le sénégal et le cameroun ont dépassé le nigeria pétrolier en richesse par habitant en 2023


Rédigé le 25 Juin 2024 à 12:43 | 0 commentaire(s) modifié le 27 Juin 2024 00:20


(Equonet Energies-Dakar) - Une évolution due à un dynamisme économique largement supérieur depuis de nombreuses années, et qui concerne également d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.


-------------------------Selon les dernières données semestrielles fournies par le FMI, en avril dernier, le Sénégal et le Cameroun affichaient respectivement un PIB par habitant de 1 730 et 1 710 dollars en 2023, contre 1 690 pour le Nigeria. Ainsi, ces deux pays rejoignent la Côte d’Ivoire et la Mauritanie qui avaient dépassé le Nigeria en 2020 et en 2021, respectivement, et dont le PIB par habitant s’élevait à 2 570 et 2 380 dollars en 2023.
 
Une grande performance due à un dynamisme économique plus important
 
Cette évolution constitue une performance assez impressionnante, compte tenu des maigres richesses naturelles non renouvelables du Sénégal et du Cameroun en comparaison avec celles du Nigeria, premier producteur africain de pétrole et troisième pour le gaz naturel. En effet, et à titre d’exemple, le Cameroun a extrait en moyenne 20 fois moins de pétrole au cours de la décennie 2014-2023 (et près de 23 fois moins en 2023, avec une production d’environ 54 000 barils par jour, seulement, contre un peu plus de 1,2 million), tandis que le Sénégal avait une production encore inexistante en la matière. Ce dernier a ainsi réussi l’exploit de dépasser le Nigeria avant même de commencer à produire la moindre goutte ou le moindre mètre cube d’hydrocarbures, dont l’extraction vient tout juste de commencer.
 
Une grande performance qui résulte donc d’un dynamisme économique supérieur, et qui s’est naturellement traduit par une croissance économique bien plus forte au cours des dernières années. En effet, et sur la période décennale 2014-2023, la croissance économique annuelle a été de 5,3 % en moyenne pour le Sénégal et de 3,9 % pour le Cameroun, alors qu’elle n’a été que de 2,0 % au Nigeria.
 
Ainsi, le Sénégal et le Cameroun ont rejoint la Côte d’Ivoire et la Mauritanie qui avaient assez récemment dépassé le Nigeria, grâce à des taux de croissance annuels de 6,5 % et 3,2 %, respectivement, sur les dix dernières années, et avec une accélération récente pour la Mauritanie. Si cela n’a pas été une grande surprise pour la Mauritanie, grand pays minier tout en étant très faiblement peuplé, cela fut en revanche un véritable exploit pour la Côte d’Ivoire, compte tenu du fait qu’elle a produit, selon les années, de 40 à 60 fois moins de pétrole que le Nigeria au cours de la même période… tout comme elle a extrait six fois moins de pétrole et trois à quatre fois moins d’or que le Ghana voisin, qu’elle a également dépassé pour devenir le pays le plus riche de toute l’Afrique de l’Ouest continentale. Par ailleurs, et selon les projections du FMI, la richesse par habitant du Nigeria devrait une nouvelle fois baisser en 2024, et le pays devrait donc également être devancé, dès cette année, par le Bénin et la Guinée qui ont enregistré une croissance annuelle de 5,5 % et 5,7 %, respectivement, sur la décennie 2014-2023, et dont le PIB par habitant a atteint 1 410 et 1 530 dollars, respectivement, au terme de la décennie.
 
