objectif d’efficacité énergétique 2030 : les pays sur la mauvaise piste


Rédigé le 11 Novembre 2024 à 15:37 | 0 commentaire(s) modifié le 13 Novembre 2024 13:31

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

(Equonet Energies-Dakar) – Les pays traînent les pieds après avoir pris l’engagement lors de de la COP28 de doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030.


Les pays qui se sont engagés à l’échelle mondiale lors de la COP28 de doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030 ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre cet objectif. C’est ce qui ressort de l’analyse de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). 

Selon le rapport annuel de l'AIE sur l'évolution de l'efficacité énergétique dans le monde, l'intensité énergétique primaire mondiale - une mesure de l'efficacité - devrait s'améliorer d'environ 1 % en 2024. Il s'agit du même taux qu'en 2023 et d'environ la moitié du taux moyen entre 2010 et 2019. Lors de la conférence sur le changement climatique COP28 à Dubaï l'année dernière, près de 200 pays ont convenu de doubler le taux de progrès, ce qui signifierait le faire passer de 2 % en 2022 à 4 % d'ici 2030. 
 
Le nouveau rapport montre que les gouvernements du monde entier progressent en matière de politiques, ceux qui représentent plus de 70 pour cent de la demande énergétique mondiale mettant en œuvre de nouvelles politiques d’efficacité énergétique ou en actualisant celles-ci en 2024. 

Il cite en exemples l’Union européenne qui a révisé sa réglementation pour parvenir à un parc immobilier à zéro émission d’ici 2050 ; la Chine a révisé ses normes relatives aux appareils électroménagers et renforcé ses objectifs nationaux en matière d’efficacité énergétique ; les États-Unis ont renforcé leurs normes de consommation de carburant pour les véhicules lourds ; et le Kenya a rendu son code du bâtiment obligatoire pour garantir que tous les nouveaux bâtiments soient plus efficaces. 

Dans ces cas de bonnes pratiques, la bonne dynamique dans l’enracinement durable de l’efficacité énergétique au Sénégal mérite aussi d’être soulignée en raison des importants gains énergétiques et financiers réalisés depuis 2022. En effet, selon le rapport 2022 de l’Agence pour l’économie et la maîtrise d’énergie (AEME), les économies réalisées sont évaluées à 73,105 Gwh sur les consommations finales d’énergie, 15,402 milliards FCFA sur les dépenses d’électricité et 51.173 tonnes de CO2 sur les émissions de gaz à effet de serre.  

Cependant, pour s’aligner sur les objectifs mondiaux, de nouvelles politiques doivent être mises en place plus rapidement dans le monde entier, et de nombreuses politiques existantes doivent être renforcées, selon le rapport. 

« L’efficacité énergétique est un pilier essentiel des transitions énergétiques sûres, abordables et inclusives. L’AIE travaille plus étroitement que jamais avec les gouvernements du monde entier pour s’assurer qu’elle reste une priorité politique absolue », a déclaré le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol. « Heureusement, les politiques et les technologies permettant d’accélérer les progrès en matière d’efficacité sont aujourd’hui facilement disponibles, et de nombreux gouvernements prennent des mesures importantes en ce sens. Nous espérons voir désormais des réponses politiques plus rapides et plus fortes dans le monde entier. »

Afin d'accroître la visibilité sur l'efficacité énergétique et de soutenir les progrès vers l'objectif mondial de doublement de la consommation énergétique, l'AIE a lancé récemment un nouvel outil de suivi des progrès en matière d'efficacité énergétique , parallèlement au rapport. Il étend l'analyse d'Efficacité énergétique 2024 pour fournir des informations détaillées via les indicateurs régionaux les plus récents sur l'intensité énergétique, la demande et les niveaux d'électrification. Cela complète le soutien analytique plus large de l'Agence aux gouvernements, comme les boîtes à outils de l'AIE sur les politiques d'efficacité énergétique qui sont publiées chaque année.

Selon le nouveau rapport, d’importants progrès méritent d’être notés, notamment dans les principales économies émergentes et dans les taux de déploiement croissants à l’échelle mondiale des pompes à chaleur et des véhicules électriques, qui consomment généralement beaucoup moins d’énergie que les technologies qu’ils remplacent.

Toutefois, pour améliorer l’efficacité énergétique, il faudra investir beaucoup plus. Les investissements dans les technologies à haut rendement énergétique ont augmenté de 4 pour cent en 2024 et sont en passe d’atteindre le chiffre record de 660 milliards de dollars, selon le rapport. 

Une nouvelle analyse de l’AIE révèle que les technologies à haut rendement ne coûtent pas nécessairement plus cher à l’achat que celles qui le sont moins – et coûtent souvent beaucoup moins cher sur toute leur durée de vie, car elles sont moins chères à faire fonctionner. Les climatiseurs les plus performants, par exemple, peuvent permettre d’économiser jusqu’à 40 pour cent du coût total par rapport aux climatiseurs inefficaces.


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