Tout d'abord, il faut savoir que la zone franc (Comores incluses) concerne 15 pays dont seulement 14 des 22 pays francophones d'Afrique subsaharienne. Parmi ces 15 pays, deux n'ont jamais été des colonies françaises, à savoir la Guinée-Bissau et la Guinée équatoriale qui ont librement choisi d'adhérer à cette monnaie unique bien après leur indépendance. De plus, les pays membres sont parfaitement libres de rester dans cet espace ou d'en sortir, comme l'ont déjà fait certains pays peu après leur indépendance, ou encore le Mali qui en était librement sorti en 1962 avant d'y adhérer de nouveau en 1984.
En plus de ces éléments qui ne sont presque jamais cités, d'autres faits partiellement ou totalement inexacts sont souvent mis en avant. Par exemple, on reproche au franc CFA d'être imprimé en France (ce qui est vrai), mais sans dire que le fait d'imprimer sa monnaie à l'étranger concerne 42 des 49 pays d'Afrique subsaharienne, comme la Guinée, ancienne colonie française qui la fait imprimer en Angleterre, et la Zambie, ancienne colonie britannique et qui la fait imprimer en France et en Allemagne. On lit souvent aussi que le franc CFA oblige les pays membres à emprunter auprès de marches financiers à des taux élevés, mais sans dire que c'est la même chose pour les autres pays africains, qui doivent même souvent payer des intérêts encore plus élevés vu qu'ils ne bénéficient pas, entre autres, de la réputation de stabilité que confère le franc CFA. Autre exemple, on présente régulièrement l'arrimage du franc CFA à une monnaie étrangère comme étant une anomalie à notre époque, mais sans dire que c'est également le cas d'environ 55 autres pays à travers le monde, dont certains sont développés.
Mais on reproche surtout à cette monnaie unique le fait qu'elle implique que les pays membres doivent déposer 50% de leurs réserves en devises auprès du Trésor français, en prétendant que cela les prive de la moitié de leur devises et que cela les empêche alors de se développer. S'il est vrai que les pays de la zone franc doivent déposer au moins 50% de leurs réserves en France, en tant que garantie afin que soit assurée la convertibilité illimitée du franc CFA, tout le reste de l'analyse est absolument incorrect.
Tout d'abord, il faut savoir que la partie des devises déposée en France a toujours déjà été préalablement réinjectée en équivalent franc CFA auprès des banques qui avaient reçu ces devises de la part des entreprises exportatrices. En plus de cela, il faut également et surtout savoir que tous les pays du monde disposant de leur propre monnaie mettent toujours de côté une partie importante de leurs réserves en devises, d'une part par sécurité en cas de coup dur, et d'autre part pour pouvoir agir sur le taux de change de leur monnaie. Ceci est donc valable pour tous les autres pays africains, et même pour les grands pays. A titre d'exemple, plus de 35% des réserves de change de la Chine étaient placées au Etats-Unis fin 2016, soit environ 1100 milliards de dollars placés sous forme de Bons du trésor américains (auxquels s'ajoutent d'autres milliards ailleurs dans le monde). Autre exemple, dans un registre légèrement différent, l'Allemagne vient d'annoncer que 52,1% de son stock d'or était placé à l'étranger fin 2016, dont les deux tiers auprès de la Banque centrale américaine. Celui qui prétendrait que les Etats-Unis ont donc « pillé » le tiers des réserves en devise ou en or de la Chine et de l'Allemagne pour les empêcher de se développer serait immédiatement traité d'ignorant.
Par conséquent, il est clair que si les pays ayant le franc CFA devaient choisir de le remplacer par leur propre monnaie, ou par une autre monnaie panafricaine, cela ne changerait absolument rien à ce niveau. Par ailleurs, ceux qui considèrent que la France s'enrichit grâce au franc CFA, ne disent jamais que le PIB total des pays de la zone franc (c'est-à-dire l'ensemble des richesses produites en un an, dont une partie seulement est exportée contre devises) ne représente encore que 5% du PIB de la France. Celle-ci rémunère d'ailleurs, et sous forme d'intérêts, les dépôts effectués auprès d'elle par les pays africains. Le seul point qui peut alors être soulevé est de savoir si cette rémunération est intéressante ou non par rapport à ce que rapporteraient d'autres placements. Mais tout en sachant alors que cela que cela ne porte, au final, que sur des sommes insignifiantes et qui, en plus, doivent être comparées aux avantages de cette monnaie unique. Parmi ces avantages, on peut notamment citer la plus grande solidité financière qui caractérise les pays concernés, ce qui leur a évité de dévaluer massivement leur monnaie et, à cette date, de recourir à l'aide financière d'organisations internationales. Et ce, à l'inverse de bien d'autres pays du continent dont la monnaie s'est effondrée ces deux dernières années, et qui ont de nouveau eu besoin d'emprunter massivement auprès du FMI ou de la Banque mondiale.
