côte d’ivoire-ghana : une filière cacao plus juste et durable avec le drd ?


Rédigé le 20 Octobre 2023 à 17:53 | 0 commentaire(s) modifié le 23 Octobre 2023 16:40


(Equonet-Dakar) - Ces dernières années, l’accès à un revenu décent pour les producteurs est devenu une priorité de la filière cacao, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux premiers exportateurs mondiaux. Les gouvernements de ces pays en ont pris conscience en adoptant, en octobre 2020, le Différentiel de revenu décent (DRD), une prime de 400 $/tonne de cacao vendu entièrement reversée aux producteurs. Trois ans après, les effets ont-ils été bénéfiques ?


Côte d’Ivoire-Ghana : deux poids lourds du marché mondial

Le marché mondial du cacao est caractérisé à la fois par une hausse régulière des volumes de consommation et de production (4,8 millions de tonnes en 2020-2021 contre 3,6 millions de tonnes en 2008-2009) ainsi qu’une forte variabilité des prix du cacao dans une tendance générale baissière (-2% par an depuis 1960) alors que le prix de la barre de chocolat évolue indépendamment de ce marché. La quantité croissante de cacao produite et disponible sur les marchés, conjuguée à la baisse du prix a eu des conséquences sur les revenus des producteurs. La plupart d’entre eux vivent d’ailleurs en dessous du seuil de pauvreté et ont le plus souvent peu d’activités alternatives génératrices de revenus.

Une dizaine de grandes entreprises internationales (européennes et américaines, principalement) se partagent près de 80 % du marché mondial des échanges de cacao. Ce dernier est un marché de commodités (matières premières standardisées, peu ou pas transformées et échangées dans de gros volumes) et non de produits de « spécialités ». Les « crus » (Amérique latine, Madagascar) et les labels (Equitable, Bio) représentent toujours une petite part des échanges mondiaux (moins de 5% selon l’ONG Max Havelaar), malgré une progression sur les marchés européens.

Côte d’Ivoire-Ghana : le rôle prépondérant des pouvoirs publics

En Côte d’Ivoire et au Ghana, la filière cacao est administrée par les pouvoirs publics. Ces derniers jouent plusieurs rôles, notamment celui de contrôler l’accès des opérateurs privés (nationaux et internationaux) aux différentes fonctions/métiers de la filière, de l’achat bord champ (directement au paysan) à l’exportation en passant par la transformation et la fourniture d’intrants.

Ils établissent également des références sur les prix et les marges des maillons de la filière, financent des dépenses d’intérêt commun et gèrent des fonds de réserve permettant de lisser les prix aux producteurs d’une année sur l’autre.

En Côte d’Ivoire, les exportateurs sont des compagnies privées qui ont acquis auprès du Conseil café cacao (CCC) des licences d’exportation pour un volume et à un prix de référence, avant la campagne principale (octobre à mars). Les exportateurs achètent le cacao directement auprès de coopératives ou d’autres opérateurs agréés par le CCC pour couvrir les contrats/licences d’exportation accordés par le CCC. Des ventes anticipées permettent au CCC de fixer en début de campagne un prix moyen de vente anticipé (comprenant le coût, l’assurance et le fret – CAF) à partir duquel est défini un prix collecte bord champ minimum. L’objectif est un prix bord champ de 50 à 60 % du prix CAF.

Au Ghana c’est la Cocoa Marketing Company (CMC), entité publique, qui réceptionne à travers ses trois magasins de regroupement (Takoradi, Tema, Kumasi) les fèves de cacao de toutes les sociétés d’achat agréées (appelées LBC). Elle s’occupe de l’exportation des fèves et approvisionne les transformateurs nationaux. Ces derniers sont libres dans leurs exportations de produits transformés. Il y a donc une libéralisation régulée de l’achat bord-champ et de la transformation locale. 

Le DRD pour lutter contre la pauvreté des cacaoculteurs

Lire l'article : https://irdev.org/46Eofdd

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