La région du Baol arachidier, Diourbel garde intacte sa tradition agricole. Quoique, le passé prestigieux de son agriculture pluviale et de contre saison ne soit, aujourd’hui, qu’un souvenir lointain. Ce dynamisme justifia aussi, « l'arrivée en masse des libano-syriens encouragés par la France qui administrait alors le Liban et la Syrie (accords Sykes-Picot en 1916 relatif au partage entre britanniques et français de la Syrie et de la Palestine) » (Karim Fall, harmattan.fr). En effet, l’agriculture Diourbelloise a perdu son dynamisme, son lustre d’antan par le fait de plusieurs facteurs d’abord physiques qu’est la dégradation progressive de son socle, le sol Dior, des conditions climatiques, mais de la conjoncture politico-économique et sociale (Mbodj, 1992 ; Boye, 1992 ; Abdou S Fall, 1992 ; Léricollais et Guigon, 1992 ; Kassé, 1992 ; M Gaye, 2008).
On peut dire qu’aujourd’hui, l’agriculture Diourbelloise connait trois saisons mais est fortement dominée par l’agriculture pluviale dite la grande saison de trois à quatre mois. A part, la saison des pluies, elle fait avec une saison intermédiaire, à cheval sur l’hivernage et la saison sèche ; et en troisième lieu la saison sèche dite morte saison faite de maraichage, d’horticulture.
En saison des pluies, toutes les grandes cultures sont pratiquées, à savoir les cultures de rente (arachide, sésame, manioc, pastèque, bissap) et les cultures vivrières (mil, sorgho, maïs (surtout à Mbacké car exigeant en certains nutriments), niébé). En saison sèche, maraichage et horticulture sont pratiqués. Le maraichage est inclus dans l’horticulture car en plus des légumes, l’arboriculture fruitière est aussi prise en compte. Même si, ici, l’eau est une contrainte car salée, raison pour laquelle les cultures fruitières et maraichères se raréfient. Mais ce cas de figure ne reflète pas le passé car au temps le jardinage était si développé qu’Ousmane Socé dans son oeuvre‘’Karim’’ parlait des jardins de Diourbel comme la carte postale de la région. Et le marché légumier ‘’marché Diourbel’’ était en vogue à Dakar. Comme culture intermédiaire, à cheval sur les deux saisons, on peut parler du manioc, de la patate douce (avec des boutures distribuées dans les trois départements).
Pour ce qui est des communes de Ndindy à l’extrême nord et de Ngohé à l’extrême sud, les spéculations culturales sont peu différentes ; même si Ndindy au nord est moins pluvieuse, avec moins de verdure : Le Pr Pélissier fait la distinction entre les sols Dior des Wolofs et les sols Deck, de même que les sols Deck Dior qui sont des sols de transition selon le degré de présence de la végétation (Pélissier, 1960, p54). Cette fragilité des sols va avec un recul environnemental progressif (Jean-Marc Gastellu, 1972-1982, p122)
Malgré que sa culture soit exigeante et a traversé des crises (l’arachide, un moteur en panne de Freud, 1997 et la crise trentenaire de la filière arachidière, de Mbodji, 1992) l’arachide, culture commerciale est toujours en tête des spéculations et suit le mil, culture vivrière. Hormis, l’arachide et le mil viennent les espèces diverses comme le maïs (surtout à Mbacké), le sorgho, le sésame, la pastèque, le manioc (surtout à Bambey), le bissap, le niébé…Pour ce qui est de la diversification agricole : la patate douce et le blé ont été récemment introduits dans la région. En ce qui concerne les innovations technologiques en agriculture dans la région, l’ISRA (institut supérieur de recherche agricole) de Bambey, notamment, fait des découvertes de variétés de semences qu’il vulgarise. La direction régionale de développement rural (DRDR) fait le suivi et le contrôle auprès des producteurs semenciers pour une plus grande accessibilité des produits. Cependant, la politique agricole est la même pour toute la région avec néanmoins quelques innovations personnelles.