Enfin, et avant d'adopter une position définitive sur le franc CFA, frein ou non au développement des pays concernés, il convient de voir et de comparer les performances économiques. Or, ce sont justement le pays de la zone CFA qui réalisent globalement les meilleurs taux de croissance du continent, et même depuis les premières années de leur indépendance (hormis quelques périodes, notamment à la fin de la dernière décennie lorsque l'euro était excessivement fort par rapport au dollar). Ceci a justement permis à ces pays de rattraper le retard initial qui était le leur, car il ne faut pas oublier que le Royaume-Uni avait conquis les territoires les plus riches en ressources naturelles ainsi que les terres les plus fertiles d'Afrique subsaharienne.
Au passage, rappelons que la majorité des pays africains subsahariens n'ayant pas le franc CFA souffrent d'une dollarisation très poussée de leur économie, puisqu'une grande partie des transactions réalisées entre nationaux se font en dollars, par refus de la monnaie nationale. Ce qui rend illusoire leur souveraineté monétaire, et surprend bien des voyageurs européens ou maghrébins. Mais si le franc CFA a donc été objectivement une bonne chose sur les dernières décennies, il n'est en revanche pas certain qu'il en soit toujours ainsi, au fur et mesure du développement des pays concernés. Développement qui lui-même sera probablement assez hétérogène, et qui pourra alors conduire aux mêmes problèmes que connaissent actuellement de nombreux pays européens avec l'euro.
Pour terminer, c'est aux pays et aux peuples concernés par le franc CFA de décider souverainement de son avenir. Nous n'avons pas à faire de l'ingérence en la matière. Mais encore faut-il que les partisans et les opposants s'appuyant sur des données exactes, ce qui est souvent très loin d'être le cas. De plus, cela devrait se faire dans un climat serein, sans que soient systématiquement accusés les partisans de cette monnaie (plus nombreux qu'on ne le pense) d'être à la solde de la France. Car l'on pourrait également faire la même chose dans l'autre sens, en demandant à l'autre camp les raisons de son hostilité au franc CFA : est-ce par honnête intellectuelle et par souci de souveraineté, ou à cause d'éventuels liens directs ou indirects avec d'autres puissances cherchant à affaiblir la France dans la région ? Enfin, il est d'autant plus important de s'appuyer sur des éléments exacts que les données incorrectes circulant régulièrement sont souvent de nature à semer la haine contre la France, et plus globalement contre les pays du Nord, avec des conséquences parfois tragiques. A terme, ce genre de campagne de désinformation pourrait également concerner les pays du Maghreb au fur et à mesure de leur montée en puissance en Afrique subsaharienne.
Une chose demeure en tout cas certaine : avec l'émergence d'une jeune élite africaine au niveau d'instruction très élève, les pays africains de la zone CFA sont plus que jamais capables d'avoir et de gérer habilement leur propre monnaie nationale. A eux de peser le pour et le contre, sans aucune ingérence étrangère, d'où qu'elle vienne. Si certains devaient opter pour une monnaie nationale, ils pourront alors certainement s'appuyer, entre autres, sur l'expérience et l'expertise des pays du Maghreb.
En plus de ces éléments qui ne sont presque jamais cités, d'autres faits partiellement ou totalement inexacts sont souvent mis en avant. Par exemple, on reproche au franc CFA d'être imprimé en France (ce qui est vrai), mais sans dire que le fait d'imprimer sa monnaie à l'étranger concerne 42 des 49 pays d'Afrique subsaharienne, comme la Guinée, ancienne colonie française qui la fait imprimer en Angleterre, et la Zambie, ancienne colonie britannique et qui la fait imprimer en France et en Allemagne. On lit souvent aussi que le franc CFA oblige les pays membres à emprunter auprès de marches financiers à des taux élevés, mais sans dire que c'est la même chose pour les autres pays africains, qui doivent même souvent payer des intérêts encore plus élevés vu qu'ils ne bénéficient pas, entre autres, de la réputation de stabilité que confère le franc CFA. Autre exemple, on présente régulièrement l'arrimage du franc CFA à une monnaie étrangère comme étant une anomalie à notre époque, mais sans dire que c'est également le cas d'environ 55 autres pays à travers le monde, dont certains sont développés.
Mais on reproche surtout à cette monnaie unique le fait qu'elle implique que les pays membres doivent déposer 50% de leurs réserves en devises auprès du Trésor français, en prétendant que cela les prive de la moitié de leur devises et que cela les empêche alors de se développer. S'il est vrai que les pays de la zone franc doivent déposer au moins 50% de leurs réserves en France, en tant que garantie afin que soit assurée la convertibilité illimitée du franc CFA, tout le reste de l'analyse est absolument incorrect.
Tout d'abord, il faut savoir que la partie des devises déposée en France a toujours déjà été préalablement réinjectée en équivalent franc CFA auprès des banques qui avaient reçu ces devises de la part des entreprises exportatrices. En plus de cela, il faut également et surtout savoir que tous les pays du monde disposant de leur propre monnaie mettent toujours de côté une partie importante de leurs réserves en devises, d'une part par sécurité en cas de coup dur, et d'autre part pour pouvoir agir sur le taux de change de leur monnaie. Ceci est donc valable pour tous les autres pays africains, et même pour les grands pays. A titre d'exemple, plus de 35% des réserves de change de la Chine étaient placées au Etats-Unis fin 2016, soit environ 1100 milliards de dollars placés sous forme de Bons du trésor américains (auxquels s'ajoutent d'autres milliards ailleurs dans le monde). Autre exemple, dans un registre légèrement différent, l'Allemagne vient d'annoncer que 52,1% de son stock d'or était placé à l'étranger fin 2016, dont les deux tiers auprès de la Banque centrale américaine. Celui qui prétendrait que les Etats-Unis ont donc « pillé » le tiers des réserves en devise ou en or de la Chine et de l'Allemagne pour les empêcher de se développer serait immédiatement traité d'ignorant.
