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La crise consécutive à la pandémie a creusé les inégalités et exacerbé les difficultés qui existaient déjà, des carences des systèmes de santé et de l’éducation aux conséquences du changement climatique, en passant par la stagnation des revenus, la montée des conflits et des violences, et les décisions d’emprunt inopportunes.Les retards dans le lancement des campagnes de vaccination dans les pays en développement aggravent les inégalités dans le monde et mettent en danger la vie de centaines de millions de personnes âgées ou vulnérables.
Au-delà du préjudice immédiat, la COVID-19 laissera des séquelles durables : enfants privés de leur scolarité, mais aussi des programmes de nutrition et de vaccination rattachés à l’école ; faillites d’entreprises et perte de compétences professionnelles ; amenuisement de l'épargne et des actifs ; et dette excessive qui plombe les investissements et limite les dépenses sociales urgentes.
La Banque mondiale s'est mobilisée rapidement pour aider les pays à faire face, selon une approche en trois temps : 1) en soutenant dès le début de la crise des programmes sanitaires d’urgence au profit de plus de 100 pays ; 2) en finalisant, dès la fin de 2020, des évaluations de l’état de préparation de plus de 140 pays au déploiement des vaccins ; et 3) en finançant l’achat et le déploiement des vaccins anti-COVID, avec des projets qui atteindront au moins 4 milliards de dollars d’engagements en faveur de 50 pays d’ici au milieu de l’année. La Société financière internationale (IFC), notre branche dédiée au développement du secteur privé, s'efforce de son côté d’accroître l'approvisionnement en vaccins et en équipements médicaux essentiels.
Investir dans la généralisation de l’accès aux vaccins est le meilleur moyen de consolider la reprise, et j’ai à maintes reprises exhorté les pays possédant des stocks de doses suffisants à en faire bénéficier le plus vite possible les pays en développement qui disposent de plans de vaccination.
En plus des programmes de vaccination, nous nous efforçons d’orienter nos financements et notre expertise vers des projets qui permettront de protéger des vies et des moyens de subsistance tout en favorisant un développement vert, résilient et inclusif. Le monde en développement a besoin d’une croissance large et durable, suffisamment soutenue pour extraire des millions de familles de la pauvreté, tout en intégrant les enjeux du développement et du climat.
Afin d'aider les pays à réaliser leurs objectifs climatiques, le Groupe de la Banque mondiale va mobiliser au moins 35 % de ses financements au cours des cinq prochaines années — soit un montant total de 100 milliards de dollars — pour appuyer l’investissement climatique dans les pays en développement. Mais ce ne sont pas tant les sommes dépensées que les résultats qui comptent. Pour répondre aux besoins existants, nos financements seront en partie consacrés à des efforts d'atténuation à fort impact qui viseront à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) en mettant l’accent sur les secteurs les plus émetteurs. Et parce qu’il faut se tourner vers l’avenir, nous consacrerons au moins la moitié de nos financements pour le climat à des mesures d'adaptation à fort impact, afin d’aider les pays à se préparer aux effets délétères des dérèglements climatiques. L’importance accordée à l'adaptation prend acte du fait que le changement climatique frappe plus durement les pays les plus pauvres, alors même qu’ils ne sont à l’origine que d’une part minime des émissions de GES. Dans l'immédiat, il s'agira notamment d’accompagner les pays dans la mise en œuvre de leurs contributions déterminées au niveau national et leurs plans de développement décarboné à long terme. Les approches adoptées pour se conformer à l'accord de Paris varient considérablement en fonction des pays, et il est important que leur action climatique produise un impact maximal tant sur le plan des émissions que de l’adaptation.
Les inégalités mondiales se creusent d’autant plus que les pays pauvres sont nombreux à connaître des niveaux d’endettement record et à payer des taux d’intérêt élevés, contrairement aux économies avancées, qui bénéficient de taux proches de zéro. Avant même la pandémie, la moitié des pays à faible revenu étaient déjà surendettés ou au bord du surendettement. À la suite de l'explosion de la COVID, j’ai appelé de mes vœux un allègement de la dette pour les pays les plus pauvres, en préconisant, pour commencer, un moratoire immédiat sur le service de la dette. L’Initiative de suspension du service de la dette mise en place par le G20 a permis à 43 pays de différer le paiement de près de 5,7 milliards de dollars au total entre mai et décembre 2020, auquel pourrait s’ajouter un montant supplémentaire de 7,3 milliards de dollars au premier semestre de 2021. Les niveaux d’allègement ont cependant été inférieurs aux anticipations, notamment en raison du fait que tous les créanciers n’ont pas participé à l’initiative. Ce qui signifie que des créanciers ont, pendant la crise, continué de percevoir des milliards de dollars en remboursements de capital et paiements des intérêts. En outre, au terme de la période de moratoire, qui s'achèvera en décembre 2021, les pays débiteurs seront redevables des paiements suspendus et des intérêts.