L’agriculture familiale est dominante dans la région, même si, les grandes exploitations, notamment, maraboutiques sont bien présentes dans la région comme à Taiba Moutoupha. Et « Dans son « Programme Equipement du monde rural », le Ministère de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire (MAERSA) a mis à la disposition des exploitations familiales de la région du matériel agricole à traction animale (Semoirs, houes sine, houes occidentales, Charrettes équines et charrettes asines) à des prix subventionnés à hauteur de 50%. En matériel lourd, tracteurs 140 CV, Remorque 10 tonnes, Charrues à socs, Billonneuse à disques, Semoirs grandes cultures » (Rapport DRDR, 2023-2024). L’Etat souhaitait que se forme en coopératives les organisations de producteurs pour se payer du matériel lourd tournant, ce qui n’est pas encore le cas. Excepté, le regroupement de groupements de producteurs de Ndolndol prés Ndangalma (à Bambey), le regroupement de Guerlé à Mbacké, de Kambe souff à Diourbel avec la fédération des producteurs de Kambe souff.
Les grandes exploitations agricoles promues par l’Etat comme PRODAC ne sont pas encore présentes dans le Baol. Seulement, existe un DAC (domaine agricole communautaire) à Keur samba Kane mais des fermes du programme ANIDA à kambe souff, dans le Bambey et à Mbacké cultivant des spéculations comme les oignons, les piments, les tomates…
L’agriculture Diourbelloise avec de modiques moyens use des fertilisants sans être en mesure financièrement de se payer le nécessaire. En effet, au niveau des services techniques, on nous signale que la quantité destinée à la région est insuffisante mais n’arrive pas à être absorbée par les commandes. Concrètement, elle fait avec de l’engrais chimique surtout pour l’arachide, du tooss (fumier), du compost (fumier et matières végétales dégradées), du phosphate naturel avec la récente découverte d’une mine de phosphate à Bambey, de l’Urée, du biofertilisant liquide. Ces différents produits ne sont pas à la portée des agriculteurs locaux, même si, souvent subventionnés à moitié.
L’engrais chimique est pour sa part décrié par certains car acidifie les sols. Surtout pour les sols Dior pauvres du Baol qui sont sans matières organiques donc perméables font que l’engrais chimique s’enfonce, n’est pas retenu par les plantes. La pratique de la fertilisation est néanmoins facteur de succès car avec des rendements de 600kg à l’hectare sans fertilisation avec elle, on se retrouve avec 2tonnes environ à l’hectare, un doublement du rendement constaté par le projet dundall souff à travers des microdoses, appliquées intelligemment. En effet, « Pour cette campagne 2023-2024, le Projet « Feed the Future Sénégal, Dundël Suuf » a sélectionné et appuyé 300 producteurs de mil dont 157 hommes et 143 femmes dans la diffusion de technologies (micro dose) pour une superficie totale de 300 ha.» (Rapport DRDR, 2023-2024)
L’agriculture Diourbelloise fait aussi avec l’utilisation de produits phytosanitaires lors des attaques traitées gratuitement par la division de protection des végétaux (DPV) basée à Nganda.
Malgré un vœu de modernisme, l’agriculture traditionnelle subsiste avec un équipement rudimentaire sauf quelques éclaircis. Les contraintes de l’agriculture Diourbelloise sont la pauvreté des sols Dior, l’insuffisance d’intrants de qualité (semences et engrais). Il est signalé que certains multiplicateurs semenciers ne sèment pas toujours la bonne graine. En saison sèche, l’eau est la contrainte majeure. Aussi, les sols ferrugineux tropicaux lessivés (Dior) sont naturellement pauvres sans compter avec l’érosion et une forte exploitation vue la démographie galopante.
Aujourd’hui, Diourbel du bassin arachidier nord a son agriculture soumise à des contraintes que sont le changement climatique et ses corollaires comme l’irrégularité pluviométrique, la pauvreté et la salinité des sols. Le manque d’intrants, le matériel agricole rudimentaire et l’émigration des bras valides que sont les jeunes ne sont pas pour atténuer la traversée du désert. Malgré ces difficultés, Diourbel cultive toujours de l’arachide, du mil, effectue du maraichage de contre saison et cherche les moyens d’assurer son autosuffisance. Ce cas de figure Diourbellois invite à des politiques agricoles nationales intégrées, qui se compensent voire à de nouvelles navétanes ou délocalisations des producteurs. Aussi, l’évolution dommageable du milieu physique Diourbellois mériterait d’être pensée pour rétablir son lustre d’antan et prévenir des déconvenues ailleurs.
