transparence et traçabilité des revenus pétroliers et gaziers : autorités sénégalaises et opérateurs privés à l’épreuve de la divulgation des données


Rédigé le 17 Juin 2024 à 01:12 | 0 commentaire(s) modifié le 19 Juin 2024 11:10

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

(Equonet Energies-Dakar) – Après la production du premier baril de pétrole à partir du champ de Sangomar, les dirigeants font maintenant face à des défis majeurs de divulgation des données.


Divulgation de données sur les émissions de gaz à effet de serre. Suivi et vérification de l’exactitude des données de production et d’exportation. Finalisation des missions dédiées à l’audit des coûts pétroliers des projets Sangomar et Grand Tortue Ahmeyim (Gta). Divulgation périodique et exhaustive d’informations essentielles en vue de garantir la traçabilité des revenus pétroliers et gaziers dans le Budget de l’Etat. Bonne répartition et encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation pétrolière et gazière.
 
Voilà autant de défis auxquels les autorités sénégalaises et les opérateurs pétroliers et gaziers devront maintenant faire face après l’annonce la production du premier baril de pétrole à partir du champ de Sangomar.
 
Ce sera une épreuve difficile pour ces dirigeants qui ont l’habitude de cacher au grand public les chiffres en contradiction avec les principes et règles de la transparence et de gouvernance du secteur extractif.
 
Conscient de cette situation de faite, le Comité national Initiative pour la transparence dans l’industrie extractive (Cn-ITIE), par voie de presse, interpelle ces dirigeants sur leurs devoirs de transparence dans la gouvernance du secteur.
 
Ainsi, à l’endroit de l’Etat, il lui recommande de continuer à insister sur la bonne répartition et à l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation pétrolière et gazière. Il l’invite également à procéder à une divulgation périodique et exhaustive d’informations essentielles en vue de garantir la traçabilité des revenus pétroliers et gaziers dans le Budget de l’Etat. Il encourage aussi les autorités à finaliser les missions dédiées à l’audit des coûts pétroliers des projets SANGOMAR et Grand Tortue Ahmeyim.
 
En ce qui concerne particulièrement le ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines et le groupe PETROSEN, il les appelle à divulguer la manière dont ils suivent et vérifient l’exactitude des données de production et d’exportation.
 
En direction de l’opérateur Woodside Energy, le CN-ITIE l’invite, au nom de la transparence environnementale, à divulguer les chiffres sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) conformément aux principales normes de divulgation existantes.
 
 Son appel sera-t-il entendu et appliqué ?
  
Rappel de données
 
 Le CN-ITIE rappelle que les réserves du projet Sangomar, situées à 90 km au sud de Dakar et développées par la société opérante, Woodside Energy et Petrosen, sont estimées à environ 630 millions de barils de pétrole brut et 2,4 TCF (113 milliards de Nm3) de gaz naturel.
 
Woodside possède 82% des parts des blocs de Rufisque, Sangomar Offshore et de Sangomar offshore profond. Les 18% restants sont détenus par PETROSEN, société nationale appartenant à 100% à ’Etat du Sénégal.
 
La production de pétrole, à partir du champ de Sangomar, sera assurée par une Installation flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO), dénommé Léopold Sédar Senghor.
 
S’appuyant sur les chiffres de PETROSEN, ITIE Sénégal signale que le FPSO dispose d’une capacité de stockage de 1 300 000 barils et assurera une production journalière pouvant aller jusqu’à 100 000 barils / jour de brut.
 
« Les parts de l’État varieront en fonction de la production journalière définie tenant compte des dispositions de l’article 22 du Contrat de Recherche et de Partage de Production (CRPP) », souligne-t-il. « En effet, les divers scenarii de recouvrement des coûts pétroliers et de partage de la production sont prédéfinis dans les CRPP disponibles sur le site de l’ITIE Sénégal », explique-t-il.
 
Par ailleurs, l’Etat du Sénégal a adopté une loi n° 2022-09 du 19 avril 2022 relative à la répartition et l’encadrement de la gestion des recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures. Au maximum 90% des recettes du secteur pétrolier et gazier seront affectées au budget général, et un minimum de 10% sera dédié à l’alimentation du Fonds intergénérationnel.
 
Selon ITIE Sénégal, le surplus de recettes résultant de la différence entre les recettes projetées et celles effectivement encaissées constituera le Fonds de stabilisation, et sera réconcilié à la fin de chaque trimestre.
 
 


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