Au mois d’avril, le G20 a annoncé l’adoption d’un cadre commun sous l’égide duquel les pays confrontés à une dette publique non soutenable pourraient parvenir à des niveaux d’endettement modérés. En collaboration avec le FMI, nous apportons notre soutien à la mise en œuvre de ce cadre. Un grand nombre des accords de prêt conclus ces dernières années comportent cependant des dispositions qui rendent difficiles les efforts d'analyse et de restructuration : collatéralisation, clauses de non-divulgation ou atteintes au principe du traitement comparable de tous les créanciers. L’histoire nous montre que les pays incapables de se décharger du fardeau de leur dette ne se développent pas ni ne parviennent à réduire durablement la pauvreté.
Les écarts dans les mesures de relance budgétaire et monétaire constituent également un amplificateur des inégalités, au sein et entre les pays. Les mesures de relance budgétaire et de soutien mises en place dans le contexte de la pandémie se concentrent dans les économies avancées, tandis que les populations des pays en développement ne bénéficient pas de tels efforts. En témoigne la flambée des prix tirée par la demande dans les économies avancées, alors même qu’un grand nombre de pauvres dans le monde souffrent d'insécurité alimentaire. Le déséquilibre mondial est encore plus grand en matière monétaire : les programmes d'achat d’obligations par les banques centrales et les politiques de régulation du crédit orientent les ressources uniquement vers les institutions les plus sûres et les plus avancées, au détriment des autres emprunteurs.
Notre réponse collective face à la pauvreté, aux inégalités et au changement climatique déterminera les choix de notre temps. Les défis sont immenses et leur résolution appelle de nouvelles approches, dans les pays en développement comme dans les économies avancées. Le Groupe de la Banque mondiale s’attache à aider les pays à opérer des changements constructifs et à instaurer un développement durable dans toutes les activités qu’il mène en collaboration avec les secteurs public et privé au service de sa mission fondamentale : réduire la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.
Auteur: David Malpass est le président du Groupe de la Banque mondiale.
Si vous souhaitez apporter votre contribution, veuillez nous contacter à l'adresse suivante equonet@gmail.com
La crise consécutive à la pandémie a creusé les inégalités et exacerbé les difficultés qui existaient déjà, des carences des systèmes de santé et de l’éducation aux conséquences du changement climatique, en passant par la stagnation des revenus, la montée des conflits et des violences, et les décisions d’emprunt inopportunes.Les retards dans le lancement des campagnes de vaccination dans les pays en développement aggravent les inégalités dans le monde et mettent en danger la vie de centaines de millions de personnes âgées ou vulnérables.
Au-delà du préjudice immédiat, la COVID-19 laissera des séquelles durables : enfants privés de leur scolarité, mais aussi des programmes de nutrition et de vaccination rattachés à l’école ; faillites d’entreprises et perte de compétences professionnelles ; amenuisement de l'épargne et des actifs ; et dette excessive qui plombe les investissements et limite les dépenses sociales urgentes.
La Banque mondiale s'est mobilisée rapidement pour aider les pays à faire face, selon une approche en trois temps : 1) en soutenant dès le début de la crise des programmes sanitaires d’urgence au profit de plus de 100 pays ; 2) en finalisant, dès la fin de 2020, des évaluations de l’état de préparation de plus de 140 pays au déploiement des vaccins ; et 3) en finançant l’achat et le déploiement des vaccins anti-COVID, avec des projets qui atteindront au moins 4 milliards de dollars d’engagements en faveur de 50 pays d’ici au milieu de l’année. La Société financière internationale (IFC), notre branche dédiée au développement du secteur privé, s'efforce de son côté d’accroître l'approvisionnement en vaccins et en équipements médicaux essentiels.
Investir dans la généralisation de l’accès aux vaccins est le meilleur moyen de consolider la reprise, et j’ai à maintes reprises exhorté les pays possédant des stocks de doses suffisants à en faire bénéficier le plus vite possible les pays en développement qui disposent de plans de vaccination.
En plus des programmes de vaccination, nous nous efforçons d’orienter nos financements et notre expertise vers des projets qui permettront de protéger des vies et des moyens de subsistance tout en favorisant un développement vert, résilient et inclusif. Le monde en développement a besoin d’une croissance large et durable, suffisamment soutenue pour extraire des millions de familles de la pauvreté, tout en intégrant les enjeux du développement et du climat.
