sont clairement nécessaires. Y a-t-il un soutien populaire à de tels investissements, et le cas échéant, quelles devraient être les priorités en matière d'investissements ? Une analyse des enquêtes Afrobaromètre publiée aujourd'hui par l'Institut International de l'UNESCO pour le Renforcement des Capacités en Afrique (UNESCO IIRCA) offre un éclairage sur ces questions (voir les Notes d'Information de l'IIRCA). Les données sont représentatives du niveau national. Les personnes ont été interrogées sur leur disposition à soutenir une hausse des impôts pour investir dans la jeunesse. Au Sénégal, plus de la moitié des répondants déclarent qu'ils soutiendraient effectivement une hausse des impôts en faveur des investissements dans la jeunesse, les jeunes étant légèrement plus enclins à le faire. En ce qui concerne les priorités en matière d'investissements, le questionnaire de l'enquête mentionne la création d'emplois, l'éducation, la formation professionnelle, les prêts pour les entreprises, les services sociaux (santé, médicaments), et une catégorie pour les individus déclarant que le gouvernement ne devrait pas dépenser dans ces domaines. L'emploi (création d'emplois) et d'autres programmes liés au travail sont, comme on pouvait s'y attendre, la principale priorité, mais l'éducation arrive ensuite, tandis que les services sociaux semblent moins prioritaires. Très peu de personnes interrogées déclarent que le gouvernement ne devrait pas dépenser dans les domaines précités.
Nous avons mentionné précédemment que les défis posés par la croissance démographique de la jeunesse en Afrique sont immenses, mais les opportunités le sont tout autant, grâce à l'initiative extraordinaire et à la créativité dont font déjà preuve de nombreux jeunes en Afrique. Afin de rendre hommage à la jeunesse africaine, l'IIRCA a interviewé une demi-douzaine de jeunes à la tête d'initiatives au service des autres : (1) Emmanuella Luanda Musafiri, une réfugiée de la République Démocratique du Congo vivant dans un camp de réfugiés en Ouganda ; (2) Jocelyne Cyiza Kirezi du Rwanda, qui travaille en tant que chercheuse pour VVOB, une organisation à but non lucratif dédiée à l'amélioration de la qualité de l'éducation en particulier en Afrique ; (3) Olga Tusala Katembo, bénévole au sein du Mouvement International ATD Quart Monde en République Centrafricaine, une organisation qui réalise un travail remarquable auprès des plus démunis y compris en leur donnant la parole ; (4) Ousseynou Gueye, fondateur de Polaris Asso, une organisation à but non lucratif au Sénégal qui soutient, entre autres, les jeunes filles et les femmes dans l'acquisition de compétences numériques ; (5) Rossette Kyakyo, fondatrice de l'organisation de réhabilitation et de développement de la Jeunesse des bidonvilles, une organisation à but non lucratif travaillant avec les jeunes des quartiers défavorisés de Kampala en Ouganda pour améliorer leurs conditions de vie ; et enfin (6) Zigwai Tagwai, une jeune nigérienne qui encourage la citoyenneté active dans les processus de gouvernance tout en travaillant aussi sur un projet de développement communautaire.
De nombreux autres jeunes auraient pu être interviewés, mais ces six entretiens illustrent l’impact que les jeunes ont déjà aujourd'hui sur tout le continent. Nous devons les soutenir en investissant dans leur avenir.
Dimitri Sanga est le Directeur du Bureau Régional de l'UNESCO pour l'Afrique de l'Ouest. Quentin Wodon est le Directeur de l'Institut International de l'UNESCO pour le Renforcement des Capacités en Afrique (UNESCO IICBA) à Addis-Abeba.
Considérons d'abord les défis. Trop de jeunes entrent dans l'âge adulte aujourd'hui sans avoir bénéficié d'investissements suffisants dans leur capital humain. L'Indice du Capital Humain de la Banque mondiale repose sur six variables : (i) la probabilité qu'un enfant survive au-delà de l'âge de cinq ans (96 % au Sénégal selon les données de 2020) ; (ii) le nombre d’années de scolarisation qu'un enfant peut espérer avoir en moyenne à l'âge de 18 ans (7,3 ans) ; (iii) le niveau d'apprentissage qu'un enfant peut espérer acquérir en moyenne (412 sur une échelle où 625 représente le niveau le plus haut et 300 le plus bas) ; (iv) les années de scolarisation ajustées en fonction de l'apprentissage qu’un enfant put espérer avoir, une mesure combinant les deux mesures précédentes (4,8 ans) ; (v) le taux de survie des adultes (83 % survivent jusqu'à l'âge de 60 ans) ; et enfin (vi) la probabilité qu'un enfant ne soit pas atteint de retard de croissance en bas âge (81 %). Sur la base de ces six variables, la productivité attendue à l'âge adulte d'un enfant est estimée par rapport à la pleine productivité qui peut être espérée avec une éducation et une santé intégrale. L'estimation indique qu'un enfant né au Sénégal aujourd'hui pourrait n'atteindre que 42 % de son potentiel, ce qui est très faible.
Pour améliorer les opportunités qui se présentent aux jeunes, des investissements sont clairement nécessaires. Y a-t-il un soutien populaire à de tels investissements, et le cas échéant, quelles devraient être les priorités en matière d'investissements ? Une analyse des enquêtes Afrobaromètre publiée aujourd'hui par l'Institut International de l'UNESCO pour le Renforcement des Capacités en Afrique (UNESCO IIRCA) offre un éclairage sur ces questions (voir les Notes d'Information de l'IIRCA). Les données sont représentatives du niveau national. Les personnes ont été interrogées sur leur disposition à soutenir une hausse des impôts pour investir dans la jeunesse. Au Sénégal, plus de la moitié des répondants déclarent qu'ils soutiendraient effectivement une hausse des impôts en faveur des investissements dans la jeunesse, les jeunes étant légèrement plus enclins à le faire. En ce qui concerne les priorités en matière d'investissements, le questionnaire de l'enquête mentionne la création d'emplois, l'éducation, la formation professionnelle, les prêts pour les entreprises, les services sociaux (santé, médicaments), et une catégorie pour les individus déclarant que le gouvernement ne devrait pas dépenser dans ces domaines. L'emploi (création d'emplois) et d'autres programmes liés au travail sont, comme on pouvait s'y attendre, la principale priorité, mais l'éducation arrive ensuite, tandis que les services sociaux semblent moins prioritaires. Très peu de personnes interrogées déclarent que le gouvernement ne devrait pas dépenser dans les domaines précités.
Nous avons mentionné précédemment que les défis posés par la croissance démographique de la jeunesse en Afrique sont immenses, mais les opportunités le sont tout autant, grâce à l'initiative extraordinaire et à la créativité dont font déjà preuve de nombreux jeunes en Afrique. Afin de rendre hommage à la jeunesse africaine, l'IIRCA a interviewé une demi-douzaine de jeunes à la tête d'initiatives au service des autres : (1) Emmanuella Luanda Musafiri, une réfugiée de la République Démocratique du Congo vivant dans un camp de réfugiés en Ouganda ; (2) Jocelyne Cyiza Kirezi du Rwanda, qui travaille en tant que chercheuse pour VVOB, une organisation à but non lucratif dédiée à l'amélioration de la qualité de l'éducation en particulier en Afrique ; (3) Olga Tusala Katembo, bénévole au sein du Mouvement International ATD Quart Monde en République Centrafricaine, une organisation qui réalise un travail remarquable auprès des plus démunis y compris en leur donnant la parole ; (4) Ousseynou Gueye, fondateur de Polaris Asso, une organisation à but non lucratif au Sénégal qui soutient, entre autres, les jeunes filles et les femmes dans l'acquisition de compétences numériques ; (5) Rossette Kyakyo, fondatrice de l'organisation de réhabilitation et de développement de la Jeunesse des bidonvilles, une organisation à but non lucratif travaillant avec les jeunes des quartiers défavorisés de Kampala en Ouganda pour améliorer leurs conditions de vie ; et enfin (6) Zigwai Tagwai, une jeune nigérienne qui encourage la citoyenneté active dans les processus de gouvernance tout en travaillant aussi sur un projet de développement communautaire.
De nombreux autres jeunes auraient pu être interviewés, mais ces six entretiens illustrent l’impact que les jeunes ont déjà aujourd'hui sur tout le continent. Nous devons les soutenir en investissant dans leur avenir.
Dimitri Sanga est le Directeur du Bureau Régional de l'UNESCO pour l'Afrique de l'Ouest. Quentin Wodon est le Directeur de l'Institut International de l'UNESCO pour le Renforcement des Capacités en Afrique (UNESCO IICBA) à Addis-Abeba.