Ces différents éléments sont d’ailleurs l’occasion de rappeler que l’Afrique francophone est globalement la partie économiquement la plus dynamique du continent, ainsi que la partie la plus industrialisée, la moins touchée par l’inflation, la moins endettée, ou encore historiquement la moins concernée par corruption, par la violence, les guerres et les conflits ethniques. À titre d’exemple, l’Afrique subsaharienne francophone, vaste ensemble de 22 pays, a réalisé en 2023 le niveau de croissance économique le plus élevé d’Afrique subsaharienne pour la dixième année consécutive et la onzième fois en douze ans selon les dernières données du FMI (qui confirme la tendance pour cette année 2024), et a enregistré un taux de croissance annuel de 3,6 % en moyenne sur la période décennale 2014-2023 - et même de 4,0 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale, contre seulement 1,9 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne (soit un rythme inférieur même à sa croissance démographique). Un dynamisme que l’on retrouve également au Maghreb, où l’Algérie par exemple, et bien qu’handicapée par une population près de cinq fois inférieure, devrait réussir l’exploit de dépasser le Nigeria au cours de cette année en termes de PIB nominal (la valeur du PIB nominal dépendant en bonne partie de la démographique, ce qui avantage mécaniquement les pays les plus peuplés dans les classements en la matière, même s’ils sont particulièrement sous-développés).
 
De même, et concernant l’industrialisation, la Banque africaine de développement a révélé dans son dernier rapport, publié en novembre 2022, que le Sénégal était le pays le plus industrialisé de toute l’Afrique de l’Ouest (classé en septième position sur le continent, devant le Nigeria), que la Côte d’Ivoire avait de son côté dépassé le Ghana (13e et 14e, respectivement), que le Gabon, devenu pays le plus riche d’Afrique continentale, dépassait le Botswana, deuxième pays le plus riche et deuxième producteur mondial de diamants après la Russie (occupant respectivement les 12e et 17e places), que la RDC (16e) ou le Cameroun (14e) se classaient devant l’Éthiopie (25e), l’Angola (34e) et le Rwanda (35e), ou encore qu’il n’y avait qu’un seul pays francophone parmi les six derniers pays du classement (en intégrant le Soudan du Sud et la Somalie, si peu développés qu’il ne sont pas mentionnés). Par ailleurs, le Maroc se plaçait en deuxième position continentale après l’Afrique du Sud, avec un écart si faible qu’il vient probablement de la dépasser, compte tenu du déclin continu de ce géant minier qui n’a réalisé qu’un taux de croissance annuel de 0,7 % en moyenne sur la décennie de 2014-2023, et qui souffre notamment de très fréquents délestages en matière de fourniture d’électricité, dépassant parfois les dix heures par jour (alors qu’ils sont inexistants au Maroc).
 
Ainsi, et bien qu’étant historiquement la partie globalement la moins dotée en richesses naturelles non renouvelables du continent, l’Afrique francophone a globalement réussi à rattraper son retard et à devancer désormais le reste du continent, grâce à son dynamisme économique supérieur. Par conséquent, et au lieu de s’inspirer de la naïveté stratégique, tant économique que géopolitique, des acteurs politiques et économiques des pays francophones du Nord (contrairement aux Anglo-Saxons et autres anglophones qui imposent toujours leur langue, même lorsqu’ils sont en situation défavorable, ou encore aux Chinois qui affichent toujours en grand leur langue, même lorsque personne ne la parle), les francophones du Sud devraient s’atteler, au nom de leurs propres intérêts supérieurs, économiques et géopolitiques, à faire la promotion de leur langue française et à imposer sa présence et le respect de son statut de langue officielle ou co-officielle dans les différentes organisations panafricaines et lors et des différents événements économiques, sportifs ou culturels continentaux (sommets, foires et salons, sites internet, affichages publicitaires dans les stades…). Et ce, d’autant plus qu’ils appartiennent à l’espace linguistique le plus dynamique démographiquement au monde, dont la population a atteint 569,3 millions d’habitants début 2024 (sans compter les personnes sachant parler français ailleurs dans le monde, à différents degrés). L’espace francophone avait d’ailleurs dépassé le monde hispanophone il y a une douzaine d’années, et dont la population est estimée à 482,4 millions d’habitants début 2024.

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Ilyes Zouari


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