Succès de l’émission du Sénégal sur le MTP : ce qu’il faut en retenir


Rédigé le 11 Juin 2019 à 17:29 commentaire(s) modifié le 13 Juin 2019 12:25


(Equonet-Dakar) - Après 21 mois d’absence, le retour de l’État du Sénégal sur le Marché régional des Titres Publics émis par adjudication (MTP) s’est soldé par une belle réussite confirmant s’il en était encore besoin, l’appétence des investisseurs pour la signature de l’État du Sénégal.


Effectivement, lors de l’émission du 6 juin dernier, sur un objectif de 50 milliards de F CFA recherché, l’État du Sénégal s’est vu offrir 129 milliards de F CFA sur lesquels il a retenu 55 milliards de F CFA.
 
Pour mémoire, la dernière intervention de l’État du Sénégal remonte au mois de septembre 2017 sur un bon assimilable du trésor de maturité 6 mois, ce dans un contexte de marché relativement difficile. Le suivi continu de l’évolution du MTP, en collaboration avec l’Agence UMOA Titres, a permis à l’État du Sénégal de choisir le moment opportun pour ce retour et de profiter d’un contexte de marché favorable.
 
En effet, après deux années d’ajustement aux modifications règlementaires et de politique monétaire, les investisseurs de la zone UMOA affichent sur le premier semestre 2019 un regain d’intérêt pour les titres souverains.
 
Pour l’Union monétaire ouest africaine (UMOA), cette opération revêt un caractère particulier à trois niveaux : la structuration, les prix proposés par les investisseurs et le taux de couverture enregistré.
 
«Sur le premier point, le contexte de marché ci-dessus évoqué a permis à l’État du Sénégal et à l’Agence UMOA-Titres de structurer une émission simultanée portant sur trois obligations de maturité 3 ans, 5 ans et 7 ans pour un montant total de 50 milliards. La particularité de cette structuration repose essentiellement sur la nature de ces trois instruments qui se trouvent être des titres in fine. Ce type d’amortissement renforce la liquidité de ces titres qui sont plus aisés à valoriser et à transiger et permettent à l’émetteur d’augmenter la duration de son stock de dette. En dépit des nombreux avantages des titres in fine, ces derniers sont peu « courus » sur le MTP, les investisseurs affichant une préférence pour les titres amortissables. A cet égard, cette structuration est inédite, le dernier 7 ans in fine émis sur le marché régional remontant à septembre 2017 (cf. obligations synthétiques de la Côte d’Ivoire et du Bénin)», souligne-t-elle.
«En cohérence avec les niveaux actuels du marché sur des instruments de maturité identique, les coupons proposés sur l’OAT 3A, 5A et 7A ont été positionnés respectivement à 5,85%, 6% et 6,15%. Cette structuration a été particulièrement bien accueillie par les investisseurs si l’on en juge les prix et les montants offerts sur les différents instruments», note-t-elle.
 
«Ainsi, en dépit d’une duration plus longue que celle proposée habituellement par les États de la zone, l’OAT 7 ans in fine a recueilli 35,642 milliards F CFA de soumissions avec des prix allant de 10 000 F CFA à 9 387 F CFA par titre. Bien que cette fourchette de prix soit relativement large, la dispersion des soumissions l’est beaucoup moins, 96,5% des offres sur cette maturité se situant sur la fourchette de prix allant de 10 000 F CFA à 9 800 F CFA, soit des rendements évoluant entre 6,15% et 6,50%», poursuit-elle.
 
Selon l’UMOA, la demande des investisseurs s’est massivement portée sur l’OAT 5 ans in fine qui a recueilli près de 50,13 milliards de soumissions avec une dispersion moins large en termes de prix que sur l’OAT 7 ans, ces derniers étant compris entre 10 030 F CFA et 9 530 F CFA. D’un point de vue purement statistique, nous notons que 99,7% des soumissions sont faites à des prix entre 10 030 F CFA et 9 900 F CFA correspondant à des rendements entre 6% et 6,23%.
 
L’OAT 3A in fine a recueilli quant à lui 43,321 milliards F CFA de soumissions avec les surcotes les plus importantes, les prix allant de 10 050 F CFA à 9 660 F CFA. Sur cet instrument, 97% des soumissions se concentrent sur la fourchette allant de 10 050 F CFA à 9 961 F CFA soit des rendements compris entre 5,66% et 5,99%.
 
Les prix proposés – et en particulier les surcotes sur les OAT 3A et 5A qui restent relativement rares sur les maturités moyen terme – confirment l’intérêt des investisseurs pour les titres de l’État du Sénégal, titres bénéficiant aussi d’un effet de raréfaction dans les portefeuilles de titres des investisseurs.
Pour l’UMOA, ces résultats témoignent de la réussite de cette émission qui affiche ainsi un montant global de soumissions de 129 milliards F CFA soit un taux de couverture de 258%.
Soucieux de rallonger la durée de vie moyenne de son portefeuille de dette, l’État du Sénégal a fait le choix de retenir :
20,6 milliards F CFA sur l’OAT 5 ans au prix marginal de 9 970 F CFA soit un prix moyen pondéré de 9 995 F CFA correspondant à un rendement moyen pondéré de 6,00% ; 34,4 milliards F CFA sur l’OAT 7 ans au prix marginal de 9 800 F CFA soit un prix moyen pondéré de 9 895 F CFA correspondant à un rendement moyen pondéré de 6,33%.
 
Le retour de l’État du Sénégal s’est donc soldé par une belle réussite aussi bien en termes de taux de couverture, qu’en termes de caractéristiques des instruments finalement émis. L’État du Sénégal dispose ainsi de nouveaux benchmarks sur les maturités 5A et 7A qui permettront d’avoir une courbe de rendements « État du Sénégal » reflétant les conditions actuelles du marché.
 
Cette émission par sa taille et les résultats enregistrés marquent un tournant pour le MTP en imposant la structure in fine comme un standard auprès des investisseurs mais surtout des émetteurs avec la dynamisation du marché secondaire dans le viseur.
 
Equonet


Dans la même rubrique :