Par conséquent, il est clair que si les pays ayant le franc CFA devaient choisir de le remplacer par leur propre monnaie, ou par une autre monnaie panafricaine, cela ne changerait absolument rien à ce niveau. Par ailleurs, ceux qui considèrent que la France s'enrichit grâce au franc CFA, ne disent jamais que le PIB total des pays de la zone franc (c'est-à-dire l'ensemble des richesses produites en un an, dont une partie seulement est exportée contre devises) ne représente encore que 5% du PIB de la France. Celle-ci rémunère d'ailleurs, et sous forme d'intérêts, les dépôts effectués auprès d'elle par les pays africains. Le seul point qui peut alors être soulevé est de savoir si cette rémunération est intéressante ou non par rapport à ce que rapporteraient d'autres placements. Mais tout en sachant alors que cela que cela ne porte, au final, que sur des sommes insignifiantes et qui, en plus, doivent être comparées aux avantages de cette monnaie unique. Parmi ces avantages, on peut notamment citer la plus grande solidité financière qui caractérise les pays concernés, ce qui leur a évité de dévaluer massivement leur monnaie et, à cette date, de recourir à l'aide financière d'organisations internationales. Et ce, à l'inverse de bien d'autres pays du continent dont la monnaie s'est effondrée ces deux dernières années, et qui ont de nouveau eu besoin d'emprunter massivement auprès du FMI ou de la Banque mondiale.
Enfin, et avant d'adopter une position définitive sur le franc CFA, frein ou non au développement des pays concernés, il convient de voir et de comparer les performances économiques. Or, ce sont justement le pays de la zone CFA qui réalisent globalement les meilleurs taux de croissance du continent, et même depuis les premières années de leur indépendance (hormis quelques périodes, notamment à la fin de la dernière décennie lorsque l'euro était excessivement fort par rapport au dollar). Ceci a justement permis à ces pays de rattraper le retard initial qui était le leur, car il ne faut pas oublier que le Royaume-Uni avait conquis les territoires les plus riches en ressources naturelles ainsi que les terres les plus fertiles d'Afrique subsaharienne.
Au passage, rappelons que la majorité des pays africains subsahariens n'ayant pas le franc CFA souffrent d'une dollarisation très poussée de leur économie, puisqu'une grande partie des transactions réalisées entre nationaux se font en dollars, par refus de la monnaie nationale. Ce qui rend illusoire leur souveraineté monétaire, et surprend bien des voyageurs européens ou maghrébins. Mais si le franc CFA a donc été objectivement une bonne chose sur les dernières décennies, il n'est en revanche pas certain qu'il en soit toujours ainsi, au fur et mesure du développement des pays concernés. Développement qui lui-même sera probablement assez hétérogène, et qui pourra alors conduire aux mêmes problèmes que connaissent actuellement de nombreux pays européens avec l'euro.
Pour terminer, c'est aux pays et aux peuples concernés par le franc CFA de décider souverainement de son avenir. Nous n'avons pas à faire de l'ingérence en la matière. Mais encore faut-il que les partisans et les opposants s'appuyant sur des données exactes, ce qui est souvent très loin d'être le cas. De plus, cela devrait se faire dans un climat serein, sans que soient systématiquement accusés les partisans de cette monnaie (plus nombreux qu'on ne le pense) d'être à la solde de la France. Car l'on pourrait également faire la même chose dans l'autre sens, en demandant à l'autre camp les raisons de son hostilité au franc CFA : est-ce par honnête intellectuelle et par souci de souveraineté, ou à cause d'éventuels liens directs ou indirects avec d'autres puissances cherchant à affaiblir la France dans la région ? Enfin, il est d'autant plus important de s'appuyer sur des éléments exacts que les données incorrectes circulant régulièrement sont souvent de nature à semer la haine contre la France, et plus globalement contre les pays du Nord, avec des conséquences parfois tragiques. A terme, ce genre de campagne de désinformation pourrait également concerner les pays du Maghreb au fur et à mesure de leur montée en puissance en Afrique subsaharienne.
Une chose demeure en tout cas certaine : avec l'émergence d'une jeune élite africaine au niveau d'instruction très élève, les pays africains de la zone CFA sont plus que jamais capables d'avoir et de gérer habilement leur propre monnaie nationale. A eux de peser le pour et le contre, sans aucune ingérence étrangère, d'où qu'elle vienne. Si certains devaient opter pour une monnaie nationale, ils pourront alors certainement s'appuyer, entre autres, sur l'expérience et l'expertise des pays du Maghreb.