Afin d'aider les pays à réaliser leurs objectifs climatiques, le Groupe de la Banque mondiale va mobiliser au moins 35 % de ses financements au cours des cinq prochaines années — soit un montant total de 100 milliards de dollars — pour appuyer l’investissement climatique dans les pays en développement. Mais ce ne sont pas tant les sommes dépensées que les résultats qui comptent. Pour répondre aux besoins existants, nos financements seront en partie consacrés à des efforts d'atténuation à fort impact qui viseront à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) en mettant l’accent sur les secteurs les plus émetteurs. Et parce qu’il faut se tourner vers l’avenir, nous consacrerons au moins la moitié de nos financements pour le climat à des mesures d'adaptation à fort impact, afin d’aider les pays à se préparer aux effets délétères des dérèglements climatiques. L’importance accordée à l'adaptation prend acte du fait que le changement climatique frappe plus durement les pays les plus pauvres, alors même qu’ils ne sont à l’origine que d’une part minime des émissions de GES. Dans l'immédiat, il s'agira notamment d’accompagner les pays dans la mise en œuvre de leurs contributions déterminées au niveau national et leurs plans de développement décarboné à long terme. Les approches adoptées pour se conformer à l'accord de Paris varient considérablement en fonction des pays, et il est important que leur action climatique produise un impact maximal tant sur le plan des émissions que de l’adaptation.
Les inégalités mondiales se creusent d’autant plus que les pays pauvres sont nombreux à connaître des niveaux d’endettement record et à payer des taux d’intérêt élevés, contrairement aux économies avancées, qui bénéficient de taux proches de zéro. Avant même la pandémie, la moitié des pays à faible revenu étaient déjà surendettés ou au bord du surendettement. À la suite de l'explosion de la COVID, j’ai appelé de mes vœux un allègement de la dette pour les pays les plus pauvres, en préconisant, pour commencer, un moratoire immédiat sur le service de la dette. L’Initiative de suspension du service de la dette mise en place par le G20 a permis à 43 pays de différer le paiement de près de 5,7 milliards de dollars au total entre mai et décembre 2020, auquel pourrait s’ajouter un montant supplémentaire de 7,3 milliards de dollars au premier semestre de 2021. Les niveaux d’allègement ont cependant été inférieurs aux anticipations, notamment en raison du fait que tous les créanciers n’ont pas participé à l’initiative. Ce qui signifie que des créanciers ont, pendant la crise, continué de percevoir des milliards de dollars en remboursements de capital et paiements des intérêts. En outre, au terme de la période de moratoire, qui s'achèvera en décembre 2021, les pays débiteurs seront redevables des paiements suspendus et des intérêts.
Au mois d’avril, le G20 a annoncé l’adoption d’un cadre commun sous l’égide duquel les pays confrontés à une dette publique non soutenable pourraient parvenir à des niveaux d’endettement modérés. En collaboration avec le FMI, nous apportons notre soutien à la mise en œuvre de ce cadre. Un grand nombre des accords de prêt conclus ces dernières années comportent cependant des dispositions qui rendent difficiles les efforts d'analyse et de restructuration : collatéralisation, clauses de non-divulgation ou atteintes au principe du traitement comparable de tous les créanciers. L’histoire nous montre que les pays incapables de se décharger du fardeau de leur dette ne se développent pas ni ne parviennent à réduire durablement la pauvreté.
Les écarts dans les mesures de relance budgétaire et monétaire constituent également un amplificateur des inégalités, au sein et entre les pays. Les mesures de relance budgétaire et de soutien mises en place dans le contexte de la pandémie se concentrent dans les économies avancées, tandis que les populations des pays en développement ne bénéficient pas de tels efforts. En témoigne la flambée des prix tirée par la demande dans les économies avancées, alors même qu’un grand nombre de pauvres dans le monde souffrent d'insécurité alimentaire. Le déséquilibre mondial est encore plus grand en matière monétaire : les programmes d'achat d’obligations par les banques centrales et les politiques de régulation du crédit orientent les ressources uniquement vers les institutions les plus sûres et les plus avancées, au détriment des autres emprunteurs.
Notre réponse collective face à la pauvreté, aux inégalités et au changement climatique déterminera les choix de notre temps. Les défis sont immenses et leur résolution appelle de nouvelles approches, dans les pays en développement comme dans les économies avancées. Le Groupe de la Banque mondiale s’attache à aider les pays à opérer des changements constructifs et à instaurer un développement durable dans toutes les activités qu’il mène en collaboration avec les secteurs public et privé au service de sa mission fondamentale : réduire la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.
Auteur: David Malpass est le président du Groupe de la Banque mondiale.
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