« L’Afrique tient dans la main la clé pour nourrir les neuf milliards de personnes que comptera cette planète d’ici à 2050 », a affirmé lundi dernier à Des Moines, aux Etats-Unis, Akinwumi Adesina,
président de la Banque africaine de développement et lauréat 2017 du Prix mondial de l’alimentation, lors de sa conférence Norman Borlaug prononcée à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation. Le lauréat a également demandé la mise en place d’un impôt foncier sur les terres agricoles non exploitées ou sous-exploitées afin d’inciter à une commercialisation plus rapide des produits agricoles et de libérer tout le potentiel agricole en Afrique. S’exprimant lors d’une session intitulée « Parier sur l’Afrique pour nourrir la planète », organisée lundi dernier devant un auditoire international averti à
l’université de l’État de l’Iowa, à Des Moines, Akinwumi Adesina a expliqué pourquoi, plus que jamais, le monde devait aider l’Afrique à moderniser rapidement son agriculture et à libérer tout son potentiel.
« L’Afrique possède 65 % des terres arables non exploitées de la planète. C’est donc l’agriculture africaine qui déterminera l’avenir de l’alimentation dans le monde », a-t-il précisé.
Et le lauréat 2017 du Prix mondial de l’alimentation d’ajouter : « les agriculteurs africains ont besoin de bien plus qu’une main secourable. Pour eux, l’urgence majeure est d’obtenir un renouvellement des
politiques ». Il a également souligné l’ampleur des défis posés par la sécurité alimentaire en Afrique où près de 300 millions de personnes sont sous-alimentées. « Il s’agit aussi, a argumenté M. Adesina, de la
seule région du monde où la part de la population confrontée à l’insécurité alimentaire a progressé ».
Le président de la Bad a saisi cette occasion pour rendre un vibrant hommage à Norman Borlaug, à qui cette série de conférences doit son nom, et a rappelé que pour cette éminente personnalité, aujourd’hui
disparue, l’Afrique représentait l’ultime frontière en matière d’agriculture. Norman Borlaug, fondateur du Prix mondial de l’alimentation, avait reçu en 1970 le prix Nobel de la paix pour les efforts qu’il avait
menés, durant toute sa vie, pour nourrir la planète. Akinwumi Adesina a estimé que, malgré les progrès obtenus au niveau mondial en matière de production alimentaire (notamment en Afrique, en Amérique latine et en Asie), 700 millions de personnes vivent toujours, sur la planète, dans une extrême pauvreté. « 800 millions de personnes, a-t-il insisté, souffrent de famine chronique, 2 milliards de carence en
micronutriments et 150 millions d’enfants de moins de cinq ans sont atteints de retard de croissance ». Selon lui, relever l’immense défi de nourrir la planète, dont la population atteindra 9 milliards de
personnes d’ici à 2050, passera inéluctablement par une augmentation rapide de la production agricole mondiale, de la production d’aliments et de bio-nutriments. « Si M. Borlaug a pu nourrir à lui seul un milliard de personnes, nous pouvons sans aucun doute en nourrir 800 millions au niveau mondial et
nous pouvons certainement nourrir 300 millions d’Africains. M. Borlaug serait déçu si nous n’y parvenons pas, avec toutes les technologies et les innovations à notre disposition, de la révolution génétique à la révolution des technologies de l’information et de la communication. Nous ne pourrions pas le regarder en face en lui disant que nous n’y sommes pas parvenus ». Akinwumi Adesina a vigoureusement dénoncé la situation actuelle où l’Afrique dépense chaque année 35 milliards de dollars EU dans l’importation de produits alimentaires, la jugeant inacceptable. Selon ses estimations, si la tendance actuelle se poursuit, l’Afrique devrait dépenser d’ici à 2030 près de 110 milliards de dollars EU dans l’importation de produits alimentaires. « Il n’y a donc absolument aucune raison, a-t-il regretté, pour que l’Afrique soit une région importatrice de produits alimentaires. Notre continent possède un potentiel énorme en matière d’agriculture mais, comme le disait M. Borlaug, le potentiel ne se mange pas ! »
Libérer ce potentiel doit commencer par les savanes africaines, qui s’étendent sur « 600 millions d’hectares – un chiffre ahurissant ! –, dont 400 millions sont cultivables », a affirmé Akinwumi Adesina.
« Les savanes africaines, a-t-il déclaré, sont meilleures que les savanes brésiliennes parce que leurs sols ne sont pas acides. Elles n’ont, par conséquent, pas besoin d’apport en fertilisants, ce qui a
dû être fait à grande échelle au Brésil. » Mécaniser l’agriculture Il a encore insisté sur l’apport des technologies, des innovations, de la recherche et du développement, de la mécanisation, de la
modernisation de l’agriculture, des politiques d’aide ainsi que des investissements considérables dans les infrastructures dans la transformation des savanes brésiliennes et nord-thaïlandaises en lieux
de référence de l’industrie alimentaire.
Pour transformer son agriculture, l’Afrique doit prendre la décision de créer de nouveaux systèmes agraires, des systèmes qui permettent d’intégrer à la fois des petits exploitants et une nouvelle génération dynamique d’agro entrepreneurs familiaux et industriels.
Le lauréat 2017 du Prix mondial de l’alimentation a également plaidé en faveur d’une nouvelle politique foncière afin de favoriser un meilleur accès aux terres pour les petits exploitants et leurs
communautés et de mieux garantir leurs droits fonciers. « Une des toutes premières priorités doit être de mécaniser l’agriculture en Afrique », a-t-il encore martelé.
