sénégal : du lubrifiant et du carbone dans les champs de baobabs de sandiara


Rédigé le 25 Aout 2023 à 12:19 | 0 commentaire(s) modifié le 28 Aout 2023 18:05

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

(Equonet-Dakar) – Dans les champs de baobabs de Sandiara poussent des produits énergétiques issus du recyclage des pneus et de l’aluminium usés et jetés.


Dans les champs de baobab de la commune de Sandiara où la mairie a mis en place une zone économique spéciale (ZES) d’une superficie de 100 hectares non encore aménagée, d’ailleurs la seule à être créée par une commune, poussent des sociétés de divers secteurs de l’économie.

Hercules global Sarl, une société de fabrication se démarque du lot avec la construction d'une usine de recyclage d'aluminium et de pneus. Construite sur une superficie d’environ 2 hectares, l’usine n’est pas difficile d’accès. Une piste construite au milieu des arbustes facilite la tâche de s’y rendre.

Aller à sa rencontre dans son grand bureau modeste, décoré de quelques produits énergétiques issus du recyclage, le directeur général, Manoj Solanki, un jeune indien d’une quarantaine d’années, en compagnie de ses collaborateurs, précise d’abord à equonet que l'usine abrite trois départements : une unité de mélange de lubrifiants d'une capacité de trois millions de tonnes par an ; une usine transformant des pneus en poudre de noir de carbone ; et une usine d'alliages d'aluminium d'une capacité de 10 000 tonnes métriques par an.

D’une capacité de production de 10.000 tonnes métriques, l’usine d’alliages d’aluminium ne produit actuellement qu’entre 400 à 500 tonnes par mois en raison de la rareté des matières premières locales.

La deuxième usine transforme l'huile moteur en lubrifiants automobiles tandis que la troisième transforme les pneus en poudre noir de carbone et du fuel en utilisant une technologie de pointe. 

Alors que les produits de recyclage de l'aluminium sont destinés à la vente aux fabricants de voitures comme Toyota, les produits de récupération des pneus sont recyclés et vendus aux cimenteries uniquement à l'intérieur du Sénégal en même temps que l’huile. Quant au fuel, c’est une source d’énergie qui fait tourner les machines de l’usine.

« Nous nettoyons le pays », s’est réjouis M. Solanki faisant allusion à l’achat des pneus et aluminium usés jetés dans les rues. « C’est une opportunité de marché pour les jeunes qui brûlent les pneus dans les manifestations de rue. Ils peuvent collecter ces pneus usés jetés dans les rues et nous les vendre », a-t-il lancé en direction des manifestants.

La décision de Solanki de monter une usine de recyclage au Sénégal a été largement attribuée à une niche de marché. « En mission de prospection, j'ai remarqué que le Sénégal n'avait pas sa propre industrie de fabrication de lubrifiants. J'ai vu le potentiel d'en établir un ici et d'approvisionner également les pays voisins », a expliqué Solanki.

« Nous sommes en réflexion sur les possibilités de vente de lubrifiants dans des pays comme le Burkina Faso, le Mali et la Gambie. Dans les années à venir, nous ouvrirons des showrooms et étendrons notre présence dans la région », a déclaré Solanki.

A cela, le Dg d’Hercules y ajoute la position stratégique du Sénégal, sa gouvernance stable et les efforts de l'actuel maire de Sandiara, Serigne Gueye Diop, pour développer le marché intérieur sénégalais et créer des emplois.

Mais faudrait-il au préalable que les contraintes liées aux délestages, la cherté de l’électricité et des matières premières soient levées. Et la solution envisagée par M. Solanki est de produire leur propre électricité.

En matière de recyclage, le Dg d’Hercules n’est pas à sa première expérience. D’après lui, il s’est implanté dans d’autres pays d’Afrique, notamment en Angola et au Nigéria sous une autre marque.

Terre d’espoir pour l’emploi salarié

Implanté au Sénégal depuis moins de deux, il fait état de la création d’une centaine d’emplois locaux. C’est d’ailleurs le premier impact attendu de la ZES, ainsi que le souligne Malick Gaye, deuxième adjoint au maire.  

« Le premier impact que nous cherchons avec la mise en place de la ZES, c’est l’emploi. Des milliers d’emplois non qualifiés sont créés au niveau de la zone dont une bonne partie est issue de la population de Sandiara. La commune est devenue une terre d’espoir. Les gens peuvent se lever et aller chercher du travail et le trouver dans cette zone », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à equonet. « Pour régler le problème de l’emploi au Sénégal, il faut tourner vers l’industrie, le seul secteur qui peut résoudre ce problème », a-t-il ajouté.

Un autre effet attendu de la ZES, c’est d’attirer les investisseurs. A cet égard, M. Gaye signale qu’une trentaine d’entreprises sont actuellement enregistrées dans la ZES et ont payé leurs pas de porte. « Mais en termes d’installation, nous avons 16 usines qui fonctionnent et en cours de construction », a-t-il précisé.

Mais le niveau de représentativité des entreprises sénégalaises est très marginal (moins de 5 entreprises). Lui-même reconnaît qu’elles ne sont pas nombreuses. Il justifie cette faiblesse par la particularité des ZES qui visent les Investissements directs étrangers (IDE).

« N’empêche qu’il y a des privés sénégalais qui sont déjà enregistrés ou bien installés. Aujourd’hui, deux entreprises sénégalaises sont installées. Mais il y en a d’autres Sedima et Laiterie du Berger », fait-il savoir.

La commune de Sandiara (arrondissement de Séssène, département de Mbour, région de Thiès au Sénégal) est sur la nationale 1 à 100 km de Dakar, à 45 km de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, et à 20 km de la station balnéaire de Saly PortudalElle compte 22 villages et 8 hameaux. Sa population est de 28 430 habitants et sa superficie est de 198, 2 km2. Elle compte parmi les meilleures terres agricoles du Sénégal. Chaque village possède un forage et un périmètre maraîcher de 4 à 15 ha. L’agriculture et l’élevage y sont les activités principales.


Dans la même rubrique :