en guinée-bissau, la reconstruction de digues est une source de nouveaux revenus


Rédigé le 5 Septembre 2023 à 13:32 | 0 commentaire(s) modifié le 6 Septembre 2023 13:21


(Equonet-Dakar) - Un projet de travail contre rémunération aide les agriculteurs à reconstruire des infrastructures et améliore leurs moyens de subsistance après la pandémie.


 

La scène se déroule dans la région d’Oio, en Guinée-Bissau. Manuel Bidan Santa et une vingtaine d’autres hommes font passer de main en main des sphères d’argile, chacune aussi grosse qu’un ballon de football. Ils sont immergés dans cette matière semblable à de la boue, qui sèche rapidement sous le soleil brûlant de midi. L’argile passe d’une personne à l’autre, chaque sphère un temps suspendue dans les airs. Quand elle arrive dans les mains de la dernière personne, celle-ci la pose d’un geste vif sur la digue qui borne l’une des nombreuses rizières situées à la périphérie du village.  

Manuel et ses collègues agriculteurs réparent les digues qui protègent leurs rizières, dont ils tirent leur subsistance. Ces rizières sont entourées par l’océan et les mangroves. En l’absence de digues, l’eau de mer s’infiltre et détruit les cultures. 

«Nous travaillons ici pendant la saison des pluies», explique Manuel, couvert de la tête aux pieds par cette boue poisseuse et collante. «Il y a d’autres sites qu’il faut aussi restaurer, mais nous ne pouvons y travailler que pendant la saison sèche.» 

Il faut, chaque année, engager des travaux de réparation. La marée affaiblit rapidement les digues, ce qui n’a rien d’anormal. Toutefois, depuis la pandémie de covid-19 et les restrictions qu’elle a imposées, ces protections se sont dégradées et les cultures en ont souffert.  

Les mesures de restriction liées à la pandémie, telles que la limitation des déplacements et la fermeture des frontières et des commerces, ont bouleversé les moyens de subsistance des petits producteurs. Manuel et de nombreux autres agriculteurs ont dû arrêter de travailler dans les champs pour chercher des petits boulots afin de subvenir aux besoins de leur famille.  

«Au lieu de venir réparer cette digue, j’ai dû trouver d’autres moyens de nourrir ma famille. Je ne pouvais pas passer ma journée ici et les laisser le ventre vide à la maison. Pour éviter cela, je venais travailler une heure de temps à autre, mais ça n’était pas très utile.» 

De plus, les inondations de cette saison ont empêché les agriculteurs d’ensemencer une grande partie de leurs champs. Manuel avait l’impression de devoir courir après le temps pour pouvoir joindre les deux bouts, sans jamais vraiment s’en sortir.  

Depuis janvier 2023, Manuel et d’autres riziculteurs du village d’Iungun sont payés pour réparer les digues d’argile dans le cadre d’un projet de travail contre rémunération, qui est mis en œuvre par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et financé par la Banque mondiale. Ce projet relève du Programme d’urgence en matière de sécurité alimentaire du Gouvernement de la Guinée-Bissau (dont l’acronyme en portugais est PUSA-GB).  

La rénovation des digues et les autres travaux que ces personnes effectuent au village leur servent à préparer les terres pour la prochaine campagne agricole.  

La FAO collabore avec le PUSA-GB afin de limiter les répercussions de la pandémie sur la sécurité alimentaire de nombreux petits producteurs dans le pays. Cette aide prend la forme d’emplois qui offrent une source de revenus réguliers aux participants à ce projet.  

En plus des emplois rémunérés, le PUSA-GB a effectué des transferts monétaires, directs et non assortis de conditions, au profit de 3 000 agriculteurs en situation de grande vulnérabilité, dans l’objectif de couvrir leurs besoins les plus urgents. 

Le soutien apporté par ce projet aux agriculteurs de tout le pays prend aussi d’autres formes, notamment la distribution de 25 000 outils agricoles (seaux, arrosoirs, houes et râteaux), de 1 278 tonnes de semences et de 655 000 tonnes d’engrais. Par ailleurs, des écoles pratiques d’agriculture ont été créées afin de promouvoir les pratiques optimales de production agricole.

S’agissant de la production de riz, les écoles pratiques d’agriculture introduisent le Système de riziculture intensive (SRI), conçu dans l’objectif d’accroître la productivité par un usage différent des plantes, du sol, de l’eau et des nutriments et par la réduction des intrants externes.  

Telle est l’approche que Manuel appliquera dans ses champs à la prochaine campagne agricole. 

 Pour Manuel, les transferts en espèces sont une aide très précieuse pour reprendre pied.  

De plus, le projet de rémunération en espèces du travail évite à Manuel, ainsi qu’à d’autres personnes de son entourage, d’avoir à partir du village pour gagner de l’argent. Il devait autrefois quitter son village pendant plusieurs semaines pour la récolte des noix de cajou. Aujourd’hui, il peut rentrer chez lui tous les soirs.  

«Avec l’argent que je gagne, je peux partir au travail en laissant mes proches l’esprit tranquille», explique Manuel. «Je vais travailler en sachant que ma famille pourra manger et que mes enfants pourront aller à l’école.» 

D’après les estimations, 72 pour cent de la population de Guinée-Bissau aurait aujourd’hui besoin, sous une forme ou une autre, d’un soutien à la sécurité alimentaire. À ce jour, le projet de rémunération en espèces du travail a profité à 6 000 ménages et 3 000 autres ménages ont reçu des transferts monétaires non assortis de conditions. Plus de 70 000 agriculteurs ont bénéficié d’une assistance agricole sous la forme d’intrants ou de formations.  

D’ici à la fin de 2023, l’équipe chargée du projet espère venir en aide à 11 000 ménages au total, moyennant des transferts monétaires non assortis de conditions et du travail contre rémunération. 

L'histoire originale et les photos associées sont disponibles sur :

 
 
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