accomplissement du premier baril du champ sangomar : qu'en sera-t-il des retombées attendues ?


Rédigé le 12 Juin 2024 à 13:06 | 0 commentaire(s) modifié le 17 Juin 2024 01:25

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

(Equonet Energies-Dakar) - Après l'accomplissement en toute sécurité de la première production du champ Sangomar, se pose maintenant la question des retombées attendues.


Accomplissement en toute sécurité de la première production du champ Sangomar. La nouvelle est très bonne à entendre. Mieux, elle est positivement très bien accueillie par le peuple sénégalais qui y fonde beaucoup d'espoir. L'Etat sénégalais peut donc s'en glorifier. 

Mais l'aspect le plus important de cette première production de pétrole au Sénégal, c'est les retombées attendues de ce  premier baril. Profiteront - elles à l'industrie locale, à l'économie nationale et aux populations ? Seront-elles signifiantes pour que celles-ci puissent en bénéficier ?

Ce sont des questions qu'il faut poser après que Woodside, opérateur de la coentreprise Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Offshore Profond (RSSD) ait annoncé aujourd'hui l'accomplissement en toute sécurité de la production du premier baril du champ Sangomar situé au large du Sénégal et constituant le premier projet pétrolier offshore du pays. 

Le problème, c'est que le recouvrement du coût pétrolier risque de fausser le jeu. L’estimation du coût de la Phase 1 du projet de développement du champ Sangomar reste dans la fourchette prévue de plus de 3 mille milliards FCFA (4,9 à 5,2 milliards de dollars US).

Et les conditions fiscales du Contrat de partage de production de SANGOMAR disponible ici  signé en 2004 incluent un recouvrement des coûts pétroliers de 75% pour les entreprises, une part de profit (profit oil hors profit de PETROSEN) de l’Etat entre 20-25% et l’impôt sur les sociétés de 30%.

A cet égard, l'ITIE Sénégal souligne que le Sénégal importe actuellement tous les produits pétroliers pour un coût annuel de 777 à  888 millions de dollars par an, selon la Banque mondiale.


Contenu local

La loi sur le contenu local (loi 2019-04 et ses décrets d’application) suscite également beaucoup d’espoir afin de permettre de maximiser les retombées de l’exploitation pétrolière sur l’économie sénégalaise.

Ici, les conclusions de notre étude sur le Contenu local, qui sera bientôt publié, montrent que les entreprises sénégalaises ne sont pas encore matures pour gagner des marchés qui requièrent une certaine technicité et des capacités financières importantes. 

Mais l'espoir est toujours permis car, dans le cadre du projet d’augmentation des capacités et d’adaptation des unités pour le traitement du brut Sangomar (ACATBS) conduite par #TechnipFMC, la Société africaine de raffinage ( SAR) se modernise pour traiter le pétrole sénégalais.

La raffinerie de la SAR (mise en service en 1963) qui a une capacité de traitement de 1,2 mtpa. Cette raffinerie de conception très simple (avec une unité de Distillation et un Reformeur Catalytique) produit annuellement 1,1 millions de tonnes soit environ 45% des besoins du marché local avec du pétrole brut peu soufré importé du Nigéria (Erha, Bonny light, Qua-Iboe, Escravos).

La mise en œuvre du projet ACATBS  devrait contribuer significativement à  la sécurisation de l’approvisionnement du pays en produits pétroliers en quantité et en qualité mais également il va permettre de raffiner le pétrole Sénégalais sur son territoire pour la consommation nationale et ou pour la réexportaton vers les pays limitrophes.

Les propos du directeur général de PETROSEN E&P, Thierno Ly, suscitent également de l'espoir. Voici sa déclaration : « Le début de la production du pétrole de Sangomar marque une nouvelle ère pour l’industrie, l’économie de notre pays et pour nos populations. 

« C’est le résultat de l’engagement des différentes équipes qui ont travaillé de manière acharnée pour relever les défis et atteindre nos objectifs stratégiques dans un environnement complexe et exigeant. Nous n’avons jamais été aussi bien positionnés pour saisir autant d’opportunités de croissance, d’innovation et de succès pour le développement économique et social de notre pays.
» 
Reste à savoir si ces opportunités seront bien exploitées pour le bien être des populations sénégalaises, particulièrement celles vivant dans cette zone d'exploitation. 



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