Sénégal-Licence 4G : le camouflet des opérateurs à l’Art, à l’Etat et au peuple


Rédigé le 25 Janvier 2016 à 18:29 | 0 commentaire(s) modifié le 27 Janvier 2016 22:39


Contribution

Ecofinance.sn (Dakar) - Orange crache sur le prix dérisoire de la Licence 4G fixé par l’ARTP pour démarrer le bras de fer avec l’Etat afin d’obtenir un vil prix pour le renouvellement de sa licence en 2017.


Les opérateurs ont infligé un véritable camouflet à l’Artp, à l’Etat et au peuple sénégalais.
Orange, Tigo et Expresso n’ont pas soumissionné à l’appel d’offre pour l’attribution de la licence 4G, lancé le 16 Novembre 2015, arguant que le prix de réserve est trop élevé. Par ce refus, les opérateurs ont infligé un véritable camouflet à l’ARTP, à l’Etat et au Peuple Sénégalais. Si ce n’est pas un complot contre la Nation, ça en a tout l’air.

Depuis lors, Tigo et Expresso se sont emmurés dans un silence coupable, tandis qu’Orange a pris son courage à deux mains pour s’expliquer par un communiqué. Cette démarche d’Orange a le mérite d’être un signe de respect envers le peuple sénégalais. Il en est tout autre de Tigo et d’Expresso qui comme d’habitude rasent les murs afin de se faire invisible et inaudible.

Il est utile de rappeler que ces opérateurs, qui ont posé ces actes de défiance, dégradant l’image de nos autorités dans le monde, ont toujours bénéficié du laxisme, de la complaisance voire de la complicité de ces mêmes autorités au détriment du Peuple Sénégalais, et cela depuis leurs installations au Sénégal.

En effet, les autorités n’ont jamais sévi contre ces opérateurs malgré les innombrables manquements, irrégularités, arnaques, tromperies, etc., dont les populations sénégalaises sont victimes. En plus de cela, les autorités ont habitué les opérateurs à acquérir des licences à des prix très bas. Par conséquent, ce flop inédit et historique était prévisible, il est tout sauf surprenant. ­

Ce qui est arrivé aujourd’hui aux autorités, les citoyens-consommateurs le vivent au quotidien ­avec les opérateurs car ils ont toujours utilisé l’entente illicite pour mieux les gruger. Aussi, ce qui est nouveau, ce n’est pas ce fait, mais qu’ils osent plutôt le faire aux autorités.

De l’impertinence des arguments d’Orange

Les arguments d'Orange jugés irrecevables.
Les arguments avancés par Orange sur la base d’une analyse comparative avec le Maroc pour évaluer la licence 4G à 14,5 milliards frs CFA ne sont pas du tout pertinents, donc irrecevables. D’abord au Maroc les fréquences basses «­appelées fréquences en or­» comparables à celles que l’ARTP voulait céder à Expresso, Orange, et Tigo étaient achetées par l’opérateur Maroc Telecom à 60 milliards de Franc CFA.
 
Les deux autres opérateurs Meditel et Wana ont acheté à 30 milliards, les fréquences de moindre qualité. En plus, ces 3 operateurs ont déboursé, chacun, 18 milliards pour les frais de réaménagement des fréquences libérées. Au final les licences 4G ont couté aux opérateurs 78 et 48 milliards au Maroc.
 
Ensuite, pour avoir une analyse plus fine et objective, Orange devait considérer le parc d’abonnés mobiles, plutôt que la population. Et sur ce plan, la différence n’est pas énorme : 9 millions au Maroc (source ­: rapport ANRT mars 2015) et 7,3 millions au Sénégal (source ­: rapport ARTP Juillet-Septembre 2015).
 
Enfin, les marges bénéficiaires des opérateurs sont plus élevées au Sénégal qu’au Maroc. Et last but not least, au Maroc, les tarifs de communication baissent régulièrement (22% en 2014, et 68 % de baisse de 2008 à 2013 source rapport ANRT) au profit des citoyens-consommateurs, ce qui n’a jamais été le cas au Sénégal, les opérateurs augmentent plutôt leurs tarifs.
 

