Traduire les résultats du rapport en objectifs politiques


Rédigé le 15 Mai 2019 à 09:20 commentaire(s) modifié le 16 Mai 2019 07:28

Ndakhté M. GAYE est un journaliste d'investigation engagé dans le suivi citoyen des obligations… En savoir plus sur cet auteur

(Equonet-Dakar) - La prochaine étape sera désormais de traduire les résultats du rapport de l’IPBES sur l’évaluation mondiale de la biodiversité en objectifs politiques pour parvenir à faire émerger les changements nécessaires aux échelles locales, nationales et internationales.


«Ce rapport d’évaluation mondiale de la biodiversité fournit la base scientifique pour les nouveaux objectifs décennaux pour la biodiversité qui seront décidés fin 2020 en Chine, lors de la 15e conférence des parties (COP 15) de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB)», a précisé Sir Robert Watson le 6 mai. Une étape politique cruciale.
 
Renforcer la dimension politique de l’IPBES est d’ailleurs l’une des recommandations issues d’un audit mené sur cette plateforme jouant un rôle d’interface entre la science et le politique. Objectif : avoir un impact plus fort sur les décisions à tous niveaux (du local au global), dans tous les secteurs (au-delà de l’environnement) et pour une gamme élargie d’acteurs qui ont potentiellement un impact sur la biodiversité (du consommateur au décideur politique en passant par les chefs d’entreprises ou responsables d’ONG).
 
«L’IPBES s’adresse aujourd’hui principalement aux décideurs nationaux en charge de l’environnement qui sont ensuite libres d’agir dans leur pays vers les décideurs locaux, le secteur privé et les citoyens», explique Selim Louafi, expert français en sciences politiques au Cirad, impliqué avec 9 autres experts dans l’audit. Or «si l’on considère la biodiversité dans sa dimension globale, la question se pose de développer une capacité d’action et de coordination entre acteurs au-delà des seules frontières nationales et du seul secteur environnemental».
 
Cet audit suggère 6 grands domaines où agir pour mieux atteindre notamment les décideurs locaux, secteur privé et responsables locaux de la mise en œuvre des projets de conservation.
 
Il s’agit de réaffirmer la capacité de l’IPBES – à travers un plan stratégique – à avoir un impact de long terme, grâce à la connaissance, au service de la décision publique, de renforcer la dimension politique du travail de l’IPBES, de reconnaître le rôle essentiel de la mise en œuvre locale et nationale des travaux de l’IPBES, avec l’intégration des connaissances produites dans les plans nationaux.
 
Il s’agit également d’adopter une approche stratégique des parties prenantes, en clarifiant la stratégie partenariale de l’IPBES et l’engagement de ses partenaires clés telles que les agences des Nations-Unies ou les accords multilatéraux sur l’environnement, d’impliquer les décideurs au sein du processus de production des rapports d'évaluation de la biodiversité pour en faciliter l’appropriation et d’accentuer l’effort financier des état-membres de l’IPBES et de ses partenaires.
 
L’un des produits attendus du prochain programme de travail 2020-2030 de l’IPBES concernera l’évaluation des liens d’interdépendance entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé. «L’expertise des chercheurs du Cirad pourra être directement mobilisée pour contribuer à cette évaluation», précise Didier Bazile. «Il s’agit d’étudier les liens d’interdépendance de la biodiversité, avec la productivité agricole, la nutrition, la lutte contre les ravageurs, la qualité de l’eau, l’émergence des maladies infectieuses, la santé, l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques».
 
Un autre rapport sera également produit sur le lien entre biodiversité et changement climatique d’ici la 9e plénière de l’IPBES, grâce à un rapprochement entre les experts de l’IPBES et du GIEC.
 


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