la « disparition en silence » de vastes pâturages menace le climat, l’alimentation et le bien-être (cnuld)


Rédigé le 23 Mai 2024 à 00:15 | 0 commentaire(s) modifié le 27 Mai 2024 01:15


(Equonet Energies-Dakar) - Jusqu’à 50 % des pâturages sont dégradés, mettant en péril 1/6 de l’approvisionnement alimentaire de l’humanité, 1/3 du réservoir de carbone de la terre.


La dégradation de vastes et souvent immenses pâturages naturels de la planète, due à la surexploitation, à la mauvaise utilisation, aux changements climatiques et à la perte de biodiversité, constitue une grave menace pour l'approvisionnement alimentaire de l'humanité et le bien-être ou la survie de milliards de personnes, prévient l’ONU dans un rapport sévère rendu public aujourd'hui. 

Les auteurs du rapport thématique intitulé « Regards et perspectives sur les terres du monde - Rapport thématique sur le pastoralisme et les pâturages », lancé à Oulan-Bator, en Mongolie par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), affirment que jusqu'à 50 % des pâturages sont dégradés. 

Les conséquences de ce problème sont notamment une baisse de la fertilité et des nutriments du sol, l'érosion, la salinisation, l'alcalinisation et le compactage du sol qui entrave la croissance des plantes. Tout cela contribue à la sécheresse, aux fluctuations des précipitations et la perte de biodiversité, tant en surface qu’en profondeur. 

Le problème est dû en grande partie à la conversion des pâturages en terres cultivées et à d'autres changement dans l'utilisation des terres résultant de la croissance démographique et de l'expansion urbaine, mais aussi l’augmentation rapide de la demande de denrées alimentaires, fibres et carburant, du pâturage excessif  et de politiques qui encouragent la surexploitation.

Qu'est-ce que les pâturages ?

Les pâturages représentent une catégorie de couverture terrestre qui se compose principalement des prairies naturelles utilisées par le bétail et les animaux sauvages pour paître et se nourrir. 

Ils comprennent également les savanes, zones arbustives, zones humides, toundras et déserts. 

Mises ensemble, ces terres représentent 54 % de la couverture terrestre totale, soit un sixième de la production alimentaire mondiale et près d’un tiers du réservoir de carbone de la planète.

« Lorsque nous abattons une forêt, lorsque nous voyons tomber un arbre centenaire, cela entraine à juste titre une réaction émotionnelle chez nombre d’entre nous. La conversion d’anciens pâturages, en revanche, se fait en « silence » et ne génère que peu de réaction de la part du public », a déclaré le secrétaire exécutif de la CNULCD, Ibrahim Thiaw.

« Malheureusement, ces vastes paysages ainsi que les éleveurs pastoraux et éleveurs de bétail qui dépendent d’eux sont généralement sous-appréciés », a ajouté M. Thiaw. « Bien que l’on estime leur nombre à un demi-milliard d’individus dans le monde, les communautés pastorales sont souvent négligées, ne peuvent faire entendre leur voix dans la formulation des politiques qui affectent directement leurs moyens de subsistance, sont marginalisées et même souvent considérées comme des étrangers dans leur propre pays. » 

Le ministre mongol de l'Environnement, son excellence Bat-Erdene Bat-Ulzii, a déclaré : « En tant que gardienne des plus grandes prairies d'Eurasie, la Mongolie a toujours été prudente dans la transformation des pâturages. Les traditions mongoles sont fondées sur l'appréciation des limites des ressources, qui définissent la mobilité comme une stratégie, établissent des responsabilités partagées sur les terres et fixent des limites à la consommation. Nous espérons que ce rapport aidera à attirer l'attention sur les pâturages et sur leurs nombreuses et immenses richesses - culturelles, environnementales et économiques, qui ne peuvent être surestimées. Si ces pâturages ne peuvent subvenir aux besoins d’un nombre considérable de personnes, vers quelles alternatives peuvent-elles se tourner ? ».

equonet


Dans la même rubrique :