P B Moussa Kanté,
Chercheur UGB et stagiaire DRDR (direction régionale du développement rural) de Diourbel
On peut dire qu’aujourd’hui, l’agriculture Diourbelloise connait trois saisons mais est fortement dominée par l’agriculture pluviale dite la grande saison de trois à quatre mois. A part, la saison des pluies, elle fait avec une saison intermédiaire, à cheval sur l’hivernage et la saison sèche ; et en troisième lieu la saison sèche dite morte saison faite de maraichage, d’horticulture.
En saison des pluies, toutes les grandes cultures sont pratiquées, à savoir les cultures de rente (arachide, sésame, manioc, pastèque, bissap) et les cultures vivrières (mil, sorgho, maïs (surtout à Mbacké car exigeant en certains nutriments), niébé). En saison sèche, maraichage et horticulture sont pratiqués. Le maraichage est inclus dans l’horticulture car en plus des légumes, l’arboriculture fruitière est aussi prise en compte. Même si, ici, l’eau est une contrainte car salée, raison pour laquelle les cultures fruitières et maraichères se raréfient. Mais ce cas de figure ne reflète pas le passé car au temps le jardinage était si développé qu’Ousmane Socé dans son oeuvre‘’Karim’’ parlait des jardins de Diourbel comme la carte postale de la région. Et le marché légumier ‘’marché Diourbel’’ était en vogue à Dakar. Comme culture intermédiaire, à cheval sur les deux saisons, on peut parler du manioc, de la patate douce (avec des boutures distribuées dans les trois départements).
Pour ce qui est des communes de Ndindy à l’extrême nord et de Ngohé à l’extrême sud, les spéculations culturales sont peu différentes ; même si Ndindy au nord est moins pluvieuse, avec moins de verdure : Le Pr Pélissier fait la distinction entre les sols Dior des Wolofs et les sols Deck, de même que les sols Deck Dior qui sont des sols de transition selon le degré de présence de la végétation (Pélissier, 1960, p54). Cette fragilité des sols va avec un recul environnemental progressif (Jean-Marc Gastellu, 1972-1982, p122)
Malgré que sa culture soit exigeante et a traversé des crises (l’arachide, un moteur en panne de Freud, 1997 et la crise trentenaire de la filière arachidière, de Mbodji, 1992) l’arachide, culture commerciale est toujours en tête des spéculations et suit le mil, culture vivrière. Hormis, l’arachide et le mil viennent les espèces diverses comme le maïs (surtout à Mbacké), le sorgho, le sésame, la pastèque, le manioc (surtout à Bambey), le bissap, le niébé…Pour ce qui est de la diversification agricole : la patate douce et le blé ont été récemment introduits dans la région. En ce qui concerne les innovations technologiques en agriculture dans la région, l’ISRA (institut supérieur de recherche agricole) de Bambey, notamment, fait des découvertes de variétés de semences qu’il vulgarise. La direction régionale de développement rural (DRDR) fait le suivi et le contrôle auprès des producteurs semenciers pour une plus grande accessibilité des produits. Cependant, la politique agricole est la même pour toute la région avec néanmoins quelques innovations personnelles.
L’agriculture familiale est dominante dans la région, même si, les grandes exploitations, notamment, maraboutiques sont bien présentes dans la région comme à Taiba Moutoupha. Et « Dans son « Programme Equipement du monde rural », le Ministère de l’Agriculture, de l’Equipement rural et de la Souveraineté alimentaire (MAERSA) a mis à la disposition des exploitations familiales de la région du matériel agricole à traction animale (Semoirs, houes sine, houes occidentales, Charrettes équines et charrettes asines) à des prix subventionnés à hauteur de 50%. En matériel lourd, tracteurs 140 CV, Remorque 10 tonnes, Charrues à socs, Billonneuse à disques, Semoirs grandes cultures » (Rapport DRDR, 2023-2024). L’Etat souhaitait que se forme en coopératives les organisations de producteurs pour se payer du matériel lourd tournant, ce qui n’est pas encore le cas. Excepté, le regroupement de groupements de producteurs de Ndolndol prés Ndangalma (à Bambey), le regroupement de Guerlé à Mbacké, de Kambe souff à Diourbel avec la fédération des producteurs de Kambe souff.
