La conférence «Nourrir l’Afrique» : adoption d’un plan pour la transformation de l’agriculture africaine.


Rédigé le 24 Octobre 2015 à 19:47 | 0 commentaire(s) modifié le 27 Octobre 2015 19:42


Ecofinance.sn (Dakar) - La conférence de Dakar «Nourrir l’Afrique» a débouché, vendredi 23 octobre 2015, sur l’adoption d’un programme d’action des partenariats d’envergure, au terme de trois jours de travaux sur la transformation de l’agriculture africaine. Objectif : transformer l’agriculture africaine en une véritable agro-industrie.


Dr Adésina

«Cette conférence a créé les synergies nécessaires pour des partenariats efficaces qui nous permettent d’atteindre notre objectif de nourrir l’Afrique», a déclaré le président de la Banque africaine de développement (Bad), Akinwumi Adesina, lors de la cérémonie de clôture. «Nous pouvons le faire et nous le ferons ! Nous nourrirons l’Afrique, nous nourrirons le monde».

Parmi les décisions prises par les ministres de l’Agriculture, les ministres des Finances et les gouverneurs de banque centrale réunis à cette conférence, figure celle de multiplier les programmes de nutrition à travers l’Afrique, afin de mettre fin à la malnutrition et à la faim sur le continent.

Le plan, a expliqué M. Adesina, prévoit d’établir un partenariat stratégique avec l’initiative «Nourrir l’avenir» (Feed the Future) du président américain Obama, l’initiative «Grow Africa» du Forum économique mondial, l’organisation «Big Win Philanthropy», la Fao, l’initiative «Renforcer la Nutrition», le Programme alimentaire mondial, la Fondation Bill et Melinda Gates, le groupe mondial sur l’agriculture et les systèmes alimentaires pour la nutrition, ainsi qu’avec le secteur privé en général, en vue de lancer des approches innovantes en matière de lutte contre la malnutrition.

 

La conférence a également approuvé une liste d’organisations pour mener les initiatives destinées à améliorer la productivité agricole à travers le continent, en étroite collaboration avec la Bad, la Banque mondiale (Bm) et les partenaires au développement : le Forum pour la recherche agricole en Afrique, le groupe consultatif sur la recherche agricole internationale, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique et des organismes nationaux de recherche agricole.

Par ailleurs, la Bad, la Commission de l’Union africaine/le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, la Bm, le Fonds international pour le développement agricole et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel collaboreront de près avec d’autres partenaires au développement de zones d’industries agro-alimentaires et de corridors agricoles.

L’objectif est d’accélérer les investissements dans les infrastructures intégrées pour améliorer la compétitivité des entreprises africaines de transformation et la valeur ajoutée des produits agricoles.


Une facilité africaine de partage des risques agricoles en vue

L'agriculture africaine peut nourir l'Afrique.

D’autres plans d’action prévoient d’augmenter substantiellement les financements commerciaux dans l’agriculture, grâce à la mise en place d’une Facilité africaine de partage des risques agricoles.

«La Bad travaillera avec ses partenaires pour mobiliser 3 milliards de dollars EU de financements en faveur des femmes agricultrices, ainsi que des agro-industries et des autres entreprises appartenant à des femmes», a annoncé son président. Et de préciser : «La mobilisation de ces fonds passera par la création d’une facilité de 300 millions de dollars EU, destinée à réduire les risques des entreprises appartenant à des femmes vis-à-vis des banques commerciales et des institutions de microfinance.»

 


Tripler les financements climatiques à l’horizon 2020

La Bad entend également tripler ses financements climatiques à l’horizon 2020, les portant à 5 milliards de dollars EU par an, en collaborant étroitement avec l’Union africaine, la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et le G7, afin de mettre sur pied l’Initiative pour les énergies renouvelables en Afrique.

 

De plus, la Banque aidera les pays africains à accéder à la Capacité africaine de gestion des risques, afin qu’ils puissent mieux gérer les risques de catastrophes naturelles liés aux changements climatiques.

 

Le plan stipule également que les banques centrales africaines réserveront des fonds spéciaux qui permettront aux exploitants agricoles d’accéder à des crédits à des taux d’intérêt réduits et à des prêts agricoles de longue échéance.


Vers des obligations diaspora dédiées à l’agro-industrie

La Bad prévoit d’émettre des obligations diaspora dédiées à l’agro-industrie pour titriser les flux de transferts de fonds de la diaspora vers l’agriculture et l’industrie agroalimentaire en Afrique.

Elle accélérera également le financement de l’agriculture et du secteur de l’agroalimentaire en recourant à des fonds privés de capital-investissement.

Elle fera appel à des fonds souverains et à des fonds de pension, pour répondre aux besoins de financement à long terme du secteur agricole, pour développer notamment les infrastructures cruciales.

En outre, la Bad encouragera  les banques de développement agricole à devenir plus fonctionnelles. Elle intensifiera la pratique du financement de récépissés d’entrepôt, la création de bourses de marchandises et de bourses régionales de produits agricoles de base en particulier.

Enfin, la Banque intensifiera son aide aux jeunes africains pour qu’ils acquièrent les compétences agricoles et établira une facilité de financement agricole qui leur sera dédiée, afin d’aider les jeunes agriculteurs commerciaux ainsi que tous les jeunes désireux de s’engager dans l’agriculture.

«Il s’agit là de décisions audacieuses, a souligné le président de la Bad. Et ce sont des décisions audacieuses qu’il nous faut, pas moins, pour transformer le secteur agricole de l’Afrique et libérer son fantastique potentiel. 

Nous devons quitter ces lieux avec le ferme engagement d’accélérer la mise en œuvre des actions liées à ces domaines. Nous devons agir et agir avec un sentiment d’urgence.»

Au cours de la conférence, Kfw, la Banque allemande de développement, et Cellulant, une société panafricaine de téléphonie et de paiements mobiles basée à Nairobi, ont annoncé avoir conclu un accord de collaboration élargi, visant à faire progresser le programme de transformation agricole à travers le continent africain ; ce, en collaboration avec la Bad.

Papa Souleymane Seck


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