Le marché des agences de notation est oligopolistique : trois agences toutes americaines (Moody’s, Standard & Poor’s, Fitch Ratings) se partagent 90% des demandes de notation mondiales pour évaluer la qualité de signature et le risque de solvabilité des entreprises, des Etats et autres collectivité locale. Le scandale ENRON, la débâcle lehman Brothers , la crise grecque et les subprimes de 2008 ne peuvent rien dans leur suprématie rarement remise en question. Toutes les trois font plus de cent ans d’existence.
Ici chez nous, suite à un audit des finances publiques réalisé par les nouvelles autorités du pays le déficit budgétaire atteignait 10% du produit intérieur brut, deux fois plus qu'annoncé par le gouvernement précédent. Et l'endettement frôle les 80% du PIB soit 10% de plus qu'annoncé précédemment d’où la réaction immédiate de l’agence Moodys, de loin la plus active en Afrique qui a décidé d’abaisser la note du Sénégal de Ba3 à B1, avec pour première conséquence notre basculement dans la catégorie spéculative c'est-à-dire l’accroissement du niveau de risque. L’option des nouvelles autorités est bien marquée : la transparence sur la situation des finances publiques gage d’une gouvernance budgétaire responsable et viable sur le moyen et le long terme, le FMI semble même séduit par la démarche des nouvelles autorités.
Contrairement à Moody’s, Standard et Poors très écoutée par les gestionnaires de fonds obligataires maintient la note B+/B' du Sénégal assortie de perspectives stables pour le Senegal. Cependant Fitch rating maintient une neutralité sur les émissions souveraines du Sénégal et préfère évaluer notre secteur privé avec notamment les banques.
Il n’a aucune corrélation ou causalité mécanique entre la notation d’une de ces trois agences et le taux d’intérêt des émissions surtout pour les longues maturités même – s’ il est vrai aussi - les grades des agences sont pris en compte. D’où l’urgence pour le duo Diba – Sarr d’initier un dialogue soutenu avec les agences de notation sur les mesures fortes pour le retour aux équilibres des finances publiques et surtout les perspectives à long terme des finances du pays dans une perspective de rente pétrolière et gazière et de fiscalité optimisée pour les multinationales. Le retour aux équilibres des finances publiques et les reformes–clé autour de l’environnement des affaires semble être beaucoup plus urgents, l’opérationnalisation du nouveau référentiel des politiques publiques le PROJET en dépend.
L’assainissement des finances publiques et les réformes systémiques de l’administration sont des pré- requis pour la mise en œuvre des ambitions des nouvelles autorités. Il faut rassurer agences de notation et partenaires sur les efforts à mettre en œuvre afin d’endiguer l’effet halo de la baisse – plus symbolique que réelle – de notre grade auprès de Moody’s.
Moustapha DIAKHATE
Expert et Consultant Infrast.
Ex Conseiller Special PM