Les grandes exploitations agricoles promues par l’Etat comme PRODAC ne sont pas encore présentes dans le Baol. Seulement, existe un DAC (domaine agricole communautaire) à Keur samba Kane mais des fermes du programme ANIDA à kambe souff, dans le Bambey et à Mbacké cultivant des spéculations comme les oignons, les piments, les tomates…
L’agriculture Diourbelloise avec de modiques moyens use des fertilisants sans être en mesure financièrement de se payer le nécessaire. En effet, au niveau des services techniques, on nous signale que la quantité destinée à la région est insuffisante mais n’arrive pas à être absorbée par les commandes. Concrètement, elle fait avec de l’engrais chimique surtout pour l’arachide, du tooss (fumier), du compost (fumier et matières végétales dégradées), du phosphate naturel avec la récente découverte d’une mine de phosphate à Bambey, de l’Urée, du biofertilisant liquide. Ces différents produits ne sont pas à la portée des agriculteurs locaux, même si, souvent subventionnés à moitié.
L’engrais chimique est pour sa part décrié par certains car acidifie les sols. Surtout pour les sols Dior pauvres du Baol qui sont sans matières organiques donc perméables font que l’engrais chimique s’enfonce, n’est pas retenu par les plantes. La pratique de la fertilisation est néanmoins facteur de succès car avec des rendements de 600kg à l’hectare sans fertilisation avec elle, on se retrouve avec 2tonnes environ à l’hectare, un doublement du rendement constaté par le projet dundall souff à travers des microdoses, appliquées intelligemment. En effet, « Pour cette campagne 2023-2024, le Projet « Feed the Future Sénégal, Dundël Suuf » a sélectionné et appuyé 300 producteurs de mil dont 157 hommes et 143 femmes dans la diffusion de technologies (micro dose) pour une superficie totale de 300 ha.» (Rapport DRDR, 2023-2024)
L’agriculture Diourbelloise fait aussi avec l’utilisation de produits phytosanitaires lors des attaques traitées gratuitement par la division de protection des végétaux (DPV) basée à Nganda.
Malgré un vœu de modernisme, l’agriculture traditionnelle subsiste avec un équipement rudimentaire sauf quelques éclaircis. Les contraintes de l’agriculture Diourbelloise sont la pauvreté des sols Dior, l’insuffisance d’intrants de qualité (semences et engrais). Il est signalé que certains multiplicateurs semenciers ne sèment pas toujours la bonne graine. En saison sèche, l’eau est la contrainte majeure. Aussi, les sols ferrugineux tropicaux lessivés (Dior) sont naturellement pauvres sans compter avec l’érosion et une forte exploitation vue la démographie galopante.
Aujourd’hui, Diourbel du bassin arachidier nord a son agriculture soumise à des contraintes que sont le changement climatique et ses corollaires comme l’irrégularité pluviométrique, la pauvreté et la salinité des sols. Le manque d’intrants, le matériel agricole rudimentaire et l’émigration des bras valides que sont les jeunes ne sont pas pour atténuer la traversée du désert. Malgré ces difficultés, Diourbel cultive toujours de l’arachide, du mil, effectue du maraichage de contre saison et cherche les moyens d’assurer son autosuffisance. Ce cas de figure Diourbellois invite à des politiques agricoles nationales intégrées, qui se compensent voire à de nouvelles navétanes ou délocalisations des producteurs. Aussi, l’évolution dommageable du milieu physique Diourbellois mériterait d’être pensée pour rétablir son lustre d’antan et prévenir des déconvenues ailleurs.
P B Moussa Kanté,
Chercheur UGB et stagiaire DRDR (direction régionale du développement rural) de Diourbel