SONATEL: un résultat net 2015 de 237 milliards pour un chiffre d'affaires de 876 milliards.


Rédigé le 1 Mars 2016 à 12:46 | 0 commentaire(s) modifié le 1 Mars 2016 13:03


Contribution

Ecofinance.sn (Dakar) - Orange jubile, le Peuple Sénégalais trinque. Une réaction à «¬très haut débit¬» s’impose¬!


Sonatel/Orange, l’opérateur historique des télécommunications au Sénégal, a réalisé, sur l’exercice 2015, un résultat net de 237 milliards de Fcfa, soit une amélioration de 8,7% par rapport à 2014. Le chiffre d’affaires a progressé pour atteindre 7,4%, soit 876 milliards de FCFA. La part du Sénégal dans le chiffre d’affaire est en régression, passant de 56,25% en 2014 à 50% en 2015, soit 438 milliards FCFA. Au même moment, la part du Sénégal au résultat net du groupe, est de 39,1% en 2015, soit 92,43 milliards FCFA.

Voilà encore la Sonatel qui nous balance en pleine figure des bénéfices faramineux. Des centaines de milliards engrangées par la Sonatel/Orange, comme par les autres opérateurs, sur le dos du Peuple Sénégalais. Et au moment où les opérateurs comptent leurs centaines de milliards, le Peuple sénégalais peine au quotidien et éprouve d’énormes difficultés pour avoir des services TIC de qualité à des tarifs abordables (téléphonie mobile, internet et services à valeur ajoutée). Quel paradoxe incompréhensible et inacceptable­!!!

Le marché sénégalais des télécommunications n'est pas en réalité concurrentiel malgré la présence de trois opérateurs. La léthargie, voire la complaisance du régulateur aidant, les opérateurs ont réussi à mettre en place un système qui leur permet de maximiser leurs revenus, tout en minimisant les services qu’ils rendent aux consommateurs. Cela se traduit par l’application, par ces opérateurs, de tarifs parmi les plus élevés en Afrique de l’Ouest. A cela s’ajoutent un manque de transparence dans la facturation des appels téléphoniques, une qualité de service qui laisse à désirer et un service client qui ne prend pas en charge les réclamations des clients.

Toute une stratégie commerciale basée sur la non appropriation des TIC par le consommateur, donc sur la tromperie, est déroulée pour lui soutirer de l’argent, sans qu’il ne s’en rende compte.
 
Ainsi Orange s’enrichit sur le dos de millions de sénégalais, en mettant à profit des services illisibles et opaques comme la durée de validité du crédit en d’autres termes l’obligation de consommer un « crédit » téléphonique au risque de le perdre au-delà d’une certaine période, l’offre illimix avec ses nombreuses contraintes, les réserves et­ limites cachées, Orange SOScrédit avec son taux usurier, Orange woma, qui sape la crédibilité du consommateur, Orange numéro accessible qui viole la vie privée, Orange Stop pour arrêter les spams qui arnaque le consommateur, Orange Money avec les frais cachés, Orange Dalal Tone pour mieux soutirer de l'argent au consommateur, les coûts de location des postes fixes sur des durées illimitées, la taxation d’un soit disant « entretien » sur les lignes fixes qui en réalité n’existe que sur les… factures, des cautions exorbitantes demandées aux particuliers et à certains opérateurs économiques sur certains services, avec souvent l’impossibilité pour le client de recouvrer sa caution, sans compter les velléités de blocage des OTT, comme Skype, Viber et Whatsapp.
 
Les mêmes pratiques sont constatées avec le monopole sur la connexion Internet ADSL avec des tarifs inabordables pour le consommateur dont le débit réel ne correspond jamais à celui souscrit. ­La liste est longue, on pourrait continuer à citer les abus, mais n'en rajoutons pas davantage.

Sonatel/Orange commercialise des services dont les tarifs si exorbitants sont combinés à des pratiques si injustifiables qu’on pourrait les assimiler à une escroquerie ou à une extorsion de fonds au préjudice des consommateurs. Sonatel/Orange ce sont des «­sévices clients­» et non des «­services clients­».

Pire encore au moment où le nombre de ses clients augmente de 82,5%, (d’un un parc de 4 ­607 891 abonnés en début 2010 à un parc de 8­ 416 201 abonnés en fin 2015), Orange utilise l’inflation comme levier de croissance. Sa dernière augmentation de tarifs remonte au 28 Août 2015. De 2010 à 2015, les tarifs d’Orange sur la téléphonie mobile ont augmenté de 42% (de 1,40 frs la seconde en 2010 à 1,99 frs en 2015).

Ainsi Il apparait un gap abyssal entre d’une part, les consommateurs dont les besoins ne sont pas satisfaits, mais aussi des PME/PMI dont la croissance est ralentie par Sonatel/Orange et de l’autre des opérateurs, qui affichent une opulence ostentatoire. La croissance du secteur des télécommunications doit se faire au profit des consommateurs et non à leur détriment, donc cette situation ne saurait perdurer, il faut que cela cesse. L’Autorité doit prendre les mesures idoines afin de mettre fin à ce système de rente illégitime, nuisible au développement du Sénégal.

Solennellement, nous demandons ­à tous les citoyens qui le peuvent de se mobiliser pour obliger, par tous les moyens, les autorités sénégalaises à s’y atteler au plus vite pour sauver des rapines de Sonatel/Orange les millions d’abonnés que nous sommes et les milliers d’entreprises dont l’activité repose sur les télécommunications.

Soucieuse de faire avancer le combat crucial des droits des consommateurs dans l’univers numérique, l’ASUTIC a déjà porté plainte contre Sonatel/Orange pour hausse injustifiée de son tarif à la seconde depuis le mois de décembre 2015. Le suivi du dossier est fait pour une dilligence dans les plus brefs délais.

L'Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC au Sénégal (ASUTIC), face ­à la situation incompréhensible et inacceptable que vit le Peuple sénégalais dans le secteur des TIC,
·        Demande à l'ARTP de commanditer un audit de la comptabilité analytique de Sonatel /Orange afin que ses tarifs soient orientés vers ses coûts (Article 21 du DÉCRET n° 2011-265 du 23 février 2011 portant approbation du Cahier des Charges de Sonatel modifié)­;
·        Rappelle à l’ARTP les dispositions de l'article 14 et 15 de la loi 2011-1 du 24 Février 2011 portant Code des télécommunications et de l'article 23 du DÉCRET n° 2011-265 du 23 février 2011 portant approbation du Cahier des Charges de Sonatel modifié, qui lui font obligation d’encadrer les tarifs de Sonatel/Orange, si elle est déclarée opérateur en position dominante sur des segments de marché­;
·        Exige des Opérateurs l’arrêt de l’utilisation du terme « illimité » pour les offres ayant une limite volumétrique (temps d’appels, nombre mensuel maximum de SMS, etc.)­;
·        Lance un appel à témoignages sur son site Internet, pour que tous les consommateurs victimes des désagréments se signalent. Un observatoire des pratiques des opérateurs est mis en place permettant aux consommateurs rencontrant des difficultés avec leur opérateur de les signaler et de transmettre toutes pièces en relation avec leur démarche­;
·        Se réserve le droit de saisir les cours et tribunaux contre les opérateurs pour pratiques commerciales trompeuses.

Fait à Dakar, le 28 Février 2016
Le Président
Ndiaga Gueye
Courriel­: infos@asutic.org
Tél­: 77 307 18 18 / 70 785 85 85 / 76 650 63 63

 
Ndiaga Gueye, président Asutic


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