L’ASUTIC propose 100 milliards pour la licence 4G

Abdou Karim Sall, Dg de l'Artp.
Au regard de toutes ces considérations, l’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC (ASUTIC) estime que le prix de réserve fixé par l’ARTP est dérisoire et que chaque opérateur devrait débourser au moins 100 milliards pour obtenir une licence 4G au Sénégal.

Au lieu de se jeter sur cette offre mirobolante de l’ARTP, les opérateurs ont préféré refuser collectivement de soumissionner jetant ainsi le discrédit sur nos autorités.

En réalité, par cet acte, Orange/Sonatel débute le combat qui sera long et difficile pour obtenir des autorités sénégalaises un prix très bas lors du renouvellement de sa licence en 2017. Cette licence qui vaut plus que de l’or pour Orange/Sonatel car sa survie en dépend.

Une licence juteuse qui vaut au minimum 600 milliards frs CFA pour une durée de 20 ans. Ainsi, le véritable enjeu financier pour Orange/Sonatel, c’est le renouvellement de la licence globale et non la licence 4G. Et Orange/Sonatel n’est nullement dans les dispositions pour payer un tel montant afin d’acquérir à nouveau la ressource. C’est la véritable raison pour laquelle cet opérateur lance les hostilités, tentant, dès à présent, de mettre la pression sur les autorités sénégalaises.

Nous savons tous de quoi Orange/Sonatel est capable et sa force de frappe pour préserver ses intérêts. L’histoire de la surfacturation des appels entrants et les velléités de blocage des OTT, comme SkypeViber et Whatsapp sont là pour nous édifier. Aussi, les autorités sont-elles, d’ores et déjà averties.
 
L’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC (ASUTIC) ­:
 
·        Dénonce de la manière la plus forte le manque d’élégance des opérateurs envers nos autorités. Une telle attitude ne saurait être accepté quelques soient les enjeux,
·        Invite les autorités à tirer toutes les conséquences des actes posés par les opérateurs,
·        Souligne à l’intention d’Expresso, Orange et Tigo que le temps de la cession des licences à bas prix, dans des conditions opaques est révolu,
·        Prend acte de la volonté déclarée de l’ARTP de travailler dans la rigueur et la transparence afin que qu’aucune licence ne soit plus bradée, mais aussi de se tourner vers le marché international pour l’attribution d’une licence globale incluant la 4G,
·        Recommande à l’ARTP de veiller à ce que le réseau 3G en usage soit de qualité, compte tenu du fait que la majorité des sénégalais ne dispose pas encore d’un téléphone compatible 4G, encore moins de puce 4G ;
·        Exhorte l’ARTP à travailler pour le dégroupage de la boucle locale. Sonatel/Orange, en tant qu’opérateur historique dispose en monopole du réseau filaire (l’ADSL et le fixe aux particuliers). Certes l'opérateur y a investi mais il a été surtout construit avec l'argent du contribuable sénégalais. Le partage et la mutualisation des infrastructures sont consacrées par le code des télécoms de 2011. Aussi Sonatel/Orange doit faire une offre technique et tarifaire de dégroupage à Expresso et Tigo.
·        Rappelle au gouvernement que le financement du développement se fait d’abord sur la base de nos ressources propres avant tout emprunt sur les marchés financiers. Aussi, le renouvellement de la licence de Sonatel/Orange, est une question d’intérêt national et que sa valeur ne saurait être sous-évaluée ;
·        Lance un appel aux travailleurs sénégalais de Sonatel/Orange pour qu’ils se mobilisent afin que ce groupe qu’ils ont développé soit enfin au service du Peuple Sénégalais. Nous restons convaincus qu’ils entendront notre message vu les combats épiques qu’ils ont eu à mener dans un passé récent pour protéger ce groupe des étrangers.
 
Ndiaga Gueye, président L’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC (ASUTIC

Courriel­: infos@asutic.org
 
Ndiaga GUEYE/Asutic


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