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Pillage des océans d'Afrique de l'Ouest : encore et toujours les multinationales de la pêche avec la complicité des gouvernements


Rédigé le 13 Octobre 2020 à 16:31 | 0 commentaire(s) modifié le 15 Octobre 2020 - 18:57

Massamba Ndakhté Gaye
Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations... En savoir plus sur cet auteur

(Equonet-Dakar) - Un nouveau rapport de Greenpeace expose comment les gouvernements d’Afrique de l’ouest ont continué de permettre le pillage systématique des océans par les navires des entreprises de pêche multinationales et l'industrie de la farine et de l'huile de poisson.


C’est un véritable paradoxe que soulève le rapport de Greenpeace intitulé "Mal de mer: pendant que l’Afrique de l’Ouest est verrouillée par la Covid19, ses eaux restent ouvertes au pillage". En effet selon le rapport, c’est au moment où l'économie mondiale est en récession y compris la région ouest-africaine, que l'industrie de la farine et de l'huile de poisson se développe en utilisant les stocks de poissons locaux pour produire de la nourriture pour les animaux de compagnie, les porcs et les poissons de l'industrie de l'aquaculture en Europe et en Asie, au détriment des populations vulnérables d'Afrique de l'Ouest.

De quoi inquiéter Dr Aliou Bâ, conseiller politique pour la campagne océan à Greenpeace océan, qui demande aux gouvernements d'Afrique de l'Ouest de travailler ensemble pour fermer ces usines pour de bon.

Selon M. Bâ, le rapport de Greenpeace est basé sur l'observation de navires de pêche et des usines de farine et de l'huile de poisson au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie de mars 2020 à fin juillet 2020, période durant laquelle les mesures de confinement dues á  la pandémie de COVID-19 ont été introduites dans les pays d'Afrique de l'Ouest. Ce que Mor Mbengue, militant et membre de la Plateforme des pêcheurs artisanaux de la pêche du Sénégal (PAPAS) a du mal à comprendre.

«Permettre la poursuite des activités des usines de farine de poisson pendant le confinement est vraiment un problème car cela a un impact sur l'approvisionnement en poisson des populations locales et crée une concurrence déloyale entre les usines et les femmes transformatrices de poisson, qui sont touchées par les mesures de confinement», a-t-il déclaré.  

Sur la base des données du système d'identification automatique (AIS) utilisé pour les navires dans le monde entier, les recherches de Greenpeace Afrique confirment qu'au moins huit navires de pêche industrielle ont participé à des activités douteuses au cours de la période observée.

«Tous portent le nom de Fu Yuan Yu et il a été observé qu'ils affichaient des activités suggérant qu'ils pêchaient dans la zone économique exclusive (ZEE) sénégalaise alors qu'il était impossible de vérifier si leur licence avait été obtenue dans le respect des règles et procédures. Dans d'autres cas, les navires semblaient utiliser une vieille astuce pour dissimuler leur position en manipulant les données de leur AIS», révèle le rapport.    

Greenpeace conclu son rapport en demandant la fermeture définitive des usines de farine et d’huile de poisson opérant en Afrique de l'Ouest, à l'exception de celles utilisant exclusivement les déchets issus de la transformation des poissons inaptes à la consommation humaine.

Greenpeace demande également la publication de la liste complète des navires autorisés à pêcher dans tous les pays de la Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP), un statut officiel pour les femmes transformatrices de poisson ainsi qu'une réforme du processus d'octroi de licences de pêche au Sénégal afin d'améliorer la transparence et l'inclusion du secteur artisanal dans le processus de prise de décision.

Enfin, Greenpeace appelle tous les gouvernements de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à adopter un plan régional de gestion durable des pêches, en mettant l'accent sur l'état de surexploitation des stocks pélagiques.
 



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