Plus de 1 200 participants venant de près de 65 pays discuteront de problématiques majeures liées à la sécurité alimentaire et à la nutrition mondiales au Symposium international du dialogue de Borlaug, du 18 au 20 octobre 2017.
président de la Banque africaine de développement et lauréat 2017 du Prix mondial de l’alimentation, lors de sa conférence Norman Borlaug prononcée à l’occasion de la Journée mondiale de l’alimentation. Le lauréat a également demandé la mise en place d’un impôt foncier sur les terres agricoles non exploitées ou sous-exploitées afin d’inciter à une commercialisation plus rapide des produits agricoles et de libérer tout le potentiel agricole en Afrique. S’exprimant lors d’une session intitulée « Parier sur l’Afrique pour nourrir la planète », organisée lundi dernier devant un auditoire international averti à
l’université de l’État de l’Iowa, à Des Moines, Akinwumi Adesina a expliqué pourquoi, plus que jamais, le monde devait aider l’Afrique à moderniser rapidement son agriculture et à libérer tout son potentiel.
« L’Afrique possède 65 % des terres arables non exploitées de la planète. C’est donc l’agriculture africaine qui déterminera l’avenir de l’alimentation dans le monde », a-t-il précisé.
Et le lauréat 2017 du Prix mondial de l’alimentation d’ajouter : « les agriculteurs africains ont besoin de bien plus qu’une main secourable. Pour eux, l’urgence majeure est d’obtenir un renouvellement des
politiques ». Il a également souligné l’ampleur des défis posés par la sécurité alimentaire en Afrique où près de 300 millions de personnes sont sous-alimentées. « Il s’agit aussi, a argumenté M. Adesina, de la
seule région du monde où la part de la population confrontée à l’insécurité alimentaire a progressé ».
Le président de la Bad a saisi cette occasion pour rendre un vibrant hommage à Norman Borlaug, à qui cette série de conférences doit son nom, et a rappelé que pour cette éminente personnalité, aujourd’hui
disparue, l’Afrique représentait l’ultime frontière en matière d’agriculture. Norman Borlaug, fondateur du Prix mondial de l’alimentation, avait reçu en 1970 le prix Nobel de la paix pour les efforts qu’il avait
menés, durant toute sa vie, pour nourrir la planète. Akinwumi Adesina a estimé que, malgré les progrès obtenus au niveau mondial en matière de production alimentaire (notamment en Afrique, en Amérique latine et en Asie), 700 millions de personnes vivent toujours, sur la planète, dans une extrême pauvreté. « 800 millions de personnes, a-t-il insisté, souffrent de famine chronique, 2 milliards de carence en
micronutriments et 150 millions d’enfants de moins de cinq ans sont atteints de retard de croissance ». Selon lui, relever l’immense défi de nourrir la planète, dont la population atteindra 9 milliards de
personnes d’ici à 2050, passera inéluctablement par une augmentation rapide de la production agricole mondiale, de la production d’aliments et de bio-nutriments. « Si M. Borlaug a pu nourrir à lui seul un milliard de personnes, nous pouvons sans aucun doute en nourrir 800 millions au niveau mondial et
nous pouvons certainement nourrir 300 millions d’Africains. M. Borlaug serait déçu si nous n’y parvenons pas, avec toutes les technologies et les innovations à notre disposition, de la révolution génétique à la révolution des technologies de l’information et de la communication. Nous ne pourrions pas le regarder en face en lui disant que nous n’y sommes pas parvenus ». Akinwumi Adesina a vigoureusement dénoncé la situation actuelle où l’Afrique dépense chaque année 35 milliards de dollars EU dans l’importation de produits alimentaires, la jugeant inacceptable. Selon ses estimations, si la tendance actuelle se poursuit, l’Afrique devrait dépenser d’ici à 2030 près de 110 milliards de dollars EU dans l’importation de produits alimentaires. « Il n’y a donc absolument aucune raison, a-t-il regretté, pour que l’Afrique soit une région importatrice de produits alimentaires. Notre continent possède un potentiel énorme en matière d’agriculture mais, comme le disait M. Borlaug, le potentiel ne se mange pas ! »
Libérer ce potentiel doit commencer par les savanes africaines, qui s’étendent sur « 600 millions d’hectares – un chiffre ahurissant ! –, dont 400 millions sont cultivables », a affirmé Akinwumi Adesina.
« Les savanes africaines, a-t-il déclaré, sont meilleures que les savanes brésiliennes parce que leurs sols ne sont pas acides. Elles n’ont, par conséquent, pas besoin d’apport en fertilisants, ce qui a
dû être fait à grande échelle au Brésil. » Mécaniser l’agriculture Il a encore insisté sur l’apport des technologies, des innovations, de la recherche et du développement, de la mécanisation, de la
modernisation de l’agriculture, des politiques d’aide ainsi que des investissements considérables dans les infrastructures dans la transformation des savanes brésiliennes et nord-thaïlandaises en lieux
de référence de l’industrie alimentaire.
Pour transformer son agriculture, l’Afrique doit prendre la décision de créer de nouveaux systèmes agraires, des systèmes qui permettent d’intégrer à la fois des petits exploitants et une nouvelle génération dynamique d’agro entrepreneurs familiaux et industriels.
Le lauréat 2017 du Prix mondial de l’alimentation a également plaidé en faveur d’une nouvelle politique foncière afin de favoriser un meilleur accès aux terres pour les petits exploitants et leurs
communautés et de mieux garantir leurs droits fonciers. « Une des toutes premières priorités doit être de mécaniser l’agriculture en Afrique », a-t-il encore martelé.
Plus de 1 200 participants venant de près de 65 pays discuteront de problématiques majeures liées à la sécurité alimentaire et à la nutrition mondiales au Symposium international du dialogue de Borlaug, du 18 au 20 octobre 2017.