or : pourquoi la corrélation négative avec les taux réels ne fonctionne plus ?


Rédigé le 25 Janvier 2025 à 12:57 | 0 commentaire(s) modifié le 27 Janvier 2025 11:02


(Equonet Energies-Dakar) - L’or enchaine les records ces derniers mois, et ce malgré la hausse des taux d’intérêts réels, qui historiquement défavorisait le métal jaune. Entre l’incertitude géopolitique et les achats des banques centrales, la cible de 3 000 dollars l’once est en ligne de mire.


La valeur refuge par excellence qui fait mieux que le S&P500. C’était l’une des belles histoires de 2024. L’or a en effet progressé de 27% en 2024 contre un modeste 23% pour l’indice phare de la Bourse de New-York. L’or n’est donc pas tout à fait où on l’attend et son évolution déjoue la corrélation historique avec les taux d’intérêt réels.

Relation historiquement négative

Historiquement, on observe une relation négative entre les taux d’intérêt réels (taux nominaux moins l’inflation) et l’or. En effet, l’or étant un actif sans rendement, plus les taux sont bas (et donc moins il y a de rendement sur les obligations), plus il est intéressant de détenir de l’or. Inversement plus les taux sont hauts, moins il est intéressant de détenir de l’or.

Depuis 2022 et le début du cycle de resserrement monétaire (ce qui nous parait être dans une autre vie tant les débats sur les baisses de taux animent nos journées), cette corrélation ne fonctionne plus. Dans le sillage de la Fed qui a commencé en juillet 2022 à remonter ses taux directeurs, les taux longs sont remontés. Mais l’or est monté de concert. Ainsi, l’or a continué de battre ses records tandis que les taux longs (le 10 ans américain étant la référence en la matière) ont atteint des niveaux plus vus depuis la période précédant la crise de 2008.

Incertitudes

Plusieurs éléments peuvent expliquer que cette relation ne fonctionne plus. D’abord, l’or est la valeur refuge par excellence. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’incertitude est montée d’un cran ces dernières années. Sur le plan géopolitique, entre le retour de la guerre en Europe et un Moyen-Orient sans dessous dessus, les tensions sont fortes. Sans oublier le détroit de Taïwan où la pression chinoise s’accentue chaque année. Ensuite, les déficits sont élevés dans beaucoup de pays à travers le monde. De la France et son déficit que personne ne sait estimer, aux Etats-Unis où personne ne semble vraiment s’en inquiéter (pitié faites sauter ce plafond de la dette), l’or peut apparaitre comme une sorte de refuge contre cette dévaluation des monnaies qui ne dit pas son nom.

Les banques centrales remplissent leurs coffres

La raison principale de la hausse de l’or vient sans doute d’un mécanisme beaucoup plus simple. Le prix de l’or dépend, comme tout autre actif, de l’équilibre offre/demande. Sur ce marché, les banques centrales sont des acheteurs importants (environ un quart de la demande) et celles-ci ont nettement augmenté leurs réserves depuis près de trois ans maintenant. La hausse des achats par les banques centrales correspond à peu près au déclenchement de la guerre en Ukraine. Les sanctions occidentales qui ont suivi et gelé des milliards de dollars d’actifs ont poussé nombre de banques centrales à se désensibiliser du dollar, donc à diminuer le poids du dollar dans leurs réserves. Ainsi, la Chine et la Russie ont été les principaux acheteurs sur le marché de l’or.

 

A cela s’ajoute la forte demande des particuliers en Asie. Depuis 2024, les ménages chinois et indiens ont sensiblement accru leurs investissements en or hors joaillerie (respectivement +68% et +19%, entre le Q1 2024 et le Q1 2023, selon le World Gold Council), pour diversifier leurs actifs. En Inde, parce que la capacité d’épargne a augmenté. En Chine, parce que les marchés immobiliers et actions ont connu des baisses sensibles.

Pour les mois à venir, le consensus sur l’or est clairement haussier. Nombre de stratégistes ont en ligne de mire la cible des 3 000 dollars. Pour toutes les raisons précédemment évoquées et parce que c’est toujours bien d’afficher un gros chiffre.

Source : Zone Bourse

Antoine Alves d